Semer les couverts à la volée après ensilage ? Une technique à peaufiner !
L’idée était séduisante : semer les couverts végétaux à la volée aussitôt après ensilage de maïs permettrait une levée plus précoce, un meilleur développement de la végétation et un piégeage plus efficace des nitrates. Testée l’an passé sur le BV du Quillimadec-Alanan, la technique n’a pas donné satisfaction. Mais les essais se poursuivront cette année, avec d’autres modalités.
"Il est parfois compliqué de semer un couvert végétal aussitôt après ensilage de maïs, constate Denis le Hir. Les agriculteurs sont souvent débordés, les chantiers d’entraide s’enchaînant pendant quelques temps". Pourtant, après maïs comme après céréales, un semis précoce est gage de développement du couvert et de piégeage efficace de l’azote. "Il faut donc parvenir à simplifier ce semis", préconise le conseiller gestion des sols et fertilisation à la chambre d’agriculture. Sur le bassin versant du Quillimadec Alanan, c’est dans le cadre du programme STBFN, systèmes très basses fuites d'azote, qu’il a monté un essai, en partenariat avec l’agence de l’eau Loire-Bretagne, le conseil régional et la communauté Lesneven Côte des Légendes.
Comme pour les céréales
Ces dernières années, des essais ont été menés, notamment à la station expérimentale de Kerguehennec (56) et avec le Maxicouv, pour semer un couvert à la volée, avant même la récolte des céréales. "Pourquoi ne pas s’en inspirer pour le maïs ensilage", relate Denis Le Hir. Sur les terres du Gaec de Grimidou, à Plouider, il a comparé dans son essai deux techniques de référence, un semis de RGI sous couvert du maïs et un semis d’avoine, avec reprise superficielle du sol, à un semis à la volée, à une densité de 80 kg/ha et 120 kg/ha. A proximité, quelques bandes de sol nu servent de témoin.
La semaine dernière, la biomasse de chaque modalité a été récoltée. Et les résultats sont sans appel : si le semis de RGI sous couvert a produit 5,26 tonnes de matière fraîche à l’hectare, l’avoine semée se situe à 3,6 t, tandis que le semis à la volée a produit 1,49 t, à peine mieux que le sol nu, 0,84 t, essentiellement de mouron et pâturin. "Le semis à densité renforcée, lui, se situe à 1,89 t".
Des résultats décevants, ne cache pas le conseiller de la chambre d’agriculture, qui cherche encore une explication. "Un problème de capacité germinative des graines ? Un excès d’eau ? Des dégâts d’oiseaux ? L’automne prochain, l’essai sera reconduit, avec d’autres semences". Ailleurs en Bretagne, des semis ont aussi été réalisés par drone. "Mais il ne peut pas embarquer une grande quantité de graines".
Pour les génisses
Cet essai de semis à la volée a néanmoins eu pour mérite de mettre en évidence, une fois de plus, la supériorité du RGI semé sous couvert, au stade 6-8 feuilles du maïs. Une technique que le Gaec de Grimidou pratique depuis trois ans déjà et qui lui donne entière satisfaction. "D’habitude, l’ETA sème le RGI au semoir, avec passage de herse étrille. Cette année, nous étions trop tard : on l’a fait au Vicon". S’il végète tout au long du cycle du maïs, le RGI profite de la récolte pour "exploser" et couvre rapidement le sol. "Les génisses pourront le pâturer d’ici un mois".
Des sols plus vivants
"En moyenne, le maïs arrête d’absorber l’azote au 10 septembre, 40 jours après le début de la floraison, rappelle Denis Le Hir. Il est donc intéressant qu’un couvert prenne le relais à l’automne, une époque où, ici, il y a plus de minéralisation qu’au printemps". Mais l’intérêt du couvert ne se limite pas qu’à l’azote ! "Plus de biomasse, c’est aussi une mobilisation des autres éléments nutritifs, récupérés par les couverts végétaux, des sols plus vivants, une meilleure infiltration de l’eau, un moyen de lutter contre l’effet compactant de la pluie".