Changement climatique et alimentaire : étroitement liés !
Si d’un côté le changement climatique a un impact sur notre sécurité alimentaire, de l’autre nos choix alimentaires sont déterminants pour lutter contre ce changement. Des démarches structurantes se mettent en place. Retour sur le forum "Grand Ouest climat-énergie" organisé par la chambre d’agriculture de Bretagne, le 27 novembre.

Pour faire face au défi climatique, et plus globalement environnemental, il est nécessaire de promouvoir une alimentation durable qui puisse nourrir une population mondiale grandissante, tout en offrant des conditions socio-économiques acceptables et en limitant les impacts sur l’environnement.
La modification de nos pratiques alimentaires semble nécessaire pour accompagner la transition agro-écologique de nos systèmes vers des pratiques plus vertueuses. Et pour ce faire, "il faudra réduire la consommation de viande et favoriser les protéines végétales, ainsi que les produits de saison, locaux et de qualité", explique Marie-Emilie Mollaret de l’Ademe. Ainsi, la consommation des légumineuses à graines est en plein essor en France et portée par des plans nationaux comme le nouveau PNNS*, ou encore la loi Egalim. Malgré une forte progression de la production française de légumineuses, les importations ne cessent d’augmenter. Le grand ouest offre de bonnes conditions agropédo-climatique pour la production de légumineuses à graines et représente presque 10 % de la production française (40 500 ha), bien que fortement orienté pour l’alimentation animale. Pour accompagner les agriculteurs et acteurs de l'agroalimentaire dans le développement de filières, le projet Leggo a été mis en place. Celui-ci offre des réponses techniques allant du choix des variétés aux conditions de triage/stockage, tout en assurant un revenu juste aux producteurs.
Pour suivre et accompagner les exploitations dans leur transition, des outils sont mis en place (bilan carbone ou énergétique, relevés faunistiques…). L’Agro ParisTech propose un nouvel outil d’aide à la décision multicritère : PerfAgroP3. Il permet d’étudier l’intérêt pour une exploitation de construire un méthaniseur et d’en mesurer les impacts sur ses performances et son fonctionnement (changements dans les rotations, dans l’alimentation des troupeaux...). Il offre ainsi un arbitrage entre production alimentaire et production d’énergie à l’échelle de l’exploitation.
Enfin, dans cette recherche d’équilibre entre activité humaine et préservation de l’environnement, d’autres leviers comme la réduction massive du gaspillage alimentaire, estimée à 10 millions de tonnes/an en France seront à activer.
* Programme National Nutrition Santé
Des élus pro-actifs face aux changements climatiques
"La mission principale de l'agriculture restera celle de l'alimentation. Dans le même temps, nous allons devoir nous adapter aux changements climatiques en l'intégrant dans nos méthodes de production. Il existe une multitude de solutions dont nous connaissons les leviers", assure André Sergent, président des chambres d'agriculture de Bretagne, en préambule du forum énergie-climat. Même son de cloche du côté de la Normandie où Marc Lecoustey, président du groupe normand Agriculture et changement climatique des chambres d’agriculture de Normandie estime que "la prise de conscience est là. Il reste deux solutions : nier l'évidence ou relever le défi. Collectivement, nous choisissons de nous atteler à la tâche". Les chambres d'agriculture souhaitent donner une boîte à outils aux agriculteurs, pour qu'ils puissent adapter leurs pratiques à leur environnement et à leur exploitation. Si l'agriculture est émettrice de GES, elle fait partie des rares secteurs à pouvoir compenser ses émissions via la stockage de carbone, le bocage ou la production d'énergies renouvelables. Une possibilité que souhaite valoriser André Sergent. "Il faut un équilibre entre le végétal et l'animal sur nos territoires, c'est notre atout. Ici en Bretagne, les sujets environnementaux ont pu être perçus comme des contraintes. Je ne souhaite pas que le climat prenne ce chemin, il doit être vu comme une opportunité nouvelle". Le président de Région, Loïg Chesnais-Girard, déclare lui, vouloir "préparer le climat 2 100 à 2 150 pour éviter d'engendrer plus de catastrophes. Il y a du travail mais la Bretagne est maillée d'entreprises à taille humaine avec des familles engagées". Des propos compris par Marc Lecoustey qui conclut : "les chambres d'agriculture sont en marche pour que les déclarations politiques se transforment sur le territoire". / Hélène Bonneau - Terra