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Les choucas font des dégâts

La problématique de dégâts de cultures dûs aux choucas des tours semble s'accélérer. Cette espèce de volatiles est protégée, non chassable sauf quotas déterminés par la DDTM. "Si cette espèce est connue depuis longtemps en Bretagne, sa population est exponentielle et cause des dégâts de plus en plus conséquents", estiment les élus de la chambre d'agriculture du Finistère.

De gauche à droite : Ronan Caro, exploitant impacté, René Gourves, président de la société de chasse de Pleyben, Sophie Jézéquel, élue à la chambre d'agriculture et Didier Goubil, agriculteur à Poullaouen et réfèrent du dossier choucas.

"Jusqu'alors nous notions un niveau acceptable de nuisances. Les tirs d'effarouchement pouvaient encore suffire pour limiter les dommages. Ce n'est plus du tout le cas", assure Didier Goubil, agriculteur à Poullaouen et réfèrent du dossier depuis vingt ans pour la chambre d'agriculture. Alors que l'élu recevait un ou deux coups de téléphone par semaine d'exploitants impactés il y a encore quelques années, aujourd'hui c'est cinq ou six appels d'agriculteurs en colère par jour !


Des hectares à ressemer
Les dégâts sur les cultures sont conséquents est très rapides. Le choucas des tours vit en bandes. Ce sont souvent des centaines d'oiseaux qui s'attaquent à un champ en même temps. "Ils peuvent ravager deux ou trois hectares en sept ou huit heures. 80 % de la parcelle est décimée", estime Sophie Jézéquel, élue à la chambre d'agriculture. Une mésaventure bien familière à Ronan Caro, exploitant à Pleyben qui a dû ressemer 2,5 hectares de maïs dans une parcelle de 9 hectares. "J'ai semé ma parcelle au 27 avril et j'étais plutôt content de la levée. Je retourne deux jours après dans mon champ, le maïs était au stade 2-3 feuilles quand j'ai vu les dégâts. Des rangs de 100 mètres où il ne restait plus que deux 2 à 3 mètres de plants par-ci par-là...", se désole l'agriculteur. Il choisit de ressemer au 15 mai pour conserver son fourrage et ses aides PAC mais la facture est pour lui. Sophie Jézéquel s'insurge : "Le ministère de l'écologie choisit de préserver cette espèce, qui cause des dégâts sur nos cultures mais ne prévoit aucune indemnisation. Nous, agriculteurs, vivons avec la biodiversité et souhaitons la préserver mais là c'est trop ! Entre les investissements d'implantation, l'usure du matériel et notre temps de travail, la facture s'allonge". Les chambres d'agriculture de Bretagne ont établi un barème pour évaluer les pertes de culture en prenant en compte ces différents éléments. Il faut compter 1 406 euros pour un hectare de maïs.

Des rangs de 100 mètres où il ne restait plus que 2 à 3 mètres de plants par-ci par-là.

Ronan Caro

Déclarer pour augmenter les quotas
Les élus estiment que les quotas de chasse sont très insuffisants face à l'augmentation de la population. "En Finistère, nous évaluons les naissances de choucas à 200 000 par an, or nous avons un droit de prélèvement à 12 000 choucas à ce jour", relate Didier Goubil. L'élu estime que plus de la moitié des agriculteurs impactés ne déclare pas le sinistre à la DDTM ou à la chambre d'agriculture. "Je comprends que ce soit rébarbatif vu qu'aucune indemnisation n'est prévue mais déclarer tous les sinistres est notre seule chance de faire augmenter les quotas de prélèvements", assure l'élu. Une action concrète pour faire bouger les lignes alors que les stratégies d'effarouchement mises en place par les agriculteurs semblent très peu efficaces. Ronan Caro a positionné des drapeaux et deux effaroucheurs dès qu'il a repéré l'apparition des volatiles... sans grand succès. Certains choucas vont jusqu'à se nourrir sous les yeux des agriculteurs, effaroucheur en marche. Les agriculteurs du secteur ont tous mis en place leur effaroucheur, ce qui dévie la position des oiseaux et interroge le voisinage qui ne perçoit pas toujours les problèmes que la présence des oiseaux peut causer. À ce jour, sept communes du secteur de Pleyben sont reconnues comme prioritaires (en fonction des dégâts des années précédentes) et bénéficient de deux chasseurs par commune, agrées par les services de l'État, autorisés à faire 20 tirs chacun par an. "C'est le seul moyen efficace, car ces oiseaux sont très intelligents et lorsque l'un d'eux meurt sur une parcelle, toute la bande évite le champ pendant quelques temps", explique René Gourves, président de la société de chasse de Pleyben.

Une nouvelle organisation en Côtes d'Armor

Face à l’ampleur de la tâche, il a été décidé d’autoriser des référents locaux à pouvoir déclencher des opérations de tir ou de piégeage du choucas sur constat de dégât et de présence d’un nombre important de choucas. Dès que les premières attaques ont lieu, il faut faire remonter votre plainte soit à la chambre d’agriculture 22 (02 96 79 22 02), la DDTM (02 96 62 47 00) ou la Fédération des chasseurs (02 96 74 74 29). Le référent concerné sera informé, et prendra contact directement avec l’agriculteur. Compte tenu du quota attribué, toutes les plaintes ne donneront pas systématiquement lieu à une opération de destruction.

 

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