Du verre de vin à la loi Egalim..., la cantine scolaire au fil des ans
Il suffit d’évoquer la cantine pour qu’ aussitôt, surgissent bons et moins bons souvenirs ! La cantine, c’était souvent pas bon mais c’était aussi le temps des copains, des batailles de nourriture, des verres Duralex… À l’occasion de la loi Egalim, le musée de l’école rurale, à Trégarvan (29), s’interroge sur les enjeux de l’alimentation à l’école, depuis la première soupe scolaire, servie à Lannion en 1844, jusqu’à aujourd’hui.

"Au musée de l’école rurale, on se sert de l’actualité pour interroger l’histoire", explique Virginie Gorrec. Et après l’égalité homme-femme, l’an passé, l’expo temporaire est, cette année, consacrée à la cantine. "Votée en 2018, la loi Egalim veut favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous, rappelle la directrice du musée. Et d’un repas végétarien par semaine à la fin de l’utilisation du plastique à usage unique en passant par la lutte contre le gaspillage alimentaire et l'utilisation de 50 % de produits de qualité, dont au moins 20 % de bio, elle prévoit de nombreuses dispositions pour la restauration collective". Il n’en fallait pas plus pour qu'à Trégarvan, le le musée de l’école rurale décide de se pencher sur l’alimentation, à la cantine et en classe.
Une soupe scolaire
L’exposition déroule d’abord l’histoire des cantines scolaires depuis 1844, date de la première soupe scolaire, à Lannion (22). "Le repas a été oublié par les lois de Jules Ferry : l’école est devenue obligatoire mais la restauration n’a pas été évoquée". À la campagne, les écoliers habitent trop loin pour rentrer chez eux à la pause de midi. Et si certaines municipalités fournissent une soupe, il faut la compléter par un morceau de pain ou de viande, que les enfants apportent dans une gamelle. Et le repas se déroule dans le préau, dans la salle de classe… "Il faut attendre 1947 pour voir apparaître le premier restaurant scolaire, avec du mobilier adapté aux enfants".
Si le repas est d’abord principalement composé de légumes et de pain, diversification et équilibre alimentaire font peu à peu leur apparition à la cantine. "En 1954, Pierre Mendès-France lance la distribution du verre de lait aux écoliers", rappelle Virginie Gorrec. Mais ce n’est que deux ans plus tard qu’il devient interdit de servir de l’alcool aux moins de 14 ans à la cantine. "Jusque-là, il est courant de retrouver les enfants face à un verre de vin, souvent allongé d’eau, de bière ou de cidre pendant le repas de midi". Et il faudra attendre 1981 pour que l’interdiction s’étende aux classes de lycée.
De la cuisine centrale au cuisiné sur place
L’école, c’est aussi le lieu de l’éducation à l’alimentation, à la cantine ou en classe, comme en témoignent manuels, cahiers et journaux scolaires. Aux années 60, avec mobilier en formica, assiettes Arcopal et verres Duralex, ont succédé les années 90 et leurs cuisines centrales, qui permettent aux municipalités de se décharger d’une bonne partie du travail de préparation des repas. "Bien souvent, le changement s’opérait au départ en retraite de la cantinière". Les plats sont alors réchauffés sur place, mais la qualité n’est pas au rendez-vous. "Et nombre de municipalités font aujourd’hui le choix inverse, en se rapprochant des producteurs locaux, en cuisinant sur place". Pour l’illustrer, le musée donne la parole à la commune de Rosnoën, qui a déjà franchi le pas, ou à l’école de Dinéault, qui s’interroge, avec des témoignages d’élus, parents d’élèves, producteurs…
Un potager expérimental
Faisant écho lui aussi à la loi Egalim, le potager, désormais expérimental, présente les différentes pratiques qui existent en agriculture biologique, pour la culture du poireau, le paillage des courgettes... Ou la technique des "trois sœurs", où courges, maïs et haricots sont associés sur une même planche, ayant chacun son rôle à jouer : si la courge couvre le sol et produit de la biomasse, le maïs sert de tuteur au haricot qui, lui, va fixer l’azote de l’air.
Le Covid-19 inspire le thème de l’an prochain
Si le coronavirus a joué les trouble-fêtes, en décalant l’ouverture du musée à début juin et en lui imposant de repenser certaines animations, il a aussi inspiré le thème de l’exposition temporaire de l’an prochain, sur lequel l’équipe du musée travaille déjà. "Depuis 50 ans, l’écran est utilisé à l’école, au service de la pédagogie. S’il est aujourd’hui au coeur de controverses, tant il a pris de place dans nos vies, comment aurait-on fait sans lui, pendant le confinement, pour assurer la continuité pédagogique ?", interroge Virginie Gorrec.
Pratique :
Si l’expo temporaire prend place dans un bâtiment flambant neuf, la visite du musée se poursuit dans l’ancienne école de Trégarvan, où préau, cours et potager ont été conservés. Fermée dans les années 70, elle abrite deux salles de classe, des années 1910 et 1970. L’étage, autrefois lieu de vie des enseignants, est consacré à l’instituteur, sa formation, sa carrière, son mode de vie…, avec la reconstitution de deux appartements de fonction, cuisine et salle à manger du début du XXe siècle et cuisine des années 70.
Musée de l’école rurale en Bretagne, 4 Kergroas, à Trégarvan (29). Jusqu’au 20 septembre : tous les jours de 10h30 à 13h et de 14h à 18h30. Du 21 septembre au 30 octobre : tous les jours, sauf le samedi, de 14h à 18h. Du 2 novembre au 20 décembre : les mercredis, vendredis et dimanches, de 14h30 à 17h30. Tarif : Adultes : 5 €, 8-17 ans : 3 €, gratuit pour les moins de 8 ans.