Intrusions, vols… : comment réagir et protéger son exploitation ?
Avec 12 faits recensés, le Finistère est le département de France où les intrusions en élevage sont les plus fréquentes. Les vols de GPS, fioul, ordinateurs…, sont également nombreux, ce qui a incité le CAF, le conseil de l’agriculture finistérienne, à programmer cinq réunions d’information avec les Gendarmerie. Avec deux mots d’ordre : sécuriser les bâtiments et réagir avec discernement.
"L’an passé, 14 500 faits, vols, dégradations, intrusions en élevage..., ont été enregistrés en France par les forces de l’ordre", indique Antoine Thersiquel, animateur de la FDSEA, en ouvrant l’une des cinq réunions d’information, le 13 février dernier à Carhaix. "Et on estime que deux faits sur trois n’ont pas été signalés", rajoute le major Roudaut, référent sécurité à la Gendarmerie pour le Finistère.
Si la Bretagne, excentrée, est un peu moins concernée, le Finistère, avec 12 intrusions recensées à ce jour, reste le département français où les élevages sont les plus visités par les associations anti-spécistes, L214, Red pill, anciennement DXE… Des associations qui ont toutes des antennes dans le département, à Brest ou Quimper.
Fermez les portes
Lancée le 13 décembre dernier par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, la cellule Demeter coordonne tous les services de la Gendarmerie et travaille avec le monde agricole pour mieux connaître les groupes extrémistes, anticiper et prévenir leurs actions. Concrètement, les réunions d’information sur le terrain se multiplient avec la Gendarmerie, pour sensibiliser les agriculteurs aux intrusions comme aux vols sur les exploitations.
"Rompez vos habitudes, lance le major Roudaut. Fermez les portes de vos bâtiments, enlevez les clés de vos voitures d’exploitation ou de vos tracteurs". Car, dans le cas contraire, impossible de constater l’infraction !
Protégez les bâtiments
Pour protéger les bâtiments, "vous devez tout mettre en œuvre pour faire échouer l’action du délinquant, explique le major Roudaut. L’obliger à augmenter ses efforts pour parvenir à ses fins va peut-être le décourager". Après avoir renforcé huisseries et serrures, "afin qu’un simple coup d’épaule ne suffise pas à les faire céder", un éclairage de détection peut être installé. "Plutôt à led, car les lampes au sodium mettent trop de temps à se déclencher". Une alarme anti intrusion peut également être dissuasive. Et des caméras permettent une bonne surveillance. "Elles sont désormais dormantes et ne se déclenchent qu’en cas de mouvement. Mais préférez une liaison filaire, les délinquants étant parfois équipés de brouilleurs de wifi".
Dans l’idéal, il faudrait aussi clôturer l’espace proche des bâtiments. "Plus facile à faire en aviculture qu’en production porcine où, au fil du temps, les bâtiments sont venus se rajouter les uns aux autres, reconnaît le major Roudaut. Mais interdire l’accès des bâtiments est aussi, pour les éleveurs, un enjeu sanitaire".
Appelez le 17
Ces réunions sont aussi l’occasion de préciser le comportement à tenir lorsque l’on surprend des gens mal intentionnés sur son exploitation. "Surtout ne pas sortir le fusil", prévient le major Roudaut. Car la légitime défense répond à des règles bien précises. "La riposte doit être nécessaire, simultanée et proportionnée, rappelle Aurélie Muscat, commandante de la compagnie de gendarmerie de Châteaulin. De victime, ne prenez pas le risque de vous transformer en auteur d’infraction".
La solution ? "Appelez le 17, en précisant vos nom, adresse et profession. Relevez les plaques minéralogiques. Et faites des photos avec votre portable". Autant d’éléments qui serviront à identifier les coupables lors de l’enquête de Gendarmerie. "Et portez plainte avec constitution de partie civile, pour obtenir réparation du préjudice subi".