Choucas des tours : que faire pour limiter les dégâts à l’agriculture ?
Cette année encore, les dégâts de choucas des tours sur les semis de maïs sont nombreux. Et les agriculteurs des environs de Saint Renan ont décidé d’agir. Le 20 mai dernier, sous l’égide de la FDSEA, des JA et de la chambre d’agriculture, ils ont réuni élus locaux et chasseurs pour voir ce qu’il est possible de faire.

"Le choucas des tours est une espèce protégée, en France comme en Europe, commence par rappeler Didier Le Gac qui, avec d’autres députés, s’est penché sur la question. Essayer de la déclasser ? Ce n’est pas la peine d’y compter". Pour l’instant, c’est principalement le Finistère et les Côtes d’Armor qui sont concernés par les dégâts, même si la population de choucas tend à progresser vers l’est de la région. Et le choucas reste une espèce en voie de disparition dans le sud-est de la France, en Allemagne…
Mais, pour autant, le député ne veut pas laisser les agriculteurs sans solution. "Le Préfet a pris un arrêté dérogatoire, fixant le prélèvement à 16 000. Il faut que, dans chaque commune, un ou deux chasseurs soient prêts à effectuer les tirs". Les cages de piégeage étant également très efficaces, il incite les maires présents à financer leur achat. Et les agriculteurs à déclarer tous leurs dégâts aux cultures, "ce qui nous permettra de plaider pour une gestion adaptative de l’espèce". Une demande qu’avec Jean-Hervé Caugant, président de la chambre d’agriculture, il a déjà faite à Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, lors de sa venue dans le Finistère.
Une espèce en forte progression
Déjà obtenue pour le grand tétras, la tourterelle des bois ou le courlis cendré, une gestion adaptative donnerait une plus grande liberté pour contenir une population de choucas en progression exponentielle dans le Finistère. "On en comptait 12 000 en 2010 et 250 000 dix ans plus tard, indique Didier Le Gac. "C’est seulement quand les incendies vont se multiplier dans les maisons que le dossier va enfin bouger", s’agace un agriculteur. "Pas si sûr, tempère Thierry Marchal, secrétaire général de la FDSEA. Le choucas s’adapte à son environnement. Maintenant que les cheminées sont plus nombreuses à être grillagées, on en a vu chasser les pigeons des étables et y faire leurs nids. Ou dans les arbres".
Didier Le Gac veut aussi explorer la piste de l’indemnisation, les dégâts ayant été chiffrés à 3 millions d’euros pour le seul Finistère l’an passé. "Pour l’instant, seuls le loup, le lynx et l’ours y donnent droit. Je vais rencontrer Julien Denomandie, ministre de l’agriculture, pour voir ce qu’on peut faire". De son côté, la FDSEA a essayé de faire bouger les lignes. "Attaquer l’État devant la justice est très compliqué ! Il faut apporter la preuve, par huissier, que les dégâts sont bien dus aux choucas".
Peu de solutions
En attendant, les agriculteurs n’ont que peu de solutions. Semer plus profond ? "On en est déjà à 6-7 cm et les plants continuent à partir", constate Romain Louzaouen, président JA du canton de Saint Renan. Resemer ? "Les choucas s’en prennent à nouveau à la parcelle", affirme Mickaël Petton, vice-président FDSEA du canton de Saint Renan.
Utiliser des canons pour effrayer les oiseaux ? "Aussitôt, les riverains vont se plaindre en mairie, indiquent de concert les agriculteurs, qui demandent à leurs élus d’expliquer, via le bulletin municipal, l’intérêt de tels dispositifs. "Mais les choucas arrivent au lever du jour dans les parcelles. Difficile de mettre le canon en route à 5h30 ou 6h du matin".
"Pourquoi ne pas ré-autoriser l’enrobage des graines avec un répulsif, propose Jacques Le Bloas, président de Res’agri Brest. Ca marchait bien".
Simplifier les procédures
Localement, les agriculteurs doivent se rapprocher des chasseurs pour les tirs de prélèvement. "Il faut simplifier les procédures", estime Yvon Léon. Car les chasseurs, désormais plus âgés et moins nombreux, se découragent face aux contraintes. "Le rôle premier de la chasse est de maintenir les équilibres naturels, rappelle le président de la société de chasse de Saint Renan. Hormis l’Homme, le choucas n’a pas de prédateur. Et il vient prendre la place des autres oiseaux, appauvrissant la biodiversité". "Et ses dégâts ne se cantonnent pas au maïs", rajoute Thierry Marchal, évoquant les plants d’échalotes ou les mini-mottes de choux arrachés dans la zone légumière. "Sans compter les dégâts dans les parcelles de céréales, plus difficiles à quantifier".