ŒUFS / Un marché à deux vitesses
La filière œufs a vécu une année très disparate. L’œuf coquille a été plébiscité par les ménages, notamment celui issu des modes de production alternatifs. En revanche, les ovoproduits ont souffert en raison d’un débouché de la restauration hors domicile à la peine. La pandémie de Covid-19 a soumis l’interprofession de l’œuf, tout récemment élargie au commerce, à l’épreuve du feu ! Le pari est réussi pour cette filière qui a montré sa résilience face à la crise.

- 15 % pour la cotation de l’œuf industrie en 2020 comparé à 2019
En 2020, le marché de l’œuf a divergé selon les débouchés. D’un côté, l’œuf calibré a connu une explosion de la demande lors du premier confinement, ce qui s’est traduit par des cotations d’un niveau soutenu au printemps. Puis, la hausse saisonnière de la rentrée de septembre s’est avérée de courte durée et de faible intensité. La cotation annuelle moyenne de l’œuf calibré M s’en retrouve impactée : 6,86 € les 100 œufs, en repli de 2,3 % sur un an. D’un autre côté, la fermeture de la restauration hors domicile a freiné brusquement les demandes en œufs industrie. Les cours ont chuté dès le mois de mars pour rester ensuite à des niveaux bas toute l’année. La cotation moyenne de l’œuf industrie atteint donc les 0,69 €/kg en 2020.
+ 26 % d’œufs alternatifs produits en France en 2020 comparé à 2019
Avec 14,5 milliards d’œufs produits en 2020, la production française d’œufs de consommation augmente de 6,5 % en un an, sans toutefois atteindre la production record de 15 milliards d’œufs en 2018. La transition vers l’alternatif est engagée pour l’ensemble de la production française. De 31 % en 2017, la production alternative représente désormais 48 % de la production française. Les filières bio, plein air et sol sont très dynamiques avec des hausses de production respectives de 31,3 %, 14,9 % et 42,7 % sur un an. La Bretagne participe activement à cet engouement, notamment pour le bio : en 2019, 28,9 % des poules pondeuses françaises bio sont en Bretagne. En revanche, l’œuf cage continue son repli avec une baisse annuelle de 6,7 % au niveau national.
Actualités de la filière
À RETENIR DE 2020
Deux mille vingt était la première année de fonctionnement de l’interprofession de l’œuf (CNPO) dans un format élargi au commerce. La pandémie de Covid-19 a rapidement montré tout l’intérêt de cette nouvelle organisation. Les centres de conditionnement ont dû faire face à une augmentation de 60 % de la demande en œufs coquille sur la période mars-avril. Ils se sont alors adaptés avec un renforcement des équipes, des horaires élargis et une offre correspondant aux achats massifs des consommateurs. Ces ajustements ont été réalisés dans l’urgence et en étroite concertation avec le maillon du commerce. Grâce à la présence de la grande distribution et des grossistes au sein du CNPO, l’interprofession a permis de fédérer les acteurs dans l’objectif commun de limiter les ruptures d’approvisionnement pour nourrir les Français. Forte de cette gestion de crise réussie, le CNPO souhaite désormais ouvrir ses portes aux représentants de l’agroalimentaire et de la restauration hors domicile. La bonne tenue du secteur de l’œuf de consommation a permis de garder de solides perspectives en Bretagne sur ce secteur. Des investissements et des restructurations ont été annoncées dans l’objectif de poursuivre l’adaptation des outils à la production alternative qui est une attente durable des consommateurs.
LES ENJEUX DE LA FILIÈRE POUR 2021 ET LES ANNÉES SUIVANTES
La nouvelle réglementation européenne sur le bio, dont la mise en application était initialement prévue en 2021, a été repoussée d’un an. Elle concerne notamment la conduite des poulettes, l’alimentation et les bâtiments. L’Itavi estime que la hausse des coûts de production engendrée par cette nouvelle réglementation sera d’au moins 15 %. Autre évolution attendue : l’interdiction du broyage des poussins pour la fin 2021. Cette échéance booste les initiatives sur le sexage in ovo : 2020 a vu les premières commercialisations d’œufs issus de poules ayant bénéficié de cette technique. Les volumes sont restés très limités, faute de process opérationnels à grande échelle.
Enfin, toujours dans l’objectif de répondre aux attentes sociétales, les entreprises communiquent sur leurs avancées concernant les enjeux climatiques et environnementaux : réduction des gaz à effet de serre, réduction du plastique dans les packagings, etc.