Comment circule et émerge l'innovation en agriculture ?
La chaire de l'Agriculture écologiquement intensive, menée conjointement par des coopératives, des instituts agricoles et vétérinaires, s'est interrogée sur l'émergence des innovations dans les exploitations agricoles. L'objectif étant de mieux comprendre les diffuseurs d'informations pour mieux les maîtriser. Retour sur les premiers résultats.

"Le constat actuel est que nous nous heurtons à des freins sur le déploiement d'idées novatrices. Que ce soit dès la réflexion ou dans la mise en œuvre, les agriculteurs innovent par eux-même", explique Sébastien Fourmond, responsable R&D pour Terrena, ici partenaire des coopératives d'Agrial et d'Eureden dans le cadre de ce projet. "Notre objectif est d'identifier les vecteurs d'innovation, comprendre comment ils sont utilisés, les profils des agriculteurs qui les mettent en place et comprendre le rôle des coopératives dans ce système", précise Sébastien Fourmond. Ainsi, la chaire conduit deux études pour connaître à quel moment les agriculteurs font appel à des partenaires pour innover. La première enquête, menée en 2017, a concernée 34 agriculteurs identifiés comme innovants (via des articles de presse) pour comprendre comment ils s'informaient. Au fur et à mesure que le projet avance, les interlocuteurs ne sont pas les mêmes. Si plusieurs profils sont détectés, certaines similitudes s'imposent. Ainsi, au moment de la réflexion, la presse spécialisée et internet semblent privilégiés, alors qu'au moment de l'adaptation à l'exploitation et de la mise en place, les pairs et les experts sont valorisés. Les experts (techniciens, vétérinaire ou fournisseurs) restent la référence pour les accompagner dans la mise en place du projet. Par ailleurs, la quasi-totalité de ces agriculteurs participe aux événements tels que les salons, visites ou voyage d'études et les formations. La seconde étude menée en 2018 consistait à mettre en action des changements majeurs dans des exploitations laitières (robot et pâturage en grands troupeaux), porcines et végétales (cultures sans glyphosate). Dès le départ, les agriculteurs ont rescensé des freins techniques (aléas climatique, accès au pâturage..), économiques (perte de rendement) et sociaux (heures de travail majorées). Pour ceux qui n'ont pas refusé de se projeter, ils choisissent prioritairement un centre de gestion pour évaluer leurs capacités à passer ce cap. "Les coopératives ne sont pas plébiscitées lorsque l'exploitation initie un changement systémique", remarque Olivier Godinot, enseignant chercheur à Agro-campus, ayant encadré l'étude. Au vu de la faible place des nouvelles technologies, comme les réseaux sociaux et les vidéos, dans la recherche d'informations, la chaire AEI prévoit une nouvelle étude sur ce sujet auprès des jeunes agriculteurs pour comparer les vecteurs d'informations en fonction des générations.