Les huiles essentielles, une alternative aux phytos pour les échalotes
Pour répondre au cahier des charges ZRP, zéro résidu de pesticides, Damien Le Nan, producteur de légumes à Plougar (29), teste depuis trois ans déjà des huiles essentielles sur un quart de ses surfaces en échalotes et en oignon.

"Pour répondre à la demande sociétale, les acheteurs de mes légumes voulaient des échalotes ZRP, zéro résidu de pesticides", se souvient Damien Le Nan. L’agriculteur cultive une centaine d’hectares à Plougar (29), qui se partagent pour moitié entre légumes, échalotes, oignons, potimarrons, et céréales, blé, orge, maïs. Et la démarche de réduction des pesticides lui parle. Il essaie alors de trouver des solutions naturelles pour remplacer la chimie. Et avec son négociant, l’entreprise le Gall-Corre, à Plouénan (29), il décide de tester une nouvelle méthode, à base d’huiles essentielles d’ortie et de prêle. "Pour le moment, j’y ai engagé un quart de mes surfaces en échalote et oignon. Si ça marche bien, j’augmenterai progressivement les surfaces".
Revoir le fonctionnement de l’exploitation
"C’est une démarche globale, précise Emmanuel Lecompte. L’utilisation de produits de biocontrôle oblige à remettre en cause tout le fonctionnement de l’exploitation". Et le responsable technique du négoce Le Gall-Corre d’évoquer une plus grande prise en compte de l’agronomie, un raisonnement des rotations et des couverts végétaux… "L’objectif est de renforcer la plante afin qu’elle soit plus à même de se défendre". Ce qui passe aussi, pour la culture de l’échalote, par une diminution de la densité de plantation, avec un écartement de 19 cm entre les plants, contre 16 d’habitude, et un plus grand soin apporté au désherbage entre les planches. "Il faut créer des conditions favorables à la culture, avec une meilleure circulation de l’air entre les plants, afin d’éviter l’humidité".
Et une légère diminution de la fertilisation réduit un peu le développement de la végétation.
Observer
Utiliser des produits de biocontrôle pour lutter contre le botrytis ou le mildiou de l’échalote requiert aussi observation et anticipation. Et c’est ensemble qu’agriculteur et technicien prennent la décision de traiter. "Les traitements sont préventifs, en fonction des risques, de la météo…", détaille Emmanuel Lecompte. Ce qui peut obliger à sortir le pulvérisateur encore plus souvent qu’en culture conventionnelle et provoquer l'incompréhension des riverains. "Il faut qu’on arrive à expliquer cette nouvelle façon de faire. Peut-être avec des autocollants sur les pulvérisateurs ?" En attendant, les négociants ont fourni aux agriculteurs engagés dans la démarche des panneaux à apposer en bout de parcelle, précisant "ici, nous cultivons en agro-écologie. Nous utilisons des produits de biocontrôle".
Grandes cultures aussi
Cette nouvelle démarche, qui s’applique aussi aux cultures de fraises et de tomates sous abris, devrait s’étendre d’ici peu aux grandes cultures. "Les viticulteurs ont été précurseurs, indique Emmanuel Lecompte. Via le réseau Vert l’avenir, mis en place par le négoce agricole au niveau national, nous pouvons tirer parti des expériences des uns et des autres et progresser plus vite".
Vert l’avenir valorise les bonnes pratiques
Initié en 2017 dans la région Centre-Atlantique, le programme Vert l’avenir s’étend peu à peu à l’ensemble du territoire. Porté par les 345 entreprises de négoce agricole que compte la France, "il a été mis sur pied pour faire connaître nos métiers et nos savoir-faire, détaille Vincent Bernard, délégué de la région Ouest. Mais aussi pour communiquer auprès du grand public sur les efforts permanents d’adaptation des agriculteurs". L’occasion, pour les négociants, de faire connaître les innovations qu’ils proposent au quotidien. "Grâce à 96 stations météo connectées réparties sur le territoire, nous collectons des données fiables, pour une agronomie de précision", cite par exemple Régis Cann, directeur du négoce Le Gall-Corre. Couplée à des analyses de sol, une cartographie, réalisée grâce à un quad, permet de piloter les apports d’éléments fertilisants, phosphore, potasse ou calcium. "Pour l’azote, c’est la biomasse de la parcelle, récupérée grâce à des images satellite, qui nous permet d’adapter les apports sur la parcelle".