L’échalote veut réduire le recours aux phytos
Le 17 juin dernier, le rallye échalotes a permis aux producteurs de faire un premier bilan de saison avec Claire Gouez, conseillère à la chambre d’agriculture. Et de découvrir les essais mis en place à la station expérimentale du Caté, à Saint Pol de Léon (29), pour réduire le recours aux pesticides.

"2020 a été une année particulière",a souligné Claire Gouez, lors du rallye échalotes, le 17 juin dernier, à la station expérimentale du Caté, à Saint Pol de Léon (29). "L’hiver pluvieux n’a pas laissé beaucoup de créneaux de déroulage de plastique en janvier février. Et l’essentiel des plantations s’est fait fin mars début avril". En pleine période de confinement, si nombre de producteurs ont eu peur de ne pas disposer de main d’oeuvre suffisante, "beaucoup de gens se sont finalement proposés". Et le travail a pu être mené à bien dans les champs.
Une reprise difficile
Mais plusieurs facteurs se sont conjugués pour compliquer la reprise des plants d’échalote. "Les forts vents d’est ont entraîné une mauvaise tenue des bâches, qui ont flotté voire même qui se sont envolées, et ont fait bouger les plants". Enracinés tardivement, ils ont souffert de dessèchement du plateau. De plus, beaucoup de bulbes ont pourri en terre, du fait du développement du champignon Penicillium. "L’hiver était très humide, note la conseillère légumes de la chambre d’agriculture. Et certains producteurs n’ont pas ventilé suffisamment". Pas simple de trouver le juste milieu pour évacuer l’humidité sans déshydrater le plateau ! "Il faut surveiller les différents lots". Enfin, en zone légumière comme ailleurs dans le Finistère, les dégâts d’oiseaux ont, par endroits, été très importants.
Le programme Breizhecoleg teste des systèmes de production de légumes frais avec usage des pesticides en ultime recours.
Surveiller le feuillage
"Après l’hiver, on a eu 15 jours d’été, avec des températures de 25°". Une période qui s’est révélée favorable à la végétation pour les plantations précoces, avant un retour du froid. S’il y a aujourd’hui beaucoup d’hétérogénéité entre touffes, avec 15 à 20 % d’entre elles peu développées, le feuillage a déjà commencé à évoluer. "La tombaison a une semaine d’avance", constate Claire Gouez. Les arrachages ont déjà commencé en bio et ne vont pas tarder en conventionnel, notamment pour les plantations précoces ou les parcelles cultivées sans pesticides. "Surveillez le feuillage ! Il y a beaucoup d’humidité dans le sol et il ne faut pas laisser les bulbes se charger en eau. Le stade d’arrachage va jouer sur la qualité de la conservation".
Réduire les intrants
Après un premier bilan de saison culturale, le rallye échalotes a aussi été l’occasion d‘aborder les essais actuellement en cours à la station expérimentale du Caté, à Saint Pol de Léon (29). "Le programme Breizhecoleg teste des systèmes de production de légumes frais avec usage des pesticides en ultime recours, explique Jean-Michel Collet. Au Caté, aux côtés d’un système conventionnel de référence, nous testons un système bas intrants, qui réduit l’usage des phytos de moitié sur la rotation, et un système ultra-bas intrants, - 75 %".
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le Caté joue sur plusieurs leviers : variétés résistantes, désherbage mécanique… "Pour piloter la culture de l’échalote, nous utilisons l’OAD, l’outil d’aide à la décision Vigispores", détaille Thomas Le Traon. Grâce à son entonnoir, il va capter les spores de botrytis ou mildiou présents dans l’air puis les stocker dans de petits tubes, analysés au laboratoire Végénov, à quelques pas de là. "L’an passé, trois capteurs ont été disposés à Saint Pol, Plounevez et Kerlouan, rappelle Claire Gouez. Ils permettent de savoir quand déclencher la protection du feuillage".