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Avec les JA 35, les pesticides portés au débat

À Saint-Méen-le-Grand, le 4 juillet, les Jeunes agriculteurs d'Ille-et-Vilaine avaient invité agriculteurs et citoyens à ouvrir le débat en soirée sur la question des pesticides. L'occasion de montrer concrètement tout ce qui est fait dans le sens d'une réduction des intrants.

Historique de la chimie, évolution des consommations des pesticides en Europe et dans le monde, explication des actions engagées pour allers vers moins de produits phytosanitaires... autant d'éléments sur lesquels Anne Courtois, qui accompagne les exploitants à la chambre d'agriculture sur la réglementation, a fait le point en introduction de la table-ronde, organisée en amont de la fête de l'agriculture qui aura lieu les 24 et 25 août. Houe rotative, herse étrille, bineuse... Du matériel de substitution existe et le numérique permet aussi d'améliorer la précision. "En 2018 en Bretagne, 70 % des pulvérisateurs sont équipés de buses", souligne Anne Courtois. Un chiffre plus important que la moyenne nationale. "Et si on traite la nuit, ce n'est pas pour se cacher, mais parce que c'est plus efficace", ajoute un éleveur.

Du côté de la réglementation, elle évolue constamment, elle est aussi de plus en plus complexe et contraignante. "Au fur et à mesure de l'évolution des connaissances, on a de plus en plus de restrictions, avec la suppression de certaines molécules", confirme Florence Fernandez de la Draaf. On attend d'ailleurs prochainement le nouveau décret sur la protection des riverains.

Témoignage d'éleveur

En toute simplicité, Freddy Faucheux, agriculteur en production porcine à Erbrée, a livré son témoignage : "Petit à petit, j'ai fait évoluer mes pratiques". Ainsi, proche d'un captage d'eau, il a décidé de signer une mesure agro-environnementale, ce qui lui permet de "faire des essais, prendre des risques". Réduction des doses, variétés plus résistantes, mélange de variété, allongement des rotations... il agit sur plusieurs leviers. "Le plus difficile, c'est de réduire les herbicides", confie-t-il, tout en acceptant de concéder une baisse de rendement. Pour se former à ces changements de pratiques, Freddy Faucheux s'est appuyé sur l'accompagnement collectif et fait partie du groupe 30 000, groupes d'agriculteurs engagés en France dans la réduction de l'utilisation des phyto. "J'ai aussi simplifié mon système d'élevage pour me consacrer davantage aux cultures. C'est plus compliqué mais c'est passionnant et j'ai retrouvé mon autonomie décisionnelle sur mon exploitation", se félicite l'éleveur. Pour autant, interrogé par une personne de la salle, sur sa volonté de passer en bio, Freddy Faucheux répond que ce n'est pas son intention. "Je n'ai pas fini de rembourser mes emprunts et mes bâtiments ne seraient pas adaptés. Moi, je préfère prendre en compte toutes les problématiques environnementales sur mon exploitation et réduire mon empreinte carbone".

Ingénieur au sein du réseau Dephy, David Bouillé, de la chambre d'agriculture de Bretagne, est un témoin privilégié de l'évolution des pratiques agricoles sur la question des intrants. "C'est important de prendre le temps de faire un pas de côté et d'avoir du recul. Réduire les doses, c'est assez simple. Le plus dur, c'est de changer de système en augmentant les rotations. D'autant que l'on a tendance à perpétuer ce qui était fait avant". Pour David Bouillé, des marges de manœuvre existent et certains agriculteurs se sont déjà saisis de ces questions et avancent, à condition de leur donner du temps. Il pointe aussi un paradoxe qui interroge. La démographie agricole pousse à l'agrandissement. Or, les agrandissements s'accompagnent souvent d'une simplification de systèmes, alors que la baisse des phyto, c'est plus de complexification.

 

 

Démarche de progrès

Directrice du groupement de producteurs légumiers Terres de Saint-Malo, Clarisse Galet a elle aussi vu beaucoup de choses se mettre en place. À titre d'exemple, seulement 20 % des choux fleurs sont aujourd'hui désherbés chimiquement. Il y a aussi des méthodes de piégeage, qui permettent de déclencher des alertes le cas échéant.

"De manière générale, nous sommes dans une démarche de progrès et la seule chose qu'il faut nous donner, c'est du temps", a souligné Cédric Henry, président de la FDSEA 35. Et Jimmy Guérin, son homologue de JA 35, de conclure : "Nous défendons tous les modes de production et nous devons continuer à progresser dans le même sens avec deux objectifs majeurs : produire une alimentation de qualité et assurer le maintien d’exploitations viables, vivables et transmissibles".


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