Énergie : le nouvel eldorado pour l’agriculture ?
C’est le titre un brin provocateur qu’a choisi Cerfrance Finistère pour animer ses assemblées territoriales. L’occasion d’examiner les solutions dont disposent les agriculteurs pour produire de l’énergie : des panneaux photovoltaïques pour vendre ou auto-consommer l’électricité, la méthanisation pour injecter du gaz dans le réseau, vendre de l’électricité voire même produire du froid grâce à la tri-génération.

Diminution des gaz à effet de serre de 40 %, de la consommation d’énergie fossile de 40 %, diminution de la part du nucléaire dans la production d’électricité pour atteindre 33 % d’énergie renouvelable… : pour tenter de contenir le réchauffement climatique, la France s’est fixée une feuille de route ambitieuse à l’horizon 2030 ! "Et suite aux manifestations des gilets jaunes, l’augmentation de la taxe carbone a été stoppée. Mais jusqu’à quand", s’interroge Anne Baley. Les énergies vertes ont le vent en poupe. Et les agriculteurs se lancent.
Une facture qui flambe
Ces dernières années, ils ont vu flamber leurs dépenses énergétiques. "Dans le département, entre 2005 et 2018, la facture est passée de 9 000 à 18 100 €", calcule la conseillère référente énergie au Cerfrance Finistère. Avec de grandes disparités selon les productions : 4 700 € en moyenne en viande bovine, 11600 € en lait, 21 100 € en volaille, 41 000 € en porc et 300 000 € en serre de tomate.
Pour tenter d’inverser la courbe, il faut commencer par se pencher sur sa consommation. "Un état des lieux permet de se positionner par rapport à des références, avant de mettre en œuvre des pistes d’action pour consommer moins : réglage du moteur des tracteurs, isolation et étanchéité des bâtiments, installation de pré-refroidisseurs en lait, d’échangeurs de chaleur en porc…".
Produire pour auto-consommer
"En gaz et électricité, les taxes avoisinent 30 à 35 % du prix du kWh, un chiffre qui devrait encore croître". Dès lors, il peut être intéressant de produire de l’électricité pour l’auto-consommer. Et de nombreux projets se développent depuis trois ans, notamment via des trackers ou des smartflowers, qui vont suivre la course du soleil tout au long de la journée. "Un projet à soigneusement calibrer", prévient Anne Baley. Car, même si la technologie évolue rapidement, "on ne sait toujours pas stocker l’énergie. Et pour le moment, les tarifs de rachat des surplus sont dissuasifs".
Sur un bâtiment neuf ou sur des toits bien orientés, des panneaux photovoltaïques peuvent être installés pour revendre la totalité de l’électricité produite. "Certes, les tarifs de rachat ont diminué. Mais le prix des panneaux aussi. Et la rentabilité est encore possible".
Injecter ou utiliser le gaz
On aurait tendance à l’oublier : outre la production d’énergie, la méthanisation a aussi un intérêt agronomique, avec la valorisation du digestat sur les terres de l’exploitation. "Comme le photovoltaïque, elle permet de diversifier les revenus. Et ces énergies vertes répondent aux attentes sociétales".
Si les premières installations devaient se doter d’une co-génération pour produire de l’électricité à partir du gaz produit, il est désormais possible de l’utiliser comme carburant pour tracteurs, bus ou camions, ou de l’injecter directement sur le réseau. "Et GRDF prend maintenant à sa charge 40 % des coûts de raccordement, ce qui facilite encore l’opération". Une option néanmoins réservée aux plus grosses installations. "Les autres peuvent valoriser la chaleur dégagée lors de la combustion du gaz pour chauffer bâtiments d’élevage ou maisons, séchoir à céréales, bassin à spiruline…". Nouvelle venue, la tri-génération permet aussi de produire du froid.
Si en méthanisation comme en photovoltaïque, les points de vigilance sont nombreux, il faut également avoir à l’esprit les conséquences fiscales, sociales ou juridiques de ces projets. "Et ne pas perdre de vue la cohérence globale de l’exploitation". Et la conseillère d’inciter les porteurs de projets à bien s’entourer au moment de se lancer. "À cette condition, la production d’énergie représente un vrai potentiel pour l’agriculture".
Cerfrance énergie
Vous avez un projet lié à la production d’énergie ? Vous souhaitez réduire votre dépendance énergétique ? Les Cerfrance de 14 départements du Grand Ouest viennent de mutualiser leurs compétences et de lancer Cerfrance énergie, qui propose ses conseils en méthanisation, éolien, photovoltaïque, co-génération en serre, consommation et auto-consommation d’énergie. L’occasion de bénéficier d’une expertise sur tous les domaines impactés par le projet : technique, économique et financier, juridique, patrimoine, fiscal et social...