Gagner en efficacité du travail par des vaches nourrices
En système herbager depuis 2002, Jean-Michel a converti son exploitation en bio en 2016. L’objectif aujourd’hui est de privilégier l’approche travail sur son exploitation tout en étant performant économiquement. La monotraite a été mise en place en 2019, les vêlages se concentrent sur le printemps, et les génisses de renouvellement sont élevées par des nourrices depuis cette année.

"J’avais des appréhensions sur cette technique. Sur la relation homme/animal et sur la proximité d’une route avec le risque des animaux en divagation. Finalement, après une visite chez Gérard Grandin, éleveur dans l’Orne, j’ai eu un coup de cœur. Cette technique est en cohérence avec mes objectifs de travail sur mon exploitation. J’ai aussi aimé ce lien qu’entretient l’éleveur avec son troupeau et les notions de bien-être qu’il s’en dégage".
12 heures après vêlage, les veaux sont séparés des mères en cases individuelles, puis collectives. Des vaches issues du troupeau sont sélectionnées pour leur instinct maternel ou pour des petits pépins sanitaires. Elles deviendront nourrices si la période d’adoption se passe bien. Effectuée en bâtiment cette période dure environ une semaine. Trois veaux sont présentés à une vache bloquée au cornadis. À la mise en place, le repas et la traite du matin ne sont pas réalisés afin de faciliter l’adoption. « Il ne faut pas insister. Si la vache ne souhaite pas adopter, il faut la remplacer !".
Le troupeau est ensuite dirigé au pâturage. Un petit paddock a été aménagé proche des bâtiments avec un grillage à mouton et un double fil en clôture. En contact avec les mères, les veaux s’adaptent naturellement à l’enclos. Fonctionnant avec des paddocks en pâturage tournant, l’alimentation des vaches se fait exclusivement à l’herbe au printemps. Du maïs deshydraté plante entière est apporté début d’été afin d’éviter un amaigrissement des vaches nourrices."J’évite qu’elles fondent trop et cela me donne l’occasion d’aller voir le troupeau tous les jours". Pour cette première année, l’écart d’âge entre les veaux est de 2,5 mois. L’éleveur a donc sevré une partie des veaux à 6 mois pour éviter la concurrence lors des tétées. "Je suis encore en rodage, mais cette première année d’expérience me conforte sur le choix de cette technique et la cohérence avec mon système de production. J’avais des craintes au préalable mais finalement elles ne sont pas avérées. J’apprécie également cette nouvelle relation et cette notion de bien-être entre l’animal et l’éleveur".
Les avantages des nourrices vus par les éleveurs
Travail
• Moins de travail d’astreinte et de pénibilité, mais un travail de suivi renforcé et un contact régulier.
Bien-être
• Une relation différente à l’animal et une meilleure relation adulte-jeune (succion, maternage et apprentissage).
Performances
• De meilleures performances zootechniques et sanitaires des animaux
• Des croissances élevées
• Une quasi-disparition des diarrhées
• L’acquisition d’une résistance contre les parasites internes
Economie
• Une bonne efficacité économique de cette conduite
• Autonomie alimentaire préservée