Une délégation bretonne reçue au ministère
Suite de la réprobation professionnelle dès l'annonce des nouvelles mesures exigées dans les 9 bassins versants bretons concernés par le contentieux nitrates, une délégation professionnelle conduite par Jean Michel Lemétayer(1) a été reçue vendredi au ministère de l’Agriculture par le directeur de cabinet, accompagné d’un représentant de Matignon.
Deux heures trente d’entretien n’ont donc pas levé les inquiétudes des professionnels, lesquels ont rappelé avec fermeté le caractère "irréaliste" des mesures annoncées. "Nous avons agi depuis 15 ans, et les choses évoluent de manière positive. Avec ces mesures, on est en train de casser une dynamique, rappelait pour sa part Joseph Ménard livrant ses réactions à l’issue de cette rencontre avec des représentants ministériels attentifs mais désarmés devant les exigences de Bruxelles. "Nous attendons dans la mobilisation en réaffirmant notre opposition à l'application des 140 kg d'azote", concluait-il.
C’est d’ailleurs à Bruxelles que ces derniers entendent que soient relayées les inquiétudes et les revendications professionnelles. Les responsables agricoles bretons ont aussi réclamé que ces mesures exigées soient accompagnées d’un accompagnement "à la hauteur des attentes", et qui préserve l’activité agricole dans ces bassins versants.
La semaine prochaine le gouvernement rendra sa copie à Bruxelles sur le dispositif précis qu’il entend appliquer en Bretagne. "La réunion a été utile", dit-on en tout cas au ministère de l’Agriculture où on affirme "travailler pour aboutir à une solution plus acceptable pour l’agriculture bretonne".
La délégation conduite par le président de la FNSEA était constituée de Joseph Ménard et Jacques Jaouen, présidents des chambres d’agricuture d’Ille et Vilaine et du Finistère, des représentants des 4 FDSEA et JA des départements bretons, de représentants de l’UGPVB et de Coop de France Ouest.
C'est par la voix de son vice-président, Gérard Mével, que le conseil régional s'est exprimé. "Ces choix, et la série de mesures qui les accompagnent, illustrent l'incohérence de l'Etat en matière de politique de l'eau. Dans ce cas présent, estime M. Mével, on agit dans la précipitation, sans concertation et surtout sans mesurer les conséquences de la réduction du nombre de points de captage sur le plan écologique et financier".
Pour l'élu, "la réponse de l'Etat très globalisante est injuste. Nous devons reconnaître les efforts de nombreux agriculteurs et nous demandons la sanction des véritables responsables. Le pire pour la Bretagne, et la profession agricole, serait de rechercher les boucs émissaires et de mettre une nouvelle fois l'agriculture en conflit avec le reste des activités bretonnes et la société globalement".
Non sans avoir rappelé les moyens financiers "importants" déployés par elle pour la reconquête de la qualité de l'eau, la région s'inquiète donc d'un nouveau plan de cessation déguisé et demande que la priorité reste bien l'installation des jeunes. "L'approche territoriale globale au niveau d'un espace hydrologique cohérent est la seule issue", estime le conseil régional qui s'est vu récemment refuser par le gouvernement l'expérimentation d'une gestion de l'eau décentralisée. Il propose aussi de "mener un travail de concertation sur chacun des 4 bassins versants avec les différents partenaires techniques et politiques".