Le Gouvernement veut lutter efficacement contre les intrusions en élevage
La FNSEA et les JA le réclamaient depuis un an. Après avoir visité deux élevages en Finistère, Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, a dévoilé vendredi dernier la réponse du Gouvernement aux intrusions et autres vols dont sont victimes les agriculteurs.

"Ce n'est pas normal que les agriculteurs aillent travailler la peur au ventre", s'inquiète Christiane Lambert, en évoquant les intrusions en élevage. Des intrusions qui se multiplient, une bonne douzaine rien que pour le Finistère, et qui débouchent ici sur des vidéos aux images détournées, là sur des incendies criminels ou la "libération" d'animaux d'élevage, lapins ou volailles, provoquant leur mort.
"On peut être végétarien ou vegan, mais on n'a pas le droit d'imposer ses choix", affirme Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, venu dans le Finistère vendredi dernier présenter la réponse du Gouvernement à une situation qui préoccupe les agriculteurs. "On a dépassé le stade du militantisme, estime la présidente de la FNSEA. Et ce mouvement pourrait encore monter en puissance". "On subit des attaques de toutes parts, s'insurge José Jaglin, secrétaire général adjoint des JA. Alors qu'on fait notre métier du mieux qu'on peut pour nourrir la population".
On avait besoin d'un acte fort !
Protéger les agriculteurs
"Nous ne pouvons plus tolérer ces attaques". Le ministère de l'Intérieur a décidé de faire de la protection des agriculteurs l'une de ses priorités, via la cellule Demeter et une convention, signée avec la FNSEA et les JA. "Voilà un an déjà que nous y travaillons, indique Christiane Lambert, soulagée de voir ce dossier aboutir enfin. On avait besoin d'un acte fort ! On peut maintenant espérer plus d'efficacité, de la prévention à la sanction des criminels qui pratiquent ces actes".
"Nous avons pris l'engagement d'agir, souligne Christophe Castaner. D'accompagner les agriculteurs, de les aider à sécuriser les exploitations". La convention prévoit des échanges d'informations entre agriculteurs et forces de l'ordre, afin de renforcer la prévention. Et les interventions de la gendarmerie seront désormais prioritaires lorsque des agriculteurs seront victimes d'actions violentes. "La France est fière de ses agriculteurs, affirme le ministre de l'Intérieur. Ils ont le droit de travailler librement et sereinement. Et il est hors de question que la peur ou l'intimidation l'emportent". La convention incitera donc à porter plainte. "Toute atteinte doit être dénoncée, leurs auteurs doivent être traduits devant la justice".
Remettre de la vérité dans les débats
"Les services de l'État contrôlent régulièrement les élevages, rajoute Christophe Castaner. Et quand il y a des anomalies, nous n'hésitons pas à sanctionner, voire à fermer des élevages. Mais l'État est le seul autorisé à faire respecter les lois. Et l'agriculteur doit être protégé". Prévoir un nouvel arsenal juridique ? "Nous avons les outils nécessaires. Appliquons déjà la loi". Et le ministre de l'Intérieur d'en profiter pour dénoncer les détournements d'images. "Elles ne correspondent pas à la réalité ! La mise en place des observatoires de l'agribashing par le ministère de l'Agriculture servira à remettre de la vérité dans les débats".
La cellule Demeter pour protéger les agriculteurs
Un peu plus de 300 tracteurs volés, autant de GPS, des intrusions en élevage, des destructions... près de 15 000 faits ont été enregistrés en 2019, +1,5 % en un an. Pour répondre aux préoccupations de sécurité de l'agriculture, la Gendarmerie nationale vient de lancer la cellule Demeter. "Tous nos services vont travailler de concert pour améliorer la coopération avec le monde agricole, recueillir des renseignements, mieux connaître les groupes extrémistes, anticiper et prévenir leurs actions, assurer un traitement judiciaire des atteintes et communiquer plus largement", indique le ministère de l'Intérieur. Concrètement, des référents sécurité pourront intervenir dans les exploitations, pour aider les agriculteurs à identifier les bonnes pratiques. En Bretagne, les réunions d'information ont déjà commencé, notamment via les groupements, coopératives, chambres d'agriculture... Hors de question de "bunkériser" les fermes. "Ce n'est pas la société dont nous voulons", affirme Christophe Castaner. "Les agriculteurs doivent acquérir la culture de la sécurité, précisent les gendarmes. Ça passe par des choses très simples, comme enlever la clé de contact des tracteurs, installer des digicodes qui permettront de matérialiser la violation des bâtiments". Ces réunions sont aussi l'occasion de donner des conseils de bon sens. "Les agriculteurs sont excédés et désemparés face aux intrusions et ils ne savent pas comment réagir. Nous leur expliquons qu'il ne faut ni prendre le fusil ni lâcher les chiens ! Ils sont victimes d'une intrusion et ne doivent pas se transformer en auteurs d'infractions". La bonne attitude ? "Prendre le maximum de renseignements, qui permettront d'identifier les coupables. Et porter plainte".