Elevage de chevaux de saut d'obstacles et centre de reproduction
Passionnée d’équitation, c’est tout naturellement que Sophie Mazé est passée à l’élevage avec ses juments de concours, avant d’en faire son métier. Rajoutant une nouvelle corde à son arc, le haras d’Amaury propose aussi mise à la reproduction et surveillance du poulinage.

"Les choses se sont faites naturellement". Passionnée d’équitation, Sophie Mazé s’essaie aux concours, achète un cheval puis un autre… "Et j’ai eu envie de faire saillir mes premières "vieilles" juments". Faire naître un poulain, le débourrer… lui plaît et elle continue à développer l’élevage de chevaux de saut d’obstacle, jusqu’à l’acquisition d’une ferme d’une trentaine d’hectares en propriété et autant en location, dans le pays bigouden. "En 1994, ce n’était pas très compliqué, se souvient-elle. Ça le serait sans doute plus aujourd’hui".
Uniquement en herbe
Hébergeant entre 60 et 80 chevaux en hiver, 150 au moment de la mise à la reproduction, l’exploitation est entièrement consacrée à l’herbe. "J’achète la paille et le foin dont j’ai besoin chez des agriculteurs voisins, et l’aliment auprès de Nutréa".
Ici, les chevaux restent dehors toute l’année. "Dans l’une de nos parcelles, ils ont accès à un hangar, indique Sophie Mazé. Mais ils n’y vont que rarement, en été, pour se protéger du soleil. En hiver, les jours de tempête, on les retrouve collés les uns aux autres, le long d’un talus, les fesses contre le vent". Néanmoins, l’élevage dispose d’une trentaine de box, pour abriter les chevaux qui sont montés tous les jours. "Ça leur évite de prendre froid après l’exercice. Et c’est plus simple pour nous".
Comme toutes les exploitations agricoles, l’élevage peut prétendre aux aides Pac et, avec un assolement uniquement basé sur l’herbe, sans phytos, aux MAE. "C’est mon comptable qui m’en a parlé et remplit les dossiers, tous les ans".
De la naissance aux concours
Faisant naître les poulains, le haras d’Amaury assure aussi leur mise en valeur, en les débourrant. Et s’il en commercialise quelques-uns à trois ans, la majorité sera vendue entre quatre et sept ans, après avoir participé à des concours et fait leurs premières preuves. "Les ventes, aux particuliers comme aux professionnels, ont lieu un peu toute l’année, précise Sophie Mazé. Avec un pic en janvier-février : à deux mois des premiers concours, les cavaliers commencent à réfléchir à leur monture". Au fil du temps, l’affixe de l’élevage*, d’Amaury, s’est fait connaître. "Nos chevaux sont désormais présents dans les plus grands concours. Et l’un d’eux a même participé aux Jeux olympiques". Très connu dans le milieu du saut d’obstacles, Quidam de Revel compte de nombreux descendants et est aujourd’hui la souche principale de l’élevage.
Une reproduction suivie de près
Centre de reproduction, le haras d’Amaury voit doubler son effectif de chevaux de mi-mars à fin septembre. "Les gens qui n’habitent pas trop loin font l’aller-retour dans la journée avec leur jument, précise Sophie Mazé. Les autres nous les laissent en pension au moment des chaleurs, jusqu’à ce qu’elles soient confirmées pleines". Un travail de spécialiste ! "De plus en plus, on utilise des étalons connus, avec peu de paillettes disponibles". Il faut alors déterminer précisément le moment de l’ovulation.
"On repère un follicule intéressant à l’échographie et on le surveille toutes les quatre heures, y compris la nuit, pour inséminer au moment le plus propice". Des étapes qu’elle réalise elle-même, ayant suivi une formation à l’insémination, en partenariat avec un vétérinaire. Même si l’élevage possède quelques étalons, il ne pratique jamais de saillie naturelle, optant toujours pour un prélèvement de la semence sur mannequin. "Il y a beaucoup moins de risques pour l’étalon comme pour la jument, explique Sophie Mazé. De plus, un seul saut fournit largement de quoi servir trois juments. Et on évite ainsi les problèmes sanitaires : si l’étalon est sain, car suivi régulièrement, on ne connaît pas toutes les juments".
Des nuits agitées
Gourmande en temps, la reproduction se déroule en même temps que le poulinage, la gestation durant 11 mois, plus ou moins 15 jours. "C’est beaucoup de travail, indique Sophie Mazé. Il se déroule toujours en box, avec caméra de surveillance et ceinture de poulinage". Mais impossible de prévoir à l’avance quand il aura lieu, les juments n’ayant que peu de signes avant-coureurs. "Les nuits sont agitées à cette époque-là". Puis vient la saison du débourrage des poulains. "Là aussi, c’est du travail. Mais on ne se lève plus la nuit…".
Chronophage, l’élevage de chevaux est affaire de passionnés. "En saison, on y est 24h/24 ou presque", reconnaît Sophie Mazé. Et le remplacement n’est pas simple à gérer. "En cas de besoin, on peut trouver quelqu’un qui viendra deux-trois jours avant, histoire de prendre ses marques. Et il reste toujours quelqu’un de la maison pour le diriger". Ayant fait de sa passion son métier, Sophie Mazé a transmis le virus à son fils, qui travaille avec elle et devrait prendre la suite. On devrait voir pendant encore longtemps leurs chevaux s’ébrouer dans les paddocks de l’élevage et se distinguer dans les concours nationaux ou d’ailleurs !
* Nom de l'élevage d'origine
L'EXPLOITATION EN BREF
➤ 60 ha de SAU, ➤ 3 UTH, aidés de stagiaires, ➤ 60 chevaux en hiver, ➤ 150 au moment de la reproduction.