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Protéger les abeilles lors du traitement

Au printemps, l'activité devient maximale dans les ruches. Mais cette période est aussi celle des interventions insecticide ou fongicide qui peuvent nuire aux abeilles. Quelques précautions sont donc de mise.

Abeille butinant du colza.

Depuis la fin de l’automne, et malgré l’hiver doux que nous avons eu, l’activité était bien réduite : avec des températures extérieures inférieures à 10-12°C, les abeilles restaient confinées dans la ruche, serrées en une grappe compacte et consommant les réserves de miel faites à la belle saison pour maintenir une température interne entre 20 et 30°C.

 

Activité maximale dans les ruches sur le colza au printemps

Après l’hiver, les premières floraisons de saule, noisetier, prunier et prunelier par exemple, apportent les ressources alimentaires nécessaires au redémarrage de la ponte de la reine et à la reprise d’activité de la colonie. Elle est ainsi prête à assurer la première forte miellée de la saison lors de la floraison du colza, culture très attractive pour les abeilles, à la fois pour son nectar et son pollen, constituants de l’alimentation des abeilles mellifères. Ces insectes, ainsi que d’autres pollinisateurs sauvages, sont donc présents dans les champs, et ils contribuent de façon déterminante à l’élaboration du rendement.

 

Vigilance pour les pollinisateurs

Pendant la floraison, il est donc indispensable de créer des conditions favorables à la pollinisation. Des études ont montré qu’il était plus pertinent d'avoir des abeilles à proximité d'une parcelle de colza et de ne pas traiter pour avoir de meilleurs rendements, que de ne pas avoir d'abeilles et de traiter.
Toute intervention phytosanitaire peut être source d’intoxication si l’abeille est en contact avec le produit ou si elle l’ingère. Par exemple : exposition directe au moment de la pulvérisation, résidus dans le nectar et le pollen, poussières lors des semis, molécules présentes dans l’eau, produit persistant sur une fleur traitée...
Les conséquences peuvent intervenir quelques heures après l’exposition, et jusqu’à plusieurs semaines plus tard. L’intoxication peut se traduire de diverses manières : dépopulation partielle ou complète des ruches, présence ou non d’abeilles mortes dans la ruche, et autres conséquences moins décelables et plus diffuses (désorientation, perte de capacité de mémorisation et d’apprentissage, stérilité, perte de longévité, altération de la croissance larvaire…).
S’il est facile d’envisager un effet des insecticides sur les abeilles, des études ont montré notamment que les fongicides pouvaient avoir des conséquences sur le système digestif des abeilles et conduire à la mort de la colonie.

Pour ces raisons, si vous devez intervenir avec un produit phytopharmaceutique, des restrictions d’usage s’appliquent, afin de protéger l’ensemble des insectes pollinisateurs.

 

abeilles

Rappels réglementaires

Il est donc important de respecter les bonnes pratiques pour protéger des insectes pollinisateurs. Elles sont définies dans un arrêté de novembre 2003 dit "mention abeilles". Un avis de l’Anses publié début 2019 recommande d’aller plus loin que cette réglementation.

1 / N’intervenir sur les cultures que si nécessaire.

2 / Choisir le produit adapté en présence de fleurs dans les parcelles (que ce soient celles de la culture ou d’adventices).
Les traitements insecticides et acaricides sont interdits pendant la période de floraison ou de production d’exsudats mais certains produits bénéficient d’une dérogation. Ils portent alors une mention abeille spécifique sur l’emballage : "emploi autorisé..."
- "… durant la floraison et au cours des périodes de production d’exsudats en dehors de la présence des abeilles"
- ou "… durant la floraison"
- ou "… au cours des périodes de production d’exsudats".

Il peut être intéressant de détruire mécaniquement les adventices en fleurs à proximité des parcelles à traiter.
L’Anses recommande depuis 2019 d’aller plus loin, en interdisant tout traitement phytosanitaire (même un fongicide ou un herbicide) en période de floraison.

3 / Observer ses parcelles avant d’intervenir pour vérifier l’absence d’abeilles.
Attention, la "mention abeille" ne signifie pas que le produit est inoffensif pour les abeilles, mais qu’appliqué dans certaines conditions, le produit a une toxicité moindre. L’application doit impérativement être réalisée en dehors de la présence des abeilles afin de diminuer le risque d’exposition.

Il faut donc traiter de préférence :
- le soir (après l’heure de coucher du soleil, et dans les 3 heures suivantes uniquement) plutôt que le matin, car cela permet de limiter la rémanence des produits sur les végétaux et donc l’exposition des butineurs qui ne reviendront dans les parcelles que le lendemain ;
- lorsque les conditions sont défavorables au butinage : temps très couvert, températures inférieures à 12-13°C (si toutefois les conditions sont bonnes pour réaliser la pulvérisation).

En effet, les abeilles sont actives du lever du jour au coucher du soleil. Dans le schéma , vous pouvez remarquer l’évolution du poids de la ruche équipée d’une balance électronique. Les différentes explications de ces variations y sont explicitées.

4 / Veiller à respecter scrupuleusement les conditions d’emploi associées à l’usage du produit.
- Éviter les poussières lors de l’utilisation de semences traitées.
- Vérifier le réglage du pulvérisateur et respecter les doses prescrites.
- Éviter les dérives pour limiter la contamination des zones proches de la parcelle où les pollinisateurs pourraient butiner (flore naturelle, parcelles voisines cultivées en fleur…), et traiter en l’absence de vent, en utilisant des buses à réduction de dérive.

5 /Éviter les mélanges
Il est interdit de mélanger un produit contenant une pyréthrinoïde avec un produit contenant une triazole ou imidazole en période de floraison ou de production d’exudats. Si les deux traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications, l’insecticide étant appliqué en premier.

De manière générale, il faut toujours vérifier si les mélanges de produits sont autorisés, et il vaut mieux les éviter lors des périodes de butinage. Les effets de ces mélanges sur les pollinisateurs ne sont pas tous connus, mais on sait que des produits relativement peu dangereux pour les abeilles peuvent devenir redoutables en mélange.

 

abeilles

Et sinon, que puis-je faire pour aider les abeilles ?

L’échange entre agriculteurs et apiculteurs est primordial pour bien cohabiter, comprendre le métier de chacun et transmettre les informations qui permettront de suivre au mieux ces bonnes pratiques.
De nombreuses autres actions peuvent être mises en place pour créer des conditions favorables aux pollinisateurs :
- Préserver ou planter des haies : noisetier, saule, prunelier, aubépine, lierre…
- Préserver la flore sauvage des bords de parcelle : pissenlits, ronces, coquelicots…
- Implanter des espèces mellifères : jachères, bandes fleuries…
- Semer des intercultures mellifères.
- Diversifier les assolements en privilégiant des cultures diversifiées et en intégrant des prairies ou cultures légumineuses ou oléo-protéagineuses par exemple…

 

abeilles

Le saviez-vous ?

- Les abeilles butinent dans un rayon de 3 km autour de la ruche, il y en a forcément dans vos parcelles !
- Une abeille visite jusqu'à 3 000 fleurs par jour et rapporte de 40 à 70 mg de nectar par voyage… 1 kg de miel c’est donc… plusieurs dizaines de millions de fleurs visitées !!!

 

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