"Rallye cultures" : à la découverte de nouvelles variétés
L'autonomie protéique et l'empreinte carbone deviennent des sujets porteurs pour l'agriculture tant en termes d'économie que d'image. Certains agriculteurs prennent les devants en testant de nouvelles variétés. Chanvre, tournesol grain ou lupin bleu sont-ils l'avenir des parcelles bretonnes ?

Accompagnés par les chambres d'agriculture de Bretagne, deux groupes d'agriculteurs, souhaitant réduire leur consommation de pro- duits phytosanitaires, ont visité six parcelles cultivées en variétés nouvelles comme le tournesol, le lupin bleu, le chanvre ou encore le soja. "Un des moyens efficace pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires est une rotation plus longue et plus diversifiée, avec des familles de cultures différentes", explique Olivier Laborde-Debat, ingénieur du réseau Ecophyto des chambres d'agriculture. Les nouvelles cultures sont une opportunité d'allonger la rotation, encore faut-il qu'elles soient viables économiquement. "Pour être utilisée par les agriculteurs, la culture doit permettre la réduction des phytosanitaires, avoir une valeur économique et souvent aussi protéïque pour l'alimentation animale", assure le conseiller. Ainsi, une vingtaine d'exploitants a participé à un "rallye culture" pour échanger sur la conduite de cultures, la marge brute, les intérêts et les limites de ces nouvelles variétés. L'objectif : donner l’envie et les références nécessaires pour tester ces nouveautés.
Des variétés gagnantes?
Parmi les parcelles visitées, le lupin bleu a fait forte impression grâce à sa forte résistance aux maladies. Moins connu que son cousin le lupin blanc, il bénéficie d'un cycle plus long. Une mention spéciale est décernée cette année à l'orge de printemps. Beaucoup plus présente qu'à l'accoutumée en Bretagne, faute d'avoir pu semer les céréales d'hiver, la culture connaît un boom dans la région. "Nous pouvons aussi essayer de nouvelles variétés comme le tournesol grain. Il est désormais pos- sible d'en cultiver en sud Finistère grâce à l'évolution des variétés et au changement climatique. Nous arrivons à des rendements tout à fait corrects", estime Olivier Laborde- Debat. Beaucoup utilisé, majoritai- rement importé, la culture de soja est aussi testée en Bretagne. S'il peut être séduisant de produire soi-même son soja, les résultats suggèrent des rendements assez faibles. "Nous en sommes au début et nous gardons un œil sur la culture, pour le moment, le soja est en deçà d'autres cultures comme le lupin", estime l'ingénieur.
S'il peut être séduisant de produire soi- même son soja, les résultats suggèrent des rendements assez faibles
Le chanvre, un cas d'école
La conduite de culture du chanvre est elle aussi passée à la loupe par la vingtaine d'agriculteurs. Dithyrambique, le conseiller conclut à une plante quasi-parfaite. "C'est presque un cas d'école en agronomie, comme la luzerne ou le blé noir, le chanvre agit comme une culture "nettoyante". Avec un très fort développement végétatif, très rapide en début de cycle, elle étouffe les adventices et laisse la parcelle propre". Si la conduite de culture se veut très facile, la transformation peut s'avérer délicate lorsque l'agriculteur souhaite le faire lui-même (farine, huile...) pour maximiser la valeur ajoutée. Aujourd'hui, la Bretagne offre très peu de débouchés, des coopératives en Normandie et en Vendée proposent des contrats que ce soit pour un usage alimentaire ou pour de la construction. Une déclaration de la culture de chanvre à la DTTM s'impose toutefois pour éviter les surprises administratives.