Stocker, trier pour ssurer sa qualité de grains

- Quel est l'intérêt du stockage des céréales à la ferme pour les producteurs ?
Benoît Nezet. Plusieurs raisons peuvent inciter les producteurs à investir dans des outils de stockage et de triage des céréales. La première concerne les producteurs/transformateurs qui doivent impérativement conserver la qualité des grains et assurer une traçabilité constante entre la culture et le produit fini. L'autre raison principale à l'investissement est le développement des filières céréales, notamment en agriculture biologique. De plus en plus d'agriculteurs vendent des lots commerciaux et les collecteurs/stockeurs n'ont pas toujours la logistique adéquate pour traiter tous les volumes en même temps. Ainsi, il est régulièrement demandé aux exploitations de faire le "tampon" sur deux ou trois mois en stockant dans les fermes.
- Cette tendance s'observe plutôt en agriculture biologique ?
B.N. Si certains agriculteurs en production conventionnelle investissent dans le stockage, la majorité des équipements s'installe en agriculture biologique. C'est une filière où il faut assurer la traçabilité, du grain à la production, or c'est parfois difficile si l'on achète ses céréales, notamment à l'étranger. La garantie de la bonne transformation du grain est également essentielle pour la transformation. Enfin, le stockage et le triage à la ferme permettent d'assurer une meilleure qualité au niveau du nettoyage des grains, notamment en bio où la propreté de la récolte n'est pas toujours optimum et où la diversité des cultures est plus importante. Un critère qui compte lors de la vente de lots commerciaux où des barêmes de propreté sont appliqués, il est donc nécessaire que les mélanges de graines soient bien triés. Le prix des céréales, même si les rendements sont inférieurs à ceux des pratiques conventionnelles, permet également de pouvoir investir plus facilement et d'amortir plus vite ses équipements.
- Le stockage est-il accessibles à tous ?
B.N. Pour ceux qui souhaitent se lancer dans le stockage, quelques règles, notamment sur la maitrise de la ventilation et la gestion des palliers, sont à appliquer. Suivant les outils, ventilation, séchoir, décortiqueur, ou trieur, les connaissances peuvent être multiples mais restent abordables. La rigueur est cependant une qualité essentielle à la réussite de cette activité. Des formations pour connaitre les techniques de base ou échanger entres propriétaires d'équipements existent. La prochaine aura lieu le 23 février prochain en Ille-et-Vilaine.
Un investissement rentable
Une dizaine d'agriculteurs de la Cuma des Ajoncs dans les Côtes d'Armor ont investi en 2017 dans un trieur rotatif mobile. Un équipement uniquement utilisé en bio, qui a coûté 70 000 €, (40 % de subventions par la Région Bretagne et le Conseil Départemental 22). "Le groupe de départ est passé de 10 à 40 personnes, ce qui nous a permis d'amortir plus facilement l'outil et de proposer une prestation intéressante aux adhérents", explique Erwann Henry, en charge de l'outil pour la Cuma. Après une première saison à 150 €/heure, l'utilisation de la machine revient aujourd'hui à 50 €/heure. "Sachant que nous pouvons passer entre 1 et 4 tonnes de volumes en fonction du type de céréales", précise l'agriculteur. Avec un outil saturé, les tarifs de la Cuma sont devenus plus intéressants que ceux des services de prestations qui affichent un coût de 60 €/h. "Outre le prix, nous avons aussi largement gagné sur la qualité du triage. Certaines fermes adhérentes souhaitaient se lancer sur le marché de l'alimentation humaine, il nous fallait donc un triage irréprochable. Aujourd'hui, nos grains peuvent passer directement à l'usine au vu de leur propreté", se réjouit l'agriculteur. En Côtes d'Armor, un outil similaire est en utilisation au Nord-Ouest du département et un projet est à l'étude dans le Sud. La Cuma des Ajoncs, elle, réfléchit à investir dans un outil complémentaire, le trieur alvéolaire, pour servir l'ensemble du département.
Pour en savoir plus : Vos contacts par territoires
Côtes d'Armor :
Ouest / Sarah Bascou, 06 73 36 93 88,
Est / David Bouvier, 06 30 12 42 42 - Anne Laporte, 06 33 07 83 14,
Sud / Claire Poyac, 06 77 32 91 21.
Finistère :
Sud / Paul Landrain, 07 89 67 22 26,
Nord / Benoît Nezet, 06 88 27 89 92.
Ille-et-Vilaine :
Nord / Soazig Perche, 06 22 53 21 35,
Sud Ouest / Lionel Quere, 06 22 53 21 41.
Morbihan :
Christèle Burel, 06 37 79 84 47,
Est / Clarisse Boisselier, 06 30 98 19 24,
Ouest / Caroline Cocoual, 06 32 42 62 15.