Coclicaux lève les freins de l’approvisionnement local des collectivités
La loi Egalim oblige la restauration collective à s’approvisionner pour partie au local. Mais les chefs de cuisine ne connaissent pas les producteurs et les artisans qui pourraient les fournir. Et ces derniers ne répondent parfois pas à ces marchés, faute de temps pour assurer les livraisons. Pour les aider, Nicolas Bonnet a imaginé Coclicaux, pour CO-livraison en un CLIC entre acteurs locAUX.
Publié le 18 juin 2020 - Par
Chantal Pape
Un peu comme le co-voiturage, qui consiste à proposer une place disponible dans un véhicule pour un trajet, la plateforme internet Coclicaux permet la mise en relation de professionnels de l’alimentation pour de la co-livraison et du co-stockage de produits à destination de la restauration et la petite épicerie. "L’idée m’est venue il y a deux ans et demi", raconte Nicolas Bonnet. Travaillant depuis une quinzaine d’années pour le laboratoire public Labocea, il y épaule régulièrement les chefs de cuisine et les agriculteurs se lançant dans la vente directe sur les volets hygiène et sécurité alimentaire.
Après une quinzaine d’années dans le secteur de l’hygiène et la sécurité alimentaire, Nicolas Bonnet vient de lancer la plateforme Coclicaux.
Un gain de temps précieux pour des agriculteurs qui doivent conjuguer au quotidien production, transformation et vente
Le frein de la logistique
Et c’est en échangeant avec les uns et les autres qu’il prend la mesure de leurs difficultés. "La loi Egalim et les collectivités incitent à l’approvisionnement au local. Mais les chefs de cuisine ne connaissent pas les artisans et producteurs qui, près de chez eux, seraient prêts à travailler avec eux". Et dans le même temps, les producteurs hésitent à répondre aux appels d’offre des collectivités, rebutés notamment par la logistique à mettre en place pour les approvisionner régulièrement, parfois pour de faibles volumes. "A 10, 20 voire 50 % du prix de la marchandise, le coût du transport peut vite devenir prohibitif".
Le déclic viendra alors qu’il accompagne une cuisine centrale, à la périphérie de Brest, à la mise en place d’un agrément sanitaire. "Elle disposait de vastes espaces de stockage au sous-sol. Pourquoi ne pas les proposer à des producteurs, qui y déposeraient leurs produits et profiteraient également de la logistique de la cuisine centrale pour les diffuser vers le centre ville de Brest et les communes avoisinantes ?" Un gain de temps précieux pour des agriculteurs qui doivent conjuguer au quotidien production, transformation et vente.
Se faire connaître
Même si le projet ne voit finalement pas le jour, l’idée mûrit tranquillement et s’étoffe au fil du temps. "La co-livraison, contre rémunération, intéresse des producteurs et des artisans qui ont un peu de place dans leur fourgon, à l’aller ou au retour, et ceux qui n’ont pas le temps de se déplacer. Chacun y trouve son compte, en gagnant du temps, en limitant coûts logistiques et émissions de carbone".
Le site coclicaux.fr voit le jour en avril dernier. "Il était prêt, indique Nicolas Bonnet. Nous n’avons pas voulu attendre la fin du confinement pour le lancer". Alors que la restauration collective est à l’arrêt, il en profite pour démarcher producteurs, artisans, cidriculteurs…, et les chefs de cuisine. "Une carte interactive permet aux agriculteurs de se faire connaître des professionnels de la restauration".
Et déjà, de premiers contacts fructueux se nouent entre les uns et les autres. "Une productrice de lait a trouvé une solution de co-stockage en froid négatif. Cela va lui permettre de lancer d’abord son activité de glaces à la ferme avant d’investir dans des chambres froides". Et un producteur de volailles, avec un fort besoin de stockage au moment des fêtes de fin d’année pour ses chapons et autres pintades, vient de trouver une solution pour cette période restreinte. "Pour le moment, j’ai démarché en Bretagne, Normandie et Pays de Loire, trois régions à forte activité agricole et artisanale, et que je connais bien".
Gratuit… ou presque
Agriculteurs, boulangers brasseurs, mareyeurs… l’inscription sur la carte interactive est gratuite pour les producteurs et artisans qui veulent se faire connaître. Tout comme elle l’est aussi pour les chefs de cuisine à la recherche de fournisseurs locaux. "Coclicaux prend simplement une commission sur la rémunération que vont percevoir ceux qui proposent co-stockage ou co-livraison, indique Nicolas Bonnet. Commission qui comprend, entre autres, l’assurance de la marchandise".
PRATIQUE : Vous êtes producteur en vente directe et l’idée de co-livraison et/ou de co-stockage vous séduit ? Retrouvez toutes les informations pratiques sur coclicaux.fr