Le prix des petits pois dans l'assiette des enfants à la cantine

Depuis le 1er novembre 2019, toutes les cantines scolaires publiques et privées françaises, de la maternelle au lycée, doivent proposer au moins un menu végétarien (sans viande ni poisson) par semaine. Cette mesure menée à titre expérimental pendant deux ans, était inscrite dans la loi Egalim. Elle avait été réclamée par les associations environnementalistes voire certaines fédérations de parents d’élèves. Est-elle aujourd’hui un progrès ? Greenpeace mettait en avant le besoin de modifier l’affectation des terres pour éviter l’érosion de la biodiversité dans le monde. La même association - et bien d’autres - militaient pour la réduction des GES, dont l’alimentation serait à l’origine de 24 %, en particulier du fait de l’élevage, cité comme "le secteur le plus émetteur, […] associé à l’importation de soja issu de pays à hauts risques de déforestation et de dégradation des terres". La mise en place de ce menu végétarien a été très ponctuellement une réussite quand les personnels se sont formés et investis pour acheter les légumes locaux, les ont transformés et ont réalisé un travail de fonds sur un plan qualitatif, avec des agriculteurs voisins. Mais quelle a été la proportion ? Ces menus végétariens sont l’apanage des grandes villes (80 %) et plafonnent à 50 % dans nos petites écoles de moins de 100 élèves, comme dans les banlieues et les quartiers défavorisés. Pourquoi ?
Greenpeace fait le constat dans les lycées, que la moitié de ces menus sont composés d’omelettes ou d’oeufs durs, et un quart des menus composés de galettes de soja dans les écoles primaires. Où est l’apprentissage des goûts et de la diversité ? On a remplacé dans les assiettes, les viandes qui consommaient un peu de tourteau de soja, par du soja en galettes compressées, triturées, malaxées voire hyper-transformées. Un progrès sur un plan alimentaire et nutritif ? Sur un plan gustatif ? En matière de gaspillage alimentaire ? … J’en doute, quand j'entends les retours des maires des petites communes qui m'entourent !
Pendant mes années collège, le vendredi était le jour du poisson... maigre ! Je ne me lancerai pas dans des comparaisons idéologiques, mais l’important hier comme aujourd’hui n’est-il pas l’apprentissage de la diversité plus que le dogmatisme, la variété plus que l’interdiction ? La qualité et le goût plus que l’idéologie ?
D’autant que l’on a oublié l’essentiel : dans nos cantines le prix matière d’un repas n’atteint pas les 2,00 €. Comment s’étonner que le poulet vienne du Brésil et la lentille du Canada ? Un menu végétarien financé par l’achat de viandes qui proviennent de l’autre bout de la planète ... il y a là une logique qui me dérange (et j’oublie le bilan carbone... !)
Quel est le prix réel du petit pois dans l’assiette de nos enfants ? C’est peut être la question qu’il faudrait se poser, en termes gustatif, nutritionnel, économique et social chez nous ?
Mais a-t-on envie d’aller jusque là ?