Comme une aire de liberté pour les truies en maternité
Sur l'élevage naisseur-engraisseur d'Anne Perrot à Plourhan en Côtes d'Armor, des cages maternité liberté mises en route en 2018 permettent aux truies d'être libérées avant et après la mise-bas.

Dix ans après son installation, Anne Perrot s'est lancée un nouveau défi, celui de faire évoluer son élevage en y intégrant des aspects de bien-être animal. 72 cases maternité liberté équipent depuis 2018 deux salles du nouveau bâtiment maternité d'un élevage de 400 truies naisseur-engraisseur qu'elle gère avec trois salariés.
Des truies libres de bouger
C'est en 2014 que débute le projet de rénovation de l'atelier maternité, à une période où la conjoncture est particulièrement mauvaise. Son choix porte alors sur l'installation de cages "balance". Mais le virage brutal subi par la filière œufs en matière de bien-être animal interroge Anne Perrot. Elle décide de prospecter lors du Space 2016... "Avant d'investir, j'ai contacté les trois seuls équipementiers en case "liberté", rapporte-t-elle. En contact avec la société I-Tek sur un projet de bâtiment "Isotek", elle entame un travail conjoint avec l'entreprise pendant 6 mois afin de mettre au point une case maternité liberté. Le prototype qui en découle est réalisé totalement à la carte. Il s'agit d'une grande case de 7,2 m² (2,40 x 3 m). "Je suis partie du principe que la truie puisse tourner. Je voulais aussi un accès facile à la pipette et au nid par un couloir. Et il fallait vraiment une différence entre l'ambiance de la salle et du nid". Avec un coût de 4 600 € la place, et pour entrer dans le budget initial, le nombre de cases est alors réduit. "Je voulais un investissement global, le même qu'initialement", note Anne Perrot. Elle a donc renouvelé 72 places de maternité et conservé d’anciennes cases pour assurer la conduite du troupeau, dédiées aux truies les plus âgées.
Dans le même temps, l'éleveuse fait le choix de changer de génétique, elle opte pour la génétique danoise et "son recul sur la case liberté". De même, dans un souhait de bien-être et de meilleure robustesse des porcelets, la conduite en 10 bandes avec un sevrage à 21 jours évolue en une conduite à 7 bandes avec un sevrage
à 28 jours
Le sevrage est plus facile, la venue en chaleur et la fertilité des truies sont meilleures.
Une grande case, une toile de jute à manipuler
Deux salles de maternité, soit 72 cases au total, sont construites en 2017, dans un bâtiment baigné de lumière naturelle et équipé de poteaux de type suisse assurant la ventilation par dessus les cases où sont logées en priorité les plus jeunes truies. Sept jours avant la mise-bas, les truies entrent en maternité et sont bloquées seulement 2 à 3 jours avant le terme. La truie, afin de s'occuper et de préparer son nid, dispose d'un morceau de toile de jute. Avant la mise-bas, un chemin de carton est posé au sol pour aider les porcelets à rejoindre le nid et lutter contre le froid. Une lampe chauffante est ajoutée derrière la truie. Carton et jute rejoignent ensuite le nid des porcelets nouveaux nés. Cinq à sept jours après la mise-bas, si seulement la santé des porcelets et de la mère est bonne, les truies sont débloquées. Sinon c'est au bout de 10 jours, le temps d'effectuer les soins en toute sécurité, que les truies sont débloquées. "Cela représente la moitié du cheptel", indique Anne Perrot.
Bilan des courses
Anne Perrot est satisfaite du bâtiment : un bâtiment plus lumineux, une truie plus mobile qui exprime de meilleures performances de reproduction. "Le sevrage est plus facile, la venue en chaleur et la fertilité sont meilleures. Les porcelets sevrés ont gagné 500 à 800 g. Je pense que la truie allaite mieux grâce à une ambiance meilleure". L'éleveuse n'a pas installé de barre d'anti-écrasement : le nombre de morts par écrasement ne représente pas un problème (0,8 écrasé par truie en moyenne). A l'inverse le bémol concerne les interventions sur la truie et les porcelets et la sécurité des personnes. Certaines truies très maternelles (20 %) n'aiment pas que l'on entre dans la case, quant au temps d'observation, il a doublé, passant de 30 minutes à une heure. Le temps de lavage des cases progresse lui aussi de 20 %.
Cette stratégie d'évolution vers plus de bien-être s'est traduit par un contrat passé avec l'abatteur Kermené (distributeur E. Leclerc) appelé "Collectif niveau 2", qui rémunère les éleveurs engagés dans un plan d'amélioration du bien-être animal, avec des équipements libérant les truies en maternité, des fenêtres pour éclairer les salles avec de la lumière naturelle, et des objets organiques manipulables. Le prix payé est alors indexé sur la valeur du coût alimentaire.
Mais l'éleveuse n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. D'autres évolutions suivront bientôt sur la partie engraissement arrivée en bout de course. Son projet prévoit qu'un tiers des installations soit équipé de courettes.