La passion du cheval en héritage
Jérémie Ollivier est gérant et entraîneur pour les écuries d'Armor. Un travail qu'il considère d'abord comme une passion. Rencontre avec un cavalier costarmoricain qui travaille une discipline méconnue : le cheval d'endurance.

Les écuries d'Armor, à Saint-Gilles Pligeaux (22), sont une fabrique à champions, qu'ils soient cavaliers ou chevaux. Avec un papa et un frère (son associé) sélectionnés en équipe de France, Jérémie Ollivier ne pouvait pas faire moins que champion de France d'endurance sur 130 km. Une réussite faite d'abord de travail, de passion et de persévérance. "Mon père s'est installé en 1981 dans les terres costarmoricaines car il ne trouvait pas de ferme au bord de la mer. Il reprend une ferme laitière et choisi d'élever quelques chevaux par passion. Il avait le souvenir de son père qui les utilisait pour les travaux des champs", se souvient Jérémie Ollivier. Finalement, l'exploitation laitière sera arrêtée au profit des chevaux. "Avec des compétitions tous les week-ends, il devenait difficile de gérer l'astreinte des vaches et de la traite", résume le cavalier. Un choix qui portera ses fruits puisque les écuries d'Armor sont aujourd'hui l'une des plus importantes de France pour la vente et l'entraînement des chevaux d'endurance.
L'endurance, discipline méconnue
Seconde discipline des sports équestres, loin derrière le saut d'obstacles ou CSO, l'endurance est assez méconnue des novices mais très prisée des connaisseurs et des acheteurs des pays du Golfe Persique. Les courses s'effectuent de 20 à 160 km en une journée. Un effort remarquable pour le cheval comme pour le cavalier. Pour protéger l'animal des risques d'abus, des vétérinaires évaluent leur état à intervalles réguliers pendant la course. "Des arrêts obligatoires sont effectués tous les 20 à 30 km pour vérifier l'absence de boiteries, le métabolisme général et les pulsations cardiaques ne doivent pas dépasser 64 battements par minute", explique l'entraîneur. Les deux associés et leur salarié consacrent leurs journées aux 120 chevaux de l'écurie, dont 30 sont inscrits en compétition. Côté entrainement, le cavalier estime passer à peu près la moitié de son temps à cheval. Chaque compétiteur doit parcourir environ 20 km par semaine avec trois sorties de deux heures
A la croisée des chemins
Ces chevaux arabes ou croisés arabes sont des races rustiques qui vivent principalement au pré. La ferme de 136 hectares de SAU permet aux éleveurs d'être autosuffisants pour l'alimentation des chevaux en optimisant leurs prairies permanentes et en faisant du foin. Le lien du quotidien avec les exploitants alentours se fait aux détours des chemins. "Nous empruntons beaucoup les chemins creux pour entraîner nos chevaux, nous passons autour des fermes voisines. L'activité humaine et animale qu'il y a dans les exploitations permet à nos chevaux d'appréhender les bruits, les mouvements pour qu'ils soient moins surpris en compétition", explique le cavalier. "Je travaille aussi avec un agriculteur pour l'achat de fumier", reprend Jérémie Ollivier qui reconnaît que les échanges avec les agriculteurs locaux sont rares. Les déplacements fréquents dans toute la France ne laissent que peu de temps libre aux deux frères.
"C'est un métier très prenant mais passionnant", résume l'éleveur. D'autres partenaires, comme le vétérinaire, passent voir les chevaux en cas de "bobologie". Pour les problèmes persistants, un spécialiste de Nantes suit l'écurie et le maréchal-ferrant est un habitué de l'exploitation. Les chevaux changent de ferrures toutes les quatre à cinq semaines et avant chaque compétition.