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Glyphotest : entre réalité scientifique et impact sociétal

La FRSEA Bretagne, avec l’appui d’un expert agréé de l’Anses et de l’hebdomadaire "Terre de Touraine", a donné rendez-vous à la presse et aux agriculteurs pour révéler "la phase cachée des tests de glyphosate". Explications.

Il est important de rappeler qu'un test positif au glyphosate n'implique pas nécessairement une exposition dangereuse au pesticide.

Tout commence en août 2014, lorsqu'une quarantaine d'agriculteurs bretons décide de réaliser des analyses d'urines pour savoir ce que leur urine comportait et suivant les résultats, contrer les propos des "pisseurs involontaires de glyphosate", qui avait alors porté plainte à Quimper pour "mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteintes à l'environnement". 46 analyses sont effectuées, 44 d'entres-elles sont déclarées sous le seuil de détection par le CHU de Vannes, mandaté pour effectuer les tests. Des résultats qui diffèrent largement de ceux des militants anti-glyphosate, dont les tests étaient tous revenus positifs, parfois avec des taux relativement élevés. L'heure est à l'interrogation.

La contestation des tests
La différence majeure qui expliquerait ces résultats provient du choix du laboratoire et du type de tests effectués. Deux techniques sont disponibles, reste à savoir laquelle est la plus fiable ? Le test Elisa, plébicité par les pisseurs involontaires, est basé sur la spécificité des anticorps pour détecter des molécules alors que le test de chromatographie couplée à la spectrométrie de masse permet de décomposer et analyser les constituants. Deux tests, deux résultats. Pour en avoir le cœur net, il est recommandé d'effectuer les deux méthodes sur un seul et même échantillon. Les syndicalistes d'Indre-et-Loire organisent donc une "pisserie" avec un public plus large, composé de deux parlementaires, deux députés, deux journalistes et cinq agriculteurs et envoi des échantillons (sous les yeux d'un huissier) dans plusieurs laboratoires d'analyse en France et à l'étranger.

Un expert passe les résultats au crible
Joël Guillemain, pharmacien, toxicologue, ayant travaillé comme enseignant-checheur à l'Anses, explique "avoir décidé d'aller au delà de l'intime conviction pour aller vers la démonstration". Il épluche plus de 52 études scientifiques à la recherche de données fiables et sourcées. S'il reconnait que le test Elisa réalisé par le laboratoire allemand Biocheck peut-être utilisé, il s'étonne de ce choix. "Ce test est sensible, alors que le test chromatographique est sensible et spécifique et peut-être réalisé à moindre coût par des laboratoires français agréés et accrédités". L'autre surprise de taille se trouverait dans l'adaptation du test Elisa à l'analyse d'urine. "Le test a été développé pour tester le glyphosate dans l'eau, or aujourd'hui les résultats sont interprétés sur l'urine", révèle le chercheur. Abraxis, qui a mis en place la méthode Elisa réaffirme de son côté la validité de son test tout en indiquant qu'il est préférable de doubler le test par l'autre méthode : "même si le test a été développé pour tester le glyphosate dans l'eau, on l'a ensuite modifié pour pouvoir l'analyser dans l'urine". Joël Guillemain estime que "l'incertitude des tests Elisa oscille entre 30 à 40 %, comme c'est le cas pour d'autres molécules évaluées par ces tests (triazines, dioron)". Le scientifique rappelle également que ce test a "sur-évalué les seuils de détection par rapport au test chromatographique". La limite de détection du test Elisa est de 0,075 µg/L (microgramme par litre) alors que celle du laboratoire qui a analysé les échantillons des agriculteurs est de 0,4 µg/L.

Coup de com' ou réalité scientifique ?
A ce stade, il est important de rappeler qu'un test positif au glyphosate n'implique pas nécessairement une exposition dangereuse au pesticide. La réalité scientifique est à mettre en relation avec la demande sociétale. Les ONG ont bien compris l'intérêt de publier des résultats alarmants pour faire réagir l'opinion publique. Le syndicalisme majoritaire choisi de prendre le contre-pied en contestant les résultats scientifiquement. Dans quel but ? "Nous travaillons dans le sens de la ré-homologation de cette molécule pour 2022. Elle est largement utilisée dans le reste de la planète et les agriculteurs l'utilisent de manière responsable. Nous devons avoir des conditions de productions comparables à ceux de nos concurrents", réclame Jean-Alain Divanac'h, président de la FDSEA 29. Des propos corroborés par Franck Pellerin, secrétaire général de la FDSEA 56 : "nous devons faire savoir cette vaste supercherie qui influe largement sur les choix de nos politiques". Les élus ajoutent en s'interrogeant :  "retirer le glyphosate c'est émettre 10 000 tonnes de CO2 en plus alors que l'objectif européen est de lutter contre le réchauffement climatique. Quelle cohérence ?". Des questions qui trouveront des réponses dans la législation. Rendez-vous en 2022.

 

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