Quelles solutions pour faciliter la vie en milieu rural ?
À l’approche des élections présidentielles et législatives, la CCMSA, la caisse centrale de la mutualité sociale agricole a entamé un tour de France afin de récolter des propositions à soumettre aux candidats pour un monde rural plus inclusif. À Landerneau (29), c’est d’emploi dont il a été question.

"C’est le 6e et dernier atelier". Comme elle l’avait déjà fait il y a six ans, la CCMSA, la caisse centrale de la mutualité sociale agricole, a décidé de profiter des élections présidentielles pour lancer, à l’échelle du pays, une vaste concertation citoyenne. De Bordeaux à Troyes en passant par Tours ou Aix en Provence, plusieurs thèmes ont été évoqués : le parcours de soins, le mal-être, l’accès aux services publics, l’accompagnement des jeunes et des familles… "Nous allons maintenant compiler toutes les propositions que nous avons recueillies, indique Pascal Cormery, président de la CCMSA . Et rédiger un manifeste, que nous distribuerons au Salon de l’agriculture, en février prochain, à Paris, à tous les candidats à la présidentielle puis, un peu plus tard, aux candidats aux législatives. En espérant qu’ils se saisissent de nos propositions pour un monde rural plus inclusif".
Nous allons rédiger un manifeste que nous distribuerons aux candidats à la présidentielle.
4 à 6 mois pour trouver un salarié
À Landerneau, le 22 novembre dernier, c’est d’emploi dont il a été question. Un vrai problème en agriculture. "Aujourd’hui, il faut 4 à 6 mois pour trouver un salarié en élevage, lait ou porc", indique Gilles Burel, animateur à l’Anefa. "Et ce n’est pas plus simple pour des saisonniers, rajoute Pascal Cormery. Dans ma région, Centre-Loire, l’asperge blanche a disparu, faute de main d’œuvre pour la récolter". En Dordogne, pour les mêmes raisons, des producteurs de fraises jettent l’éponge. Et fraises et asperges sont désormais importées d’Allemagne. Un sacré paradoxe alors qu’avec le Covid, "nos gouvernants ont prôné la souveraineté alimentaire de la France", rappelle Maryse Aio, responsable de la mission handicap à la CCMSA.
Là où on ne nous attend pas
"Pourtant, les outils sont là", indique Gilles Burel, en citant le 13e mois, un comité d’entreprise, des parcours de découverte ou de formation… Encore faut-il susciter la curiosité des jeunes, des demandeurs d’emploi… "Il faut parvenir à toucher les gens là où on ne nous attend pas : dans une galerie marchande, au salon destiné à la reconversion professionnelle des militaires… Et ne pas hésiter à embaucher des gens qui, à défaut de diplômes, ont des compétences à faire valoir".
Mais nombreux sont les secteurs en tension et certains employeurs n’ont d’autre solution que d’embaucher des travailleurs étrangers. Une situation qui pousse Pascal Cormery à interpeller pouvoirs publics et élus. "On ne pourra pas continuer à verser des prestations à des millions de chômeurs quand, dans le même temps, il y a une multitude d’emplois non pourvus et qu’il faut faire venir des salariés d’ailleurs".
Mais il le reconnaît volontiers, la profession agricole a aussi, sans doute, sa part de responsabilités. "En tant que chefs d’entreprise, sommes-nous tous formés à la gestion de l’emploi de salariés ?" La CCMSA a d’ailleurs entamé une expérimentation avec dix de ses caisses pour voir comment rendre les emplois plus attractifs, préparer l’accueil du salarié, accompagner son parcours… "Et former les chefs d’entreprise", rajoute Maryse Aio. "Il faudra aussi simplifier", estime le président de la CCMSA, en évoquant les formalités liées à l'embauche et à l'emploi.
Pratique : Vous pouvez, vous aussi, apporter votre contribution en allant sur le site concertation.agissonspourlaruralite.fr
Des services publics dans un camping car

La MSA d’Armorique a profité de cet atelier pour présenter l’une de ses initiatives pour un monde rural plus inclusif. "Un camping car sillonne désormais les 23 communes du Kreiz Breizh", indique Jean-Claude Rouat, responsable Relation client. Labellisé France services, il regroupe neuf partenaires : MSA, assurance maladie, assurance retraite, CAF, la Poste, Pôle emploi, Impôts et ministères de l’Intérieur (cartes grises, permis de conduire, cartes d’identité…) et de la Justice (accès aux droits…). Présent une à deux fois par mois sur chacune des communes, il permet aux usagers n’ayant pas de moyen de locomotion ou d’accès à Internet d’effectuer au plus près de chez eux la majorité des formalités dont ils peuvent avoir besoin. "Et il rend bien service à ceux pour qui il peut être compliqué d’effectuer des démarches administratives".