Un paysage bocager qui évolue
Par les services agro-écologiques qu’ils fournissent, les arbres bocagers ont un rôle à jouer dans les exploitations agricoles. L’agroforesterie, association des arbres aux cultures ou élevages, fait partie du paysage rural. Elle se présente sous différentes formes, comme les haies ou les prés-vergers, auxquelles s’ajoute aujourd’hui la combinaison des arbres et des productions agricoles au sein d’une même parcelle.

Précisons que le terme agroforesterie utilisé aujourd’hui désigne tous les modes d’occupation du sol associant les arbres et les productions agricoles. Le bocage est une forme d’agroforesterie à part entière, comme les aménagements intra-parcellaires.
Un paysage lié à l’agriculture
Le bocage constitue le paysage typique de l’Ouest de la France. Le bocage breton se caractérise par la présence de haies boisées autour de parcelles de prairies et de cultures. Le réseau bocager a été façonné par l’Homme et est très dépendant des activités agricoles. C’est justement parce que ce paysage est lié à l’agriculture que les mutations qui ont eu lieu dans ce domaine d’activité au cours des soixante dernières années ont profondément modifié le bocage. La modernisation de l’agriculture, qui a entraîné notamment l’agrandissement des exploitations et leur professionnalisation, a nécessité la restructuration du parcellaire et l’arasement de haies et talus. Les actions d’aménagement foncier ont accompagné ces mutations et ont contribué à faire régresser fortement le linéaire bocager jusqu’à la fin des années 1970.
Un linéaire bocager qui régresse
On connaît mieux aujourd’hui les rôles du bocage, qu’ils soient environnementaux (protection des sols, maintien de la qualité des eaux, maintien d’une biodiversité, stockage carbone, bien-être animal…), sociétal par son aspect paysager, mais aussi économique par les valorisations du bois (bois énergie, bois d’œuvre, paillage, litière…). Dans le même temps, la prise en compte de l’environnement dans les processus d’aménagement foncier est apparue (loi de 1976 relative à la protection de la nature) et devient de plus en plus importante. L’arasement des talus s’est amoindri dans les aménagements fonciers et des actions de plantations se sont développées pour compenser les impacts de ces opérations. De cette période aussi, datent les premières opérations de reconstitution du linéaire bocager en Bretagne qui se développeront jusqu’à aujourd’hui (programmes Harmonie et Breizh bocage). Malgré ces modifications, le linéaire bocager semble toujours régresser, même si le rythme de ce recul est plus modéré. En Bretagne, le linéaire aurait ainsi diminué de 12 % de 1996 à 2008 pour atteindre 183 000 km (DRAAF, 2008). Une nouvelle enquête statistique est en cours pour évaluer l’évolution du bocage de 2008 à aujourd’hui.