"Portraits de châteaux", une exposition à Vannes
Ce sont dix siècles d’histoire que les archives départementales du Morbihan proposent de traverser avec cette galerie de "portraits de châteaux", à Vannes jusqu’à fin juillet. Onze sites à découvrir, avec des reconstitutions, des objets archéologiques, vaisselle, mobilier, costumes, des restitutions numériques, des vues par drone… Un véritable panorama de l’évolution de la demeure noble.

On les devine souvent à la richesse de leur parcs arborés que leurs houppiers trahissent, en dominant une campagne aux arbres plus clairsemés, dissimulés derrière leur enclos de hauts murs. On les envisage, féodaux, juchés sur une butte, ceints de profondes douves que le talutage persistant permet encore de deviner. On les admire toujours, au détour d’un virage, flanqué d’une tour d’escalier, ces magnifiques manoirs ruraux dont la Renaissance naissante dessine tout juste quelques élégantes arabesques aux fenêtres à peine ornementées. "Ils sont souvent méconnus du public tous ces châteaux du Morbihan et nous avons souhaité mettre en valeur leur richesse et leur grande diversité. Plus de 900 sont comptabilisés", apprend cette exposition réalisée par les archives départementales du Morbihan, un des services patrimoniaux du Département dont la mission est aussi de valoriser le patrimoine départemental. C’est chose faite avec ce trombinoscope des demeures seigneuriales.
L'architecture, comme manifeste de puissance
Restent des traits communs entre elles toutes. "Ces demeures sont majoritairement au centre d’un domaine agricole et sont des lieux de justice et de pouvoir jusqu’à la fin de l’ancien régime", y apprend-on. Quand bien même, la diversité et la richesse des édifices se traduit dans une variété de styles qui vont se succéder avec les fonctions dévolues successivement aux édifices. Défensifs pour un seigneur et la population, ils se transforment par la suite en lieux de résidence, et d’agrément et de plaisance. "L’architecture est le reflet de la puissance et du statut du propriétaire".
Interactif et immersif
Dans cette exposition, les onze sites morbihannais sont présentés dans une scénographie monumentale et immersive, avec leurs objets archéologiques, leur patrimoine mobilier, leurs chartriers (collection de documents ou archives conservées par les anciennes institutions) au sein de reconstitutions intérieures ou extérieures.Tous ces éléments ont été choisis pour donner corps à cette histoire et pour chacun de ces sites, un personnage est associé, qu’il soit le seigneur des lieux ou l’architecte. Une histoire qui peut se lire partout ailleurs en Bretagne dans tous ses édifices seigneuriaux qui nous surprennent encore.
Pratique : Portrait de châteaux est visible jusqu’au 3 juillet 2020. Entrée gratuite. Du lundi au vendredi de 9h à 17h et les dimanches : 9 et 23 février, 15 et 29 mars, 5 et 19 avril, de 14h à 18h. 80 rue des Vénètes à Vannes (56).
- Un cycle de neuf conférences est programmé à la faveur de cette exposition sur l’ensemble du département. Historiens, archéologues présenteront au public le résultat de leurs recherches sur les châteaux de Sucinio, Pontivy, Guéméné, Les Forges, le manoir de Bondon….
- Un spectacle vivant, en cours d’écriture. Il sera joué en mai-juin dans les châteaux de la Ville Quéno (Quelbneuc-carentoir), Loyat, Coscro (Lignol) et de Kerlévenan (Sarzeau).
La motte castrale
Elle porte bien son nom cette motte castrale ou féodale. Ce système défensif longtemps en vogue est parfois encore repérable dans les paysages, pour peu qu’on y soit attentif. Ainsi, dans les comtés de Vannes et du Porhoët, alors que l’aristocratie s’étoffe au Xe siècle, de nouvelles familles se retrouvent à la tête de seigneuries. Avec l’avènement de cette société féodale, des mottes castrales sont édifiées. "Lieux de résidences seigneuriales, elles sont aussi l’expression d’un pouvoir". Et il doit être vu même si ces mottes ont également un rôle fortement défensif, avec une succession de ceintures de fossés et de talus, érigés de palissades, jusqu’au centre du dispositif, juché sur un promontoire, lui même défendu par ce même système de fossés, talus, palissade et tour défensive. Le camp des Rouëts à Mohon (56) en est la parfaite illustration. Il est connu des textes depuis 1163.
Château de Suscinio : Du manoir au château fort
Du manoir au château fort, telle est l’histoire de cet édifice désormais sauvé de la ruine. Construit au début du XIIe siècle, au sud de la presqu’île de Sarzeau, proche de la mer, le château de Suscinio a évolué au fil des siècles, s’agrandissant et se renforçant au cours du moyen âge pour offrir, à la fin du XVe siècle, une image impressionnante de l’architecture fastueuse des ducs de Bretagne qui affichent ainsi leurs prérogatives. À la fois lieu de résidence, en cas de conflit, avec ses profondes douves, ses hauts murs crénelés, ses tours défensives, son pont-levis, il se transforme alors en robuste forteresse. "C’est très certainement à la force évocatrice de son architecture, combinée à la renommée de ses occupants, que Suscinio doit de compter parmi les sites emblématiques qui façonnent la représentation que tout un chacun peut se faire du château médiéval". Une restitution numérique en 360° de la cour du château de Suscinio en 1880 la conforte.