Les vaches nourrices assurent le premier vêlage à deux ans
Anne Quinquis et Alain Normant ont fait le choix d’un système laitier biologique tout herbe avec des vêlages très groupés de printemps. La pression est forte sur les résultats de reproduction et l’âge au premier vêlage. Les vaches nourrices se sont imposées comme facteur de réussite pour élever des génisses sans distribution de concentrés.

Anne Quinquis et Alain Normant produisent autour de 220 000 litres de lait biologique par an à Mahalon (Sud Finistère) sur 70 ha en zone sèche. En 2009, un voyage en Angleterre a coïncidé avec la conversion à l’agriculture biologique et permis de préciser la stratégie pour l’exploitation : produire du lait à l’herbe sans concentrés en profitant de la pousse de printemps. Les changements ont été nombreux : monotraite toute l’année, croisement de races, vêlages très groupés avec fermeture de la salle de traite et vaches nourrices.
"En Angleterre, sur des grands troupeaux, nous avions échangé sur des solutions techniques pour gérer la forte saisonnalité du travail, en particulier l’afflux de veaux sur une courte période. Matt Boley, un éleveur gallois avec 350 vaches, avait comparé les croissances de 40 génisses sous nourrices avec celles de 40 génisses élevées au milk-bar. Bilan : 40 kg de croissance en plus à 6 mois. Ces résultats nous ont donné envie d’expérimenter à notre tour".
Actuellement, la salle de traite est fermée au moins deux mois en janvier et février. Puis arrivent le pic des naissances avec 60 veaux nés en mars pour 80 vêlages. 15 femelles sont gardées pour un taux de renouvellement autour de 20 %. La pointe de travail est un peu absorbée par les vaches nourrices. Au fur et à mesure des naissances, les veaux sont tous logés ensemble dans la stabulation des vaches. Des tétées sont organisées matin et soir quand les vaches sélectionnées pour être nourrices rentrent du pâturage. Quand les adoptions sont bien en place et que les conditions climatiques sont bonnes, les nourrices et les petites génisses sortent au pâturage. "C’est la partie la plus agréable du travail. Il faut surveiller régulièrement le troupeau et assurer un pâturage tournant de qualité pour éviter un trop fort amaigrissement des vaches". Alors que d’habitude, les problèmes sanitaires sont quasiment inexistants sur les veaux, cette année, des diarrhées à rotavirus pendant la période en bâtiment ont entrainé une surmortalité passant de 3 % à 10 %. Le grand air et la mise à l’herbe ont réglé ces problèmes. "Nos génisses apprennent très tôt à pâturer en imitant les nourrices, elles s’immunisent progressivement et ont une croissance suffisante pour vêler à deux ans. C’est une clé importante dans notre système !"
L'exploitation en chiffres
• 2 UTH
• 80 vaches croisées,
• 20 % de renouvellement,
• 220 000 litres de lait vendus
• 70 ha tout herbe
• 539 € de marge brute/1000L
" Notre objectif est d’avoir un système durable et respectueux de l’environnement tout en dégageant une bonne efficacité économique".