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Porcs : les éleveurs demandent la fin de la castration

"On bute sur le mur des abatteurs… Si le gouvernement ne nous aide pas, ça va être compliqué". Mardi dernier, l’association pour la non-castration des porcs a invité tous les éleveurs à la rejoindre à la salle de la Tannerie, à Lampaul Guimiliau (29). Car après des années de tergiversations de la part du gouvernement, les choses pressent désormais.

De gauche à droite : Benoît Tanguy et Daniel Conq, membres de l’association Pour le bien-être porcin et la non castration des porcs, Jeran-Jacques Riou, président, Jean-Lou Le Gall, membre, et Yvon Le Clech, secrétaire.

"L’arrêt de la castration des porcs aurait dû s’appliquer en 2010 puis en 2018", rappelle Jean-Jacques Riou, producteur de porcs à Plounéventer. Ce sera finalement 2022. "Mais seule la castration à vif des porcelets sera interdite ! Sous la pression des abattoirs, le ministre de l’agriculture s’apprête à publier une instruction ministérielle stipulant qu’en traitant la douleur, les producteurs pourront continuer à castrer".
Une situation que l’association ne veut en aucun cas voir s’instaurer. Et elle ne manque pas d’arguments ! "Des études de l’Ifip et de l’Inra l’ont suffisamment prouvé : aujourd’hui, à condition de prêter attention à la génétique, l’alimentation et le bâtiment, seuls 1 à 2 % des porcs mâles sont odorants", indique son président. Et l’exemple de la Cooperl est parlant. "En 2012, quand leurs éleveurs ont arrêté de castrer, 8 % des mâles étaient odorants. Depuis, les chiffres ont beaucoup diminué. Et, aujourd’hui, leurs porcs sont plus lourds que les nôtres". "Alors que l’attente de la société est forte en matière de bien-être animal, elle aura du mal à concevoir une telle pratique pour si peu d’animaux qui posent problème", rajoute Yvon Le Clech, producteur de porcs à Scaër et secrétaire de l’association.

 

Une distorsion de concurrence inacceptable

Le volet économique inquiète aussi les éleveurs. "En cas de non castration, le gain est de 4 € sur le coût alimentaire, 2 € sur la valorisation de la carcasse et 2 € grâce à une meilleure rotation dans les bâtiments", détaille Jean-Lou Le Gall, éleveur au Cloître Pleyben et membre de l’association.
"Si on rajoute le coût de l’anesthésie, 1 € si elle est locale, 2 € si elle est générale, on arrive à un différentiel de 10 € par mâle, calcule Jean-Jacques Riou. C’est une distorsion de concurrence inacceptable". Et de citer l’Espagne, où seuls 15 % des mâles sont désormais castrés. "Au début des années 2000, la France produisait 27 millions de porcs par an. On en est désormais à 23 millions quand, dans le même temps, l’Espagne est passée de 27 à près de 50 millions ! Si nous devons continuer à castrer, on passera sous la barre des 20 millions en 2025".
Les cochons espagnols entiers ne semblent pas gêner les industriels français, nombreux à valoriser leurs jambons. D’ailleurs, la Fict, la fédération des industriels charcutiers traiteurs, indique être prête à valoriser 60 % de mâles entiers. "Mais les abatteurs nous disent ne pas vouloir courir de risque, indique l’association. Nous leur avons pourtant proposé d’utiliser des nez humains, les seuls fiables pour le moment, sous l’égide d’Uniporc, qui gère déjà la pesée et le classement". Mais rien n’y fait. Et, pour l’instant, ils restent arc-boutés sur leur position. "Ils n’auraient pourtant besoin que d’investissements minimes pour écarter ces carcasses odorantes et les destiner à des préparations cuites".

 

Un courrier au ministre

Si l’association réclame l’arrêt de la castration pour la grande majorité des porcelets, elle souhaite qu’elle reste la règle pour certaines filières, label rouge, porc sur paille, jambon de Bayonne… "Il faudra alors une dérogation et un cahier des charges ou un accord entre producteurs, groupements et abatteurs, avec une plus-value d’au moins 10 €/porc à la clé".
Les groupements de producteurs et l’UGPVB rejoignent les positions de l’association. Mais pour débloquer la situation, cette dernière ne voit pas d’autre solution, pour l’instant, que de faire appel au ministre de l’agriculture. "Il faut que l’instruction ministérielle qu’il doit signer ces prochains jours ne se limite pas à la description des méthodes de gestion de la douleur, affirme Jean-Jacques Riou. Et qu’il n’autorise la castration que si elle est indispensable".
Pour appuyer ses revendications, l’association demande maintenant aux éleveurs de se mobiliser pour faire parvenir un courrier à Julien Denormandie. "Si on arrive à 5 000 courriers sur les 15 000 éleveurs de porcs que compte la France, ce serait pas mal…".

 

Et líimmuno-castration ?

Si le différentiel de coût de production est un peu moindre, 6 € par rapport à un mâle castré, l’immuno-castration ne convient pas aux éleveurs de porcs. "Il faut faire deux injections, à 60-70 kg puis 90 kg. Et le produit n’étant pas anodin, il y a un risque pour l’opérateur, détaille Jean-Jacques Riou. Bien que ce soit une solution légale, nous ne l’envisageons pas".

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