Détruire des couverts végétaux sans glyphosate
Le confinement, mis en place à la mi-mars l'an dernier, avait interdit la tenue d’une démonstration de destruction mécanique de couverts végétaux. C’est avec un an de retard que la chambre d’agriculture et les bassins versants du Quillimadec et de l’Alanan (29) ont enfin pu convier les agriculteurs à découvrir le travail effectué par le Dyna-drive et les déchaumeurs, à dents ou à disques.

"Plus on aura de biomasse, plus on aura de services rendus par le couvert végétal", rappelle Denis Le Hir, conseiller à la chambre d’agriculture, en citant la fixation de l’azote mais aussi la protection du sol contre l’érosion ou la limitation du salissement des parcelles. Le 24 mars dernier, les agriculteurs de la zone légumière ont pu découvrir deux essais à Kerlouan (29). Après haricot industrie, un mélange avoine et féverole de printemps a été semé début septembre. "Si la féverole est en floraison, l’avoine est en fin de cycle et se dégrade, constate Denis Le Hir. Et la parcelle a commencé à se salir". Avec une biomasse aérienne estimée à 1,48 t MS/ha, l’azote mobilisé est de l’ordre de 45 kg/ha, pour une estimation de l’azote restitué à 19 kg/ha.
Un apport d’azote et de matière organique
A proximité, c’est une avoine d’hiver qui a été semée fin septembre après une récolte de maïs ensilage. "Elle est en début montaison, ce qui va rendre sa destruction plus compliquée", note Denis Le Hir. Si la biomasse est du même ordre, 1,46 t MS/ha, la quantité d’azote mobilisé est moindre, 35 kg/ha, tout comme l’azote restitué, estimé à 10 kg/ha. "Les couverts végétaux vont également restituer du phosphore et de la potasse, du soufre et du magnésium, complète le conseiller. Et l’apport de matière organique stable par le couvert végétal se chiffre à 0,4 t/ha quand la perte annuelle est estimée à 1,5 t/ha dans la région".
Plus on aura de biomasse, plus on aura de services rendus par le couvert végétal.
Arracher et brasser
La démonstration de destruction de couverts végétaux a permis de voir à l’oeuvre le Dyna-Drive de Bomford un outil encore peu courant dans nos régions, même si on en compte quelques uns dans les Cuma du Trégor finistérien et chez des légumiers de Côtes d’Armor. "C’est un cultivateur rotatif à deux axes horizontaux auto-entraînés, détaille Marc Gontier, représentant de Quitté distribution. Le premier axe entre en mouvement grâce à l’avancement du tracteur et entraîne le second, qui tourne trois fois plus vite". Si le premier arrache les racines, le second brasse ensuite la végétation, "et laisse un terrain nivelé, sans tas". La profondeur de travail, maîtrisée grâce au rouleau arrière, peut aller jusqu’à 15 cm, pour une vitesse allant de 6 à 15 km/h, en fonction des chantiers. "Sur un terrain avec des pierres, mieux vaut ne pas aller trop vite", conseille Marc Gontier, qui met aussi l’accent sur un entretien simplifié du Dyna-Drive. "Il n’a ni boîtier ni prise de force". Si les conditions humides de la démonstration n’étaient pas idéales, la marque conseille de laisser sécher les racines avant de passer l’outil une seconde fois.
Avec ou sans broyeur
Plus courant en exploitation, le déchaumeur à disques peut également être utilisé, aux alentours de 8,5 km/h pour une profondeur de travail de 5-10 cm. "Mais si la féverole est trop développée, les tiges passent à travers les disques et il faut prévoir un broyeur à l’avant", prévient Loïc Lyvinec, producteur de légumes bio à Kerlouan, en présentant son déchaumeur Diskator Quivogne, avec deux rangées de disques, un peigne et un rouleau cage. "J’y ai ajouté une trémie et je m’en sers aussi pour semer rapidement des couverts végétaux nécessitant une grande quantité de semences à l’hectare".
Équipé de dix dents, réparties sur trois rangées, d’une rangée de disques niveleurs et d’un rouleau, le déchaumeur Blackbear, de Quivogne, dispose d’un gros dégagement sous bâti, ce qui lui permet d’être efficace, y compris sous couvert développé. "Il travaille à 7-9 km/h, détaille Loïc Lyvinec. Et je peux l’équiper d’ailettes pour scalper les vivaces : en bio, il ne faut pas se laisser déborder par les adventices". Ce matériel étant déjà lourd, il a préféré un rouleau cage. "C’est un outil modulable et polyvalent".
À chaque couvert son outil
"Le déchaumeur va suffire à détruire un couvert peu développé, précise Denis Le Hir. Par contre, lorsque ce dernier dépasse une hauteur de 50 cm, il faudra prévoir un passage de broyeur ou de rouleau écraseur pour un couvert sec et ligneux, en fin de cycle, un rouleau écraseur pour un couvert gélif, un broyeur ou un rouleau hacheur pour un couvert non gélif".