Le nombre de génisses se décide dès le plan d’accouplement
L’élevage des génisses a un coût. Il nécessite 18 heures de travail par animal produit et amène à constituer des effectifs non négligeables sur l’exploitation. La maîtrise du renouvellement se décide donc dès la réalisation du plan d’accouplement en visant un optimum de 25 % de taux de renouvellement. À vos calculettes.

Les données des élevages et des stations expérimentales montrent qu’en vitesse de croisière, il semble difficile de réduire durablement le niveau de réformes obligatoires en dessous de 20 %. A cela, il convient d’ajouter une marge de sécurité d’en moyenne 5 %. Un taux de renouvellement de 25 %, est donc un objectif raisonnable mais à ajuster au cas par cas. A titre d’exemple, pour un troupeau de 70 vaches laitières, cela représente 18 génisses de renouvellement.
Éviter les surplus
Or pour ce troupeau de 70 VL avec 100 % d’inséminations en races laitières sur les vaches et génisses, on obtient en moyenne 27 femelles nées vivantes (en tenant compte du sex-ratio, de la mortalité et du taux de fécondation moyens). 14 permettent de compenser les 20 % de réformes obligatoires, 4 assurent une sécurité. 9 génisses sont donc à vendre au stade veau, ou plus tard, mais attention au coût de la génisse et au prix de vente de celle-ci. Dans cet exemple, il aurait été possible d’inséminer 20 vaches en croisement viande pour éviter ce surplus de génisses.
1- Ex. de stratégies d'insémination, conséquences sur le nombre de génisses
Veau de boucherie, pour quels besoins ?
En 2018, plus de la moitié des 370 000 veaux laitiers mâles et veaux croisés (mâles et femelles) nés en Bretagne a été valorisée dans un élevage de veau de boucherie du Grand Ouest. Une filière très complémentaire de la filière laitière. Cette filière d’engraissement subit l’érosion de la consommation de viande de veau. L’année 2019, a été compliquée en termes de marché. Conséquence, c’est moins de demande de veaux nourrissons à certaines périodes. La filière évolue pour suivre les nouveaux
modes de consommations avec de nouveaux relais de croissance en hachés et grillades (saucisses, boulettes de veau). Avec ses performances d’engraissement et son coût de production, le veau Holstein est bien adapté à ce type de produit. Reste le besoin de veaux croisés ou de race à viande "haut de gamme" pour la boucherie notamment, mais en volumes plus limités. Attention, on constate une hétérogénéité des veaux croisés de type Holstein x Blanc Bleu. La moitié se développerait du côté "viande" du père et l’autre moitié du côté "laitier" de la mère. Conséquence : En fin d’engraissement, des déceptions sur l’engraissement (conformation R= ou R-, voire O) et sur la rentabilité économique, d’où une pression sur les prix des croisés de qualité inférieure renforcée par le développement du sexage associé au croisement viande. Prenez le temps de discuter avec votre marchand de ce qu’il recherche et du devenir de vos veaux et mieux vous pourrez adapter les veaux à faire naître.
Enfin, pour relever le challenge de la réduction de l’antibiothérapie, les veaux nourrissons doivent être en bonne santé, robustes, vigoureux. Par tous les soins apportés jusqu’à leur vente, vous êtes des partenaires majeurs des éleveurs de veaux de boucherie. / Aurélie Parois
Doses sexées,
à vos calculs
L’utilisation de doses sexées a per- mis pour certains une augmentation plus rapide du cheptel laitier. Pour d’autres, l’inflation du nombre de génisses a été subie, avec parfois des ruptures dans le marché de la génisse amouillante ou en lait.
Avec l’exemple précédent de nos 70 vaches laitières et 18 génisses à garder, l’utilisation de doses sexées sur 100 % des génisses (avec un maximum de trois IA par génisse) conduit à 5 femelles supplémentaires par rapport à l’utilisation de doses classiques, et au total 12 génisses issues des génisses. Il ne reste donc plus qu’à faire naître 6 génisses issues du troupeau de vaches. Si vous n’avez pas recours aux doses sexées sur les vaches laitières, vous pouvez inséminer alors 45 vaches en croisement viande soit 76 % des vaches à inséminer 1. Le croisement viande permet de compenser en partie le surcoût de l’utilisation des semences sexées. Des outils ont été mis en place par la chambre d’agriculture de Bretagne pour aider à clarifier sa stratégie. Ces outils sont mis à disposition dans le cadre des formations génisses, et lors de conseils individuels.
Définir votre stratégie !
En pratique, voici les étapes clefs à respecter :
- Définir de combien ai-je besoin de génisses laitières ?
Clarifier le nombre de vaches à inséminer en croisement ou nombre de génisses à vendre pour ne pas avoir trop de génisses, compte tenu de l’utilisation de semences sexées ou pas, des per- formances de reproduction sur vaches et génisses, des taux de mortalité des veaux...
- Pour faciliter la maîtrise du nombre de génisses élevées, il peut être pertinent de regrouper les naissances de génisses sur une ou deux périodes. Cela facili- tera aussi l’élevage des génisses grâce à la constitution de lots homogènes.
- Fixez-vous une date ou deux en cours d’année pour faire le point sur le nombre de femelles pleines de taureaux de race laitière et donc sur le nombre de femelles de renouvellement attendues. Vous pourrez alors revoir les insémina- tions en croisement viande, à la baisse ou à la hausse.
- De même à cette date, faîtes le point sur le nombre de génisses nées et sevrées. N’hésitez pas à vendre les génisses "en trop" à 15 j, même à faible prix. Le 1er euro de gagné est l’euro non dépensé ! Si elles ne sont pas vendues, attention à ce qu’elles ne restent pas sans acquéreur d’ici leur deux ans. Sans client habituel, la vente de génisses amouillantes est un pari. Connaître le coût d’élevage per- met d’évaluer la rentabilité de leur vente en amouillante.