Revenu : + 50 000 € en 5 ans pour le système le plus herbager
Les deux systèmes mis en œuvre à Trévarez de 2013 à 2017 apparaissent comme performants au regard des résultats économiques des réseaux d’élevages Inosys Bretagne sur la même période. Le coût alimentaire plus faible du système "40 ares" S2 lui apporte un avantage net en termes de charges opérationnelles. Cela se traduit par un excédent brut d’exploitation avant main d’œuvre supérieur tous les ans, quelle que soit la conjoncture.

Les données économiques présentées ci-contre correspondent aux systèmes tels qu’ils ont été mis en œuvre de 2014 à 2017 et décrits dans les pages précédentes. Les deux "fermes" ont produit en moyenne le même volume de lait (1) malgré les 5 vaches en plus en S2. Toutefois, ce dernier a livré une plus forte proportion de lait (+17 000 l par an) car il a été moins impacté par les mammites. Ce moindre écart entre lait produit et lait vendu pèsera fortement sur l’écart de revenu final.
L’écart de coût alimentaire fait l’écart de marge...
Le coût alimentaire des laitières est inférieur de 21 €/1 000 l vendus dans le lot S2 (1). Les deux systèmes apparaissent économes par rapport aux références Inosys. La marge sur coût alimentaire (prix du lait – coût alimentaire, MCA) du système S2 est supérieure de 19 € pour 1 000 l vendus à celle de S1. Les frais vétérinaires et de reproduction par vache sont proches dans les deux systèmes et égaux ou inférieurs aux références. Avec un produit proche dans les deux systèmes, la marge brute lait est finalement supérieure de 25 €/1 000 l vendus dans le système S2, surtout grâce à la maîtrise du coût de concentré.
…et l’écart de revenu disponible
Les simulations réalisées montrent peu de différence sur le niveau des frais généraux pour 1 000 l vendus (plus de vaches et de SAU en S2). Par contre, le plus faible niveau de charges opérationnelles en S2 se répercute sur l’excédent brut d’exploitation (EBE) avant main d’œuvre (MO). Cet écart se retrouve en grande partie au niveau du revenu disponible, soit un cumul de + 48 000 € sur 5 ans en faveur du système S2 pour un élevage qui livre environ 400 000 l de lait par an (24 x 5 x 400). A cheptel identique de 60 VL, l’écart de revenu disponible pour travail et autofinancement s’élèverait à 11 250 €/an en faveur du système S2.
Moins de coût alimentaire, plus de revenu
Au global, le coût alimentaire plus faible du système S2 lui apporte un avantage net en termes de charges opérationnelles. Dans notre essai, cela se traduit par un EBE avant MO supérieur tous les ans : bien que variable en fonction des performances techniques et de la conjoncture économique, l’écart de revenu a toujours été supérieur (3 ans sur 4) ou égal (1 an sur 4) pour S2, creusant un écart cumulé de 48 000 €. Ce système apparaît comme plus résilient face à la conjoncture externe. Le S2 n’est globalement pas pénalisé économiquement par les 5 vaches en plus pour produire le même volume de lait. Les deux systèmes apparaissent toutefois comme performants au regard des résultats des réseaux d’élevages Inosys Bretagne sur la même période.
Les deux systèmes bien conduits apparaissent donc comme "durables" grâce à leur base fourragère. Le plus pâturant s’avère le plus efficace économiquement. Il est donc possible d’optimiser un système avec peu d’accessibilité et d’améliorer son revenu en valorisant un parcellaire groupé par la mise en place d’un système plus herbager.
Et le grand gagnant est… le fourrage et surtout l’herbe pâturée !
Les systèmes S1 et S2 se positionnent au-dessus de la moyenne des élevages laitiers bretons, à la fois en matière d’économie et d’environnement : grâce à leur ancrage très fourrager, ces deux systèmes bien conduits peuvent être "durables". Dans la situation étudiée, avec un contexte de prix du lait et des intrants fluctuants, le système le plus pâturant a été le plus efficace économiquement. Il semble donc judicieux d’exploiter pleinement la voie de production de lait par les fourrages et par l’herbe pâturée en particulier, à condition de disposer de l’accessibilité pour le pâturage. Dans le cas contraire, il est possible d’optimiser un système 15 ares, qui conservera toutefois des points faibles pour lesquels il faudra continuer de chercher des pistes d’amélioration : la part de monocultures (impactant sols, rendements et usage des phytosanitaires), le coût élevé des intrants azotés importés et la plus faible robustesse économique quand le rapport "coût du concentré/prix du lait" augmente.
Suite à ce suivi, un nouveau système a été mis en place sur la station de Trévarez à partir de 2018 : le système Bas carbone. L’objectif est de réduire de 20 % l’empreinte carbone par rapport aux résultats de S1 et S2, tout en maintenant la rentabilité économique du système.