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Celtic interconnector : comment limiter son impact sur l'agriculture ?

Pour permettre les échanges d’électricité entre l’Irlande et l’Union européenne, un câble reliera bientôt l’île au continent. Atterrant à Cléder, sur la côte nord du Finistère après 500 kilomètres en mer, il sera enterré pour rejoindre le poste électrique de La Martyre, à 40 kilomètres de là. Pour limiter les impacts sur l’agriculture, la FDSEA et la chambre d’agriculture se mobilisent.

Après concertation avec la profession agricole, un fuseau de moindre impact a été retenu. Et des échanges avec les 130 agriculteurs concernés naîtra le tracé définitif de Celtic interconnector, la ligne électrique qui, en 2026, joindra l’Irlande au reste de l’Europe.

C’est en 2012 que l’interconnexion France-Irlande a été inscrite au SDDR, le schéma décennal de développement du réseau de transport d’électricité. Devant "favoriser la circulation d'électricité, rendre le marché plus ouvert, renforcer la sécurité d'approvisionnement entre pays en cas d'imprévus, pic de consommation ou incident technique", elle est reconnue, un an plus tard, comme "projet d’intérêt commun" par l’Union européenne.

 

Limiter les préjudices

Depuis, les études se sont multipliées pour choisir le meilleur tracé. Portée par RTE, gestionnaire du transport de l’électricité en France, et son homologue irlandais EirGrid, l’interconnexion reliera finalement le poste électrique de Knockraha, à l'est de Cork, à celui de La Martyre, via une liaison souterraine de 35 km en Irlande, 500 km en mer et 40 km dans le Finistère. Une première réunion, le 29 janvier 2019 à La Martyre, a permis de découvrir les différents fuseaux retenus et de lancer une phase de concertation de deux mois.

"Il a fallu tenir compte de nombreuses contraintes, explique Jérôme Vacquet. Éviter les agglomérations, la base aéronavale de Landivisiau, les entreprises ou les monuments historiques, traverser l’Elorn…". L’agriculture a aussi eu son mot à dire. "On ne peut pas s’opposer au projet, constate le conseiller aménagement à la chambre d’agriculture. Mais on peut faire en sorte de limiter les préjudices que vont subir les agriculteurs".

Menées par la FDSEA et la chambre d’agriculture, les réunions de concertation ont permis à chacun de faire valoir ses arguments. "Mais le tracé général, fixé en juillet 2019, ne nous convenait pas", rappelle Bernard Le Saint, élu à la chambre d’agriculture, en charge du dossier de l’interconnexion. L’affaire remonte jusqu’au ministère, et la profession obtient finalement gain de cause.

Recueillir un maximum d'informations permettant de choisir l'implantation définitive la moins dommageable.

Un fuseau de moindre impact

Large de quelques mètres à 200-300 mètres par endroits, un fuseau de moindre impact a été retenu, et le projet rentre maintenant dans sa phase numéro deux. "Nous allons lancer une étude agricole et contacter les 130 agriculteurs travaillant des parcelles dans ce fuseau d’ici mi-avril", détaille Jérôme Vacquet. L’objectif ? "Utiliser les routes, les bas-côtés, les bords de champ pour faire passer la ligne, en évitant autant que possible de passer au travers des îlots cultivés".

Enfouie à 1 mètre de profondeur, protégée par un grillage avertisseur à 80 centimètres, la ligne ne supporte ni stockage au champ ni construction. "Elle doit donc s’écarter le plus possible des bâtiments, afin de permettre leur extension future".

Lors d’entretiens individuels, le conseiller va recueillir un maximum d’informations permettant de choisir l’implantation définitive de la ligne de manière la moins dommageable : assolement, projets de création de bâtiments d’élevage ou de stockage, présence de drainage ou d’irrigation, de points d’eau ou de forages, de réseaux privés, parcelles engagées dans des MAEC ou cultivées en TCS… "Nous allons aussi repérer les clôtures pour préparer déjà la phase des travaux".

Après validation du tracé final par RTE, ils devraient démarrer début 2022 pour s’échelonner jusque fin 2025. "Là encore, la chambre d’agriculture sera présente pour veiller aux intérêts des exploitants et des propriétaires", assure Bernard Le Saint.

 

Favoriser le développement des énergies renouvelables

Le projet Celtic interconnector prévoit une capacité d’échange de 700 MW, soit l'équivalent de la consommation d'environ 450 000 foyers. Après passage dans une station de conversion en Irlande, la ligne va acheminer le courant en continu jusqu’à la station de conversion de La Martyre, construite à proximité immédiate du poste électrique. Ou vice-versa, le courant pouvant circuler dans les deux sens.
L'Irlande prévoit de s'engager dans un développement de l’électricité éolienne, principalement terrestre. L’interconnexion lui permettra de bénéficier de la complémentarité entre l'île et le continent puisque, avec des régimes de vent différents, les productions ne sont pas simultanées. L’Irlande pourra donc compenser de manière plus sécurisée la baisse instantanée de sa production éolienne ou vendre le surplus.

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