Producteurs d’œufs : et maintenant ?
Après des semaines de mobilisation intense concernant les négociations commerciales, pour la prise en compte de l’augmentation des charges d’aliments, la filière oeufs souhaite reprendre la main et travaille pour un coût de production validé par l’interprofession.

Les producteurs d’oeufs se sont mobilisés ces dernières semaines à l’appel des FRSEA de Bretagne et des Pays de Loire. Soutenu par l’UGPVB, à Rennes, puis à Nantes, ils ont tenté de faire plier les distributeurs sur la question cruciale du prix lors des négociations commerciales de fin février. "Nous avons obtenu 0,5 cent/oeuf. Ce n’est pas suffisant mais c’est un premier pas vers la prise en compte de l’augmentation de nos coûts de production. Le prix des céréales a fortement augmenté depuis 2020, les distributeurs doivent en tenir compte, sans quoi ils n’auront plus d’oeufs français à proposer à leurs consommateurs, faute d’éleveurs en activité", estime Patrick Hamon, producteur d’oeuf à Mérléac (22).
Vers des indicateurs de coûts de production légitimes
La filière, intégrée, a peu travaillé sur les notions de prix de revient au sein de l’interprofession. "Le travail est en cours, notamment avec le concours d’Itavi. Nous devons définir précisément nos coûts de production. Nous savons que le prix de l’aliment pèse 66 % du coût de production total mais restent encore les charges d’électricité, de main d’œuvre… ", précise l’éleveur. Les mobilisations dans l’Ouest démontrent l’élan des producteurs d’oeufs a reprendre la main. "Nous avons fait cavalier seul, mais cela nous a aussi permis de compter les forces en présence et démontre l’urgence à trouver des solutions durables pour la filière", assure Patrick Hamon, résolument combatif. Alors que le collège "distribution" est déjà présent au sein de l’interprofession, reste à se mettre d’accord sur les chiffres. "Nous allons travailler avec des données fiables qui devraient donner un prix légitime auquel chaque collège devra souscrire", prévient le producteur.
Le prix des céréales a fortement augmenté depuis 2020, les distributeurs doivent en tenir compte, sans quoi ils n’auront plus d’œufs français à proposer à leurs consommateurs.
Code 0-1 : très vite, trop vite ?
La filière œuf débute ce travail quand d’autres filières en sont à la mise en oeuvre. Un constat partagé par l’éleveur qui assume "prendre les bonnes initiatives là où elles sont". Un retard à l’allumage qui s’explique par la nécessité pour la filière de gérer les urgences. "Quand en 2012, unilatéralement, les distributeurs exigent la fin de l’œuf en cages… il a fallu s’adapter et vite ! Les efforts se sont largement concentrés sur l’échéance de 2025 pour passer les œufs de code 3 à 1 ou 0", relate Patrick Hamon. Un challenge qui aura eu un coût pour les éleveurs, pour la plupart encore en amortissement, mais qui semble en passe d’être relevé à l’heure où plus de 50 % des poules pondeuses en Bretagne ne sont déjà plus en cages. "Nous avons relevé le défi, peut être trop vite, face à une demande sociétale qui peine à se transformer en marché économique pour les éleveurs", analyse-t-il.