Détruire mécaniquement les couverts avant échalotes
La réglementation "nitrates" impose une couverture totale des sols en hiver, par les cultures en place, ou des couverts qui doivent être maintenus au moins jusqu’au 1er février sauf si une culture de type légumière primeur est implantée à leur place. Dans ce cas, le couvert doit être maintenu au moins jusqu’au 15 décembre. Il doit être détruit mécaniquement, avec, là encore, une tolérance possible pour la destruction chimique avant cultures légumières pour les Cipan non gélives (hors parcelles à risque phytosanitaire élevé, et à plus de 10 m des cours d’eau et fossés).

Malgré cette dérogation, dans un contexte de réduction des usages phytosanitaires, des homologations de produits, et du retrait probable du glyphosate avec des restrictions d’usages annoncées courant 2021, un travail sur la réduction de l’utilisation des phytosanitaires et la destruction mécanique des couverts est engagé, notamment au sein de groupes Dephy et 30 000.
Afin d’accompagner les producteurs des bassins versants de l’Horn Guillec Kerallé dans cette transition, la chambre d’agriculture et le syndicat mixte de l’Horn ont proposé un rendez-vous ciblé sur la gestion des couverts avant culture d’échalotes, le 21 janvier dernier à Saint Pol de Léon.
La rencontre organisée chez un membre du groupe 30 000 "légumes" du Pays de Morlaix, a été l’occasion d’échanger sur les types de couverts à privilégier avant cette culture, sur le choix de matériel adapté à la destruction mécanique en fin d’hiver avant plantation d’échalotes , mais aussi sur les conseils "intercultures" et modalités d’implantation précoce offertes dans le cadre du plan de lutte contre les algues vertes (par ETA et Cuma).
Choisir les espèces
Avant échalote, en vue d’une destruction mécanique précoce, il faut privilégier les espèces gélives comme l’avoine diploïde, la phacélie, le trèfle d’Alexandrie ou la féverole. Il est en effet plus facile de détruire mécaniquement un couvert en fin de cycle qu’un couvert encore vigoureux en fin d’hiver comme pourrait l’être une graminée de type ray-grass ou seigle. Le trèfle incarnat est plus adapté pour des couverts à détruire courant avril.
Le mélange d’espèces améliore la couverture (densité) et permet de valoriser le couvert en SIE pour la PAC (biodiversité). Le trèfle a pour avantage de se dégrader facilement et d’accélérer la dégradation des résidus du couvert. Il est moins coûteux que la féverole et plus facile à semer (la part de légumineuses ne doit pas dépasser 20 % en nombre de graines dans le couvert). La phacélie n’est quant à elle pas recommandée sur les parcelles est à fort risque de sclérotinia. Pour l’échalote, la phacélie n’a pas d’incidence car les alliums sont sensibles au sclérotium et non au sclérotinia.
Destruction
En matière de destruction, en cas de développement important avant le 15 décembre il est réglementairement possible de passer un rouleau de type Faca ou Cambridge, qui va coucher et dégrader en surface les tiges du couvert, accélérant la sénescence des tissus. Cette opération est particulièrement efficace en cas de gel. En cas de broyage (après le 15 décembre), il n’est pas toujours nécessaire de passer le déchaumeur. Le labour peut être fait directement, en réglant les socs afin de mélanger les restes de couvert à la terre (pas de retournement complet en fond de raie pour une meilleure dégradation par la suite). Les déchaumeurs à disques indépendants, qui détruisent le système racinaire en surface (deux rails de disques), sont également des outils intéressants.
La limitation des passages d’outils est bénéfique à la culture d’échalote. Cela réduit les tassements à une période où les sols sont plus humides : l’enracinement est favorisé ainsi que la remontée d’humidité en période sèche. Aussi, si la structure est belle, le labour n’est pas indispensable.
Il a dit
Antoine Gardic, Saint Pol de Léon / Sur notre exploitation, cela fait deux ans que nous détruisons les couverts mécaniquement. Nous implantons un mélange d’avoine diploïde et de phacélie que nous faisons nous-mêmes car les mélanges tout faits contiennent souvent du radis fourrager, que nous souhaitons éviter. En effet le chou revient souvent dans nos rotations : pour limiter les risques de maladies et ravageurs, nous choisissons un couvert sans crucifères. Je sème le mélange en août après choux d’été ou en automne après potimarron, avec un semoir Delimbe fixé sur le déchaumeur à disques : 20 kg/ha d’avoine diploïde plus 5 kg de phacélie. Je cherche à bien couvrir mon sol pour éviter le développement de mauvaises herbes. Pour détruire le couvert avant échalote, je passe un coup de broyeur un peu en avance, ce qui permet de garder la portance du sol, puis le déchaumeur avant de charruer quand le sol est suffisamment ressuyé. Je n’ai pas rencontré de problèmes particulier dans ce contexte.