"On améliore partout les index technico-économiques"
En charge du dossier volaille, Sylvaine Dano, revient sur les résultats globalement stables de cette enquête avicole 2019 qui montre une grande une variabilité entre les poulets lourds et export, numéros un en termes de résultats et la descente aux enfers du canard.

À peine passé l’épisode sanitaire du Covid "où une partie de la production a quand même réussi à tirer son épingle du jeu, ce qui n’a pas été le cas de tous notamment des productions orientées vers la restauration hors domicile", la productrice de volaille de chair pointe la réorientation salvatrice qui a du s’opérer sur les marchés avicoles "pour limiter la casse. Ça a fonctionné". Restent les stocks constitués, "qu’il va falloir écouler. Cela va peser sur le marché et les prix ne vont pas aller en augmentant pour les éleveurs", craint déjà pour les mois à venir, Sylvaine Dano, éleveuse de dinde de chair à Saint-Jean-Brévelay, dans le Morbihan.
Faire des investissements pour des marchés qui ne sont pas là, c'est dangereux.
Une dinde plus frileuse
En haut du podium de cette enquête, "le poulet export avec le poulet lourd sexé, mais les marges restent descevantes en poulet lourd par rapport aux investissements réalisés en particulier sur le bien-être animal", apprécie l’élue pointant la stabilité en poulet standard et la dégradation en poulet label et dinde. "En dinde, la baisse de la marge s’explique par des rotations plus longues et la baisse du nombre de lots", résume-t-elle d’une production qu’elle connaît bien. "L’indice reste bon. On observe plus de pertes qu’avant dues parfois à l'absence de traitement médicamenteux et puis il y a l’augmentation des coûts de chauffage. La dinde est plus frileuse qu’avant, il faut chauffer plus longtemps, plus fort avec moins de lots produits, ça pénalise", explique-t-elle. Avec un effet encore plus pénalisant par le besoin de chauffer, si les lots sont démarrés en hiver. "Auquel s’ajoute un effet bâtiment, beaucoup sont vieillissants", constate-t-elle également dans un paysage technico-économique où le savoir-faire des éleveurs reste prépondérant. Ainsi, toutes productions confondues, "on améliore les index. On fait plus de viande avec moins d’aliments consommés".
Le canard à un tournant
"En canard, nous sommes à un tournant", pointe Sylvaine Dano sur la descente aux enfers d’une production fragilisée en 2018 par les épisodes d’influenza aviaire et exposée à l’arrêt de la consommation en RHD lors de l’épisode de la Covid. "Sans compter les attentes sociétales. On parle de ne plus faire de canard sur caillebottis" et d’aborder les injonctions de montée en gamme. "C’est une notion qui nous embête parce qu’elle veut dire qu’il faudrait faire mieux que mieux ! Le consommateur ne voit pas les choses que l’on fait déjà. Les perchoirs, les fenêtres avec lumière naturelle, pour beaucoup, nous y sommes déjà. On est un peu perdu", reconnaît l’éleveuse sur les attentes qui s’expriment et même si elle le reconnaît : "demain on n’aura pas le choix que de s’adapter à ces cahiers des charges mais faire des investissements pour des marchés qui ne sont pas là c’est dangereux", appuie Sylvaine Dano pointant les résultats en volaille Label. "Le consommateur en réclame mais il ne l’achète pas ou peu. Il faut suivre la demande des marchés avant tout", résume-t-elle en pointant la nécessité d’investir régulièrement "pour ne pas être acculé à le faire même quand il n’y a pas de prix".
Reste pour elle la force de la France, "une multitude de gammes de volailles, aucun pays ne l’a, c’est une force adossée à notre tradition culinaire", estime-elle. Et si reconquête du marché français il y a face à la vague d’ importations en volaille (voir graphique), "ça passera par des bâtiments neufs et isolés, aux normes, avec des fenêtres. On ne comprend pas que de tels projets soient bloqués. C’est démoralisant quand tous les voyants sont au vert en termes d’investissements".