Bilan gaz en Bretagne : un renforcement du réseau gaz, une intégration du biométhane
GRTgaz investit en Bretagne pour assurer le transport du gaz dans les réseaux, autant pour le développement des industries du territoire que pour permettre aux exploitants agricoles avec des projets de méthanisation d'injecter le biogaz dans les tuyaux.

GRTgaz, le gestionnaire de réseau de transport du gaz investit en Bretagne. Dans la région, les besoins sont importants, tant dans le renforcement du réseau de gaz que dans le développement du biométhane des exploitations agricoles. Pour preuve, le premier rebours en France a été installé à Noyal-Pontivy en 2019. Et une nouvelle canalisation de gaz de 98 km est cours d'installation entre Pluvigner (56) et Pleyben (29) dans le sud Bretagne, opérationnelle d'ici la fin de l'année. GRTgaz a pour rôle de récupérer le gaz aux frontières et de l'acheminer vers les consommateurs industriels et vers les gestionnaires de réseau de distribution publique (GRDF, Véolia, Antargaz...). Il gère également des "places de marché" auprès des fournisseurs d'énergie ou des industries qui vont acheter leur gaz. Depuis cinq ans, le gestionnaire de réseau accueille une production locale et décentralisée de gaz renouvelable à partir de la méthanisation.
Des enveloppes de 53 millions d'euros en 2020 et 97 millions en 2021 d'investissements sont dédiées à ce renforcement du réseau. "Dès 2010 avec le pacte éléctrique breton, les besoins de la Bretagne étaient annoncés en augmentation. Entre 2010 et 2018, la consommation de gaz s'est accrue de 10 %. Il n'y a pas que la centrale électrique à gaz de Landivisiau qui explique le besoin de nouvelle canalisation. Il y a la laiterie Sill à Landivisiau avec sa nouvelle tour de séchage par exemple, et la cogénération qui représente pas moins de 18 % de la consommation bretonne de gaz", rapporte Amaury Mazon, délégué territorial Centre Atlantique GRTgaz.
L'autre enjeu, en plus de l'acceptation sociétale, est celui du réseau et sa capacité à accueillir la production de biométhane toute l'année quand la consommation fluctue selon les saisons.
Tendances nationales en baisse, la région stable
La consommation nationale de gaz globalement a diminué de 7 % en 2020, conséquence de la douceur climatique et dans une moindre mesure de l'impact de la crise sanitaire sur l'activité économique. "En France, cette année, le gaz était le moins cher en Europe, c'est une première pour nous et une réussite de la construction du réseau de transport", signale au passage Amaury Mazon. En France, GRTgaz annonce un montant global de 386 millions d'euros d'investissement pour l'année écoulée. Et de pointer une montée en puissance du biométhane depuis 2014-2015 avec les premiers sites d'injection pour une capacité de 3,9 teraWh aujourd'hui. "Presqu'un pourcent de la consommation nationale, c'est un développement vraiment rapide pour une filière toute jeune".
En Bretagne, ce sont 1 700 km de canalisations qui acheminent le gaz chez les consommateurs, 29 postes de clients industriels, un rebours (fait remonter le biométhane dans les réseaux), 2 postes d'injection de biométhane à Chateaulin et Loudéac, 162 postes de distribution publique, avec près de 400 communes desservies.
La baisse de la consommation en Bretagne est un peu plus modéré qu'au plan national (-4,4 %) car entre 2010 et 2019, principalement chez les maraîchers, ces derniers ont renouvelé le chauffage de leur serre avec l'installation de la cogénération (d'où une consommation de gaz plus importante).
Sur les 15,5 milliards kWh consommés en Bretagne, 95 % revient au gaz naturel liquéfié (GNL), approvisionné depuis Montoir de Bretagne par voie maritime et ce, depuis deux ans environ (voie terrestre auparavant).
L'essor de la méthanisation
Mais en France, comme en Bretagne, l'essor de la méthanisation se confirme avec 28 sites bretons en service (13 % des sites en France) pour une capacité de 407 millions kWh, et pas moins de 124 projets en attente. Le premier site en Bretagne d'injection était celui du Gaec des Champs Fleuris à Liffré (35) en 2015. A la différence que les projets de méthanisation bretons sont des projets agricoles de taille réduite : la taille moyenne en Bretagne atteint 12 GWh/an contre 30 GWh/an sur le reste du territoire. "Nous ne sommes pas dans la course au gigantisme comme dans d'autres territoires. Ce sont des projets avec des effluents d'élevages, non pas dans une logique de culture énergétique comme en Allemagne ou 100 % de Cive*", remarque le responsable de GRTgaz.
Mais le tarif de rachat installé en 2011, garanti par l'Etat, a été remis en cause en 2020. "Un nouveau tarif arrivera en 2021 dans une logique de baisse mais avec une prime aux effluents d'élevage. C'est plutôt rassurant pour la Bretagne". Pour GRTgaz, la filière doit se professionnaliser. Audit, label, dialogue avec les élus du territoire et les riverains..."C'est en cours". L'autre enjeu, en plus de l'acceptation sociétale, est celui du réseau et sa capacité à accueillir la production de biométhane toute l'année quand la consommation fluctue selon les saisons. La réglementation a évolué avec le "droit à l'injection" avec 13 zonages en Bretagne et 30 millions d'euros d'investissements pour répondre aux porteurs de projet, afin que "tout porteur de projet en Bretagne puisse se raccorder avec une capacité d'injection sans que cela coûte trop cher", fin 2021.
* Culture intermédiaire à vocation énergétique.
Des chantiers titanesques en cours
Deux gros chantiers expliquent les investissements en Bretagne de GRTgaz : le raccordement de la centrale à gaz de Landivisiau (20 km en 2019, finition en 2021) et le renforcement des canalisations en Bretagne sud. Cette nouvelle capacité de transport du gaz est dans les tuyaux depuis 2010 pour accompagner le développement du transport nécessaire aux différents projets de biométhane et à l'arrivée de nouveaux clients industriels. La canalisation longue de 98 km s'étend de Pluvigner à Pleyben. Elle traverse 18 communes et environ 900 parcelles agricoles ou forestières. Ce chantier gigantesque traverse 4 rivières en sous-oeuvre utilisant des techniques modernes, très spécialisées. L'investissement de GRTgaz s'élève à 130 millions d'euros. Aujourd'hui, les travaux sont en cours pour une mise en service fin 2021.