Contrôle laitier
Travailler en société : des conseils pour bien s'entendre
Vos projets sont-ils toujours humainement viables ? Les assemblées de secteurs de Bretagne Contrôle laitier, cette année, ont traité un thème différent des thèmes technico-économiques habituels. Pourtant, le sujet n'a pas laissé indifférent les adhérents. Plus de 1000 participants ont assisté aux six assemblées.

Au Gaec de Kertinais, l'histoire des associés a connu quelques rebondissements. Confrontés à des problèmes de mise aux normes, Jean-Marc et Liliane Brouazin, installés en 1990 à Plumaugat, se tournent vers leur voisin, Christophe Pérou, installé seul en 2000.
Les producteurs de lait se connaissent : l'un est président, l'autre trésorier du club de foot local. Christophe réfléchit à la proposition du couple. "Travailler seul n'est pas marrant, et même quand le salarié est là, on est toujours un peu soucieux", admet le jeune éleveur, séduit par l'idée de se libérer du temps. En 2002, le Gaec est constitué. Annie Santier et son mari, voisins de Christophe, sont confrontés eux aussi à la mise aux normes de leurs ateliers porcs et lait, trop petits pour être viables. A son tour, Annie regarde du côté du Gaec et franchit le pas. Les associés acceptent sa proposition : en 2005, Annie rejoint le Gaec qui représente au final 648 000 litres de lait et 138 ha. Son mari, lui, a décidé d'arrêter l'atelier porc et d'entamer une reconversion professionnelle.
Ne jamais taire les désaccords
"Jamais, quasiment, on ne recherche un associé. On veut résoudre soit un problème économique, soit un problème de temps libre…" Qu'il s'agisse du Gaec de Kertinais ou de tout autre exploitation, pour la spécialiste Alice Barthez, invitée des assemblées de secteur du Contrôle laitier, les relations humaines arrivent bien en première position. Sociologie, à l'Inra de Dijon, elle a travaillé sur les sociétés, plus exactement sur les conflits et les ruptures, cherchant à décrypter les raisons de ces échecs. "Trouver quelqu'un avec qui travailler, c'est forcément se confronter à des différences. Le travail n'est pas considéré de la même façon par tous. Cela, on ne le compte pas dans les analyses techniques", remarque cette dernière. Quoi faire de ces différences qui, si on n’y prend garde, deviennent parfois des oppositions ? Il faut donc les traiter, dès le départ. Les temps de discussion et de réflexion autour d’un règlement intérieur sont incontournables. "Savoir si l'on est d'accord de fonctionner ensemble prend des mois. Le dénominateur commun entre associés se travaille très, très sérieusement", insiste Alice Barthez avant d’édicter une règle générale. "Débattre, discuter ou s’opposer… :
il ne faut jamais taire le désaccord. Sinon, il devient un abcès".
Parmi les questions importantes, la rémunération des associés est un point inévitable. "Si cette question n’est pas réfléchie, très vite, elle peut devenir un foyer de problèmes. Surtout dans les Gaec familiaux", souligne Alice Barthez. Idem pour le partage du travail. "Il faut le construire avant et l'écrire jusqu’à la prochaine fois". Au Gaec de Kertinais, les tâches ont été réparties : sur le plan technique, Christophe s'occupe des vaches et Jean-Marc des cultures, Liliane et Annie gèrent plutôt la partie administrative. Et si Jean-Marc avoue préférer les vaches, il a fait quelques concessions. Partir en vacances sans soucis vaut bien quelques petits sacrifices.