PAC : bientôt des programmes opérationnels en lait ? En porc ?
Jusqu’à présent, les programmes opérationnels étaient réservés aux fruits et légumes. La réforme de la PAC va autoriser les États-membres à les ouvrir à d’autres secteurs. Si les producteurs de porcs sont dans les starting-blocks, avec 66 propositions au sein de leur future AOP Grand Ouest, la toute jeune AOP Poplait y réfléchit aussi. Encore faut-il que la France leur en laisse la possibilité...

"La réforme de la PAC offrira la possibilité d’une déclinaison nationale, via le PSN, le projet stratégique national", indique Christophe Hamon, directeur de Breiz Europe. Écrit par chaque État-membre, il devra être finalisé au printemps prochain, pour une probable adoption de la PAC en été 2021 et une mise en œuvre courant 2023. "Mais ce PSN, qui permettra de financer des fonds opérationnels dans d’autres secteurs que les fruits et légumes, à hauteur de 3 % de leur budget, est facultatif", prévient le directeur de Breiz Europe, qui ne peut que conseiller les uns et les autres de se rapprocher du ministère de l’agriculture pour faire valoir leurs positions. Et l’enjeu est de taille ! "Recherche, promotion pour faire valoir le produit, mieux le vendre… Avec les programmes opérationnels, vous pouvez tout faire, ou presque".
Travailler ensemble
Un atout qui n’a pas échappé à Poplait, l’association des organisations de producteurs de lait du Grand Ouest. "Nous avons créé l’AOP pour renforcer notre poids dans la commercialisation du lait, rappelle Gilles Pousse. Nous aimerions aussi y mutualiser un certain nombre de sujets, les nouveaux débouchés, le bien-être animal, le froid à la ferme…". Ce que l’AOP, que son président envisage comme "catalyseur de projets", pourrait mener via les programmes opérationnels.
Pour y voir plus clair, l’AOP a voulu s’appuyer sur la longue expérience des légumiers bretons en la matière. "Le Cerafel, aujourd’hui AOP territoriale, a été créée quatre ans seulement après la Sica, rappelle Marc Kéranguéven, à la fois président de l’OP et de l’AOP. Déjà, les producteurs avaient ressenti la nécessité de regrouper leurs coopératives, de travailler ensemble sur les sujets communs". Et un nouveau cap a été franchi en 2012 avec Freshcoop, AOP européenne, permettant des actions communes avec des OP belges "qui ont la même vision que nous sur la commercialisation, via le cadran".
Recherche, promotion pour faire valoir le produit, mieux le vendre... Avec les programmes opérationnels, vous pouvez tout faire, ou presque.
Argumenter
Plafonnés à 4,1% de la valeur des produits et emballages, les programmes opérationnels se déclinent aujourd’hui, au Cerafel, en 80 mesures et 150 sous-actions, regroupées en sept chapitres. "Elles peuvent concerner le bâchage des remorques ou la traçabilité, et donc retourner directement au producteur, indique Marc Kéranguéven. Mais nous privilégions les actions collectives, comme la création variétale, la promotion de la marque…". Sans oublier la prévention et la gestion des crises, éligibles, elles aussi, aux programmes opérationnels. "Mais ce n’est pas l’eldorado, prévient le président du Cerafel. Les producteurs assurent 50 % du financement des programmes opérationnels, qui sont très encadrés et très contrôlés. Il nous faut argumenter et défendre nos mesures".
Rendre le métier d'éleveur plus attrayant
En production porcine, le projet d’AOP est sur les rails depuis quelques temps déjà. Avec un volonté clairement affichée ! "Nous voulons rendre plus attrayant le métier d’éleveur de porcs", affirme Michel Bloc’h, président de l’UGPVB, l’union des groupements de producteurs de viande de Bretagne. "L’AOP s’est fixé trois objectifs : renforcer le pouvoir de marché des éleveurs afin d’obtenir des prix rémunérateurs, répondre aux besoins du marché en quantité et en qualité, assurer la pérennité du métier d’éleveur de porcs, notamment en facilitant la transmission des élevages".
Au niveau du Grand Ouest, l’UGPVB et les comités régionaux porcins de Bretagne, Pays de Loire et Normandie ont fait plancher les jeunes administrateurs des OP au sein d’un comité de pilotage. Et du côté des programmes opérationnels, 66 propositions ont déjà été travaillées, sur des thèmes aussi divers que la programmation de la production, la qualité, l’image des produits, l’environnement, l’énergie, le sanitaire, la bientraitance, l’attractivité des métiers, la transmission… Reste maintenant, en lait comme en porc, à convaincre le ministère de l’agriculture de la nécessité de ces programmes opérationnels !