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Vingt ans de vente directe pour La ferme de la baie de Goulven

Si le Covid a incité les consommateurs à privilégier circuits courts et approvisionnement de proximité, voilà déjà plus de 20 ans que Patrick Quéré, producteur de légumes et de viande bovine à Goulven, s’est lancé dans l’aventure.  

"Tout a démarré au moment de la vache folle". Producteur de légumes, Patrick Quéré est aussi à la tête d’un troupeau de vaches allaitantes qui valorise 70 ha de prairies inondables, en baie de Goulven. "Mes broutards ne trouvaient plus preneur. J’ai décidé de proposer des caissettes de viande en vente directe". Il y ajoute les légumes de l’exploitation, alors conditionnés en caisse bois de 14 kg pour les carottes, en sac de 25 kg pour les oignons et les pommes de terre.

Adapter ses conditionnements

"On m’a pris pour un marginal". S’il essuie quelques moqueries du côté de ses voisins agriculteurs, à une époque où les circuits courts n’en sont encore qu’à leurs débuts, le succès est immédiat. "Quand on explique au consommateur comment on travaille, il a confiance, constate l’agriculteur. Et les clients m’ont fait grandir".

Ce sont eux qui lui demandent d’abord de revoir ses conditionnements. "La clientèle âgée avait l’habitude de stocker, pas les plus jeunes, qui veulent de la fraîcheur". Puis d’élargir sa gamme, afin de limiter leurs déplacements. Et c’est ainsi qu’après avoir été épaulé par sa mère, Patrick Quéré professionnalise sa démarche, en ouvrant son magasin 6 jours par semaine et en embauchant trois salariés, un plein temps et un mi-temps pour prendre en charge le magasin, un autre mi-temps pour l’épauler sur l’exploitation. "Sans eux, je n’existe pas ! Ils sont responsables de leur activité et intéressés aux résultats de l’entreprise". Et c’est pour passer l’un d’eux à plein temps qu’il va agrandir son tunnel. "A 55 ans, j’ai encore la pêche ! J’ai appris à déléguer. Et je suis bien moins stressé que quand j’étais seul sur la ferme".

Elargir sa gamme

Si l’agriculteur produit une centaine de légumes, il a aussi tissé des liens avec plus d’une vingtaine de producteurs voisins pour élargir la gamme. Viande de porc et de volaille, produits laitiers, glaces, bière, jus de pomme, fleurs, farine… garnissent désormais les étals de son magasin, avec toujours la même démarche. "Ici, il n’y a pas de concurrence : j’ai un seul fournisseur de yaourts, de cidre...". Une relation bâtie sur la confiance. "Les producteurs fixent leurs prix. Mais il m’est quand même arrivé d’arrêter de travailler avec un ou deux, car je trouvais leurs tarifs trop élevés".

Scandalisé de trouver dans les grandes surfaces des environs des choux-fleurs normands ou des endives du Nord, "en plein coeur du bassin de production", Patrick Quéré s’attache à toujours se fournir au plus près. "J’achète chez des grossistes les fruits que je ne trouve pas au local : hormis les agrumes, ils sont tous produits en France". Et à coller à la saison. "Pas de tomates ni de fraises à Noël ! Si on prend le temps d’expliquer au consommateur, il comprend notre démarche".

Produire sans traitement

"Dans mon tunnel et sur un ha, je ne traite pas mes légumes". Souhaitant informer le consommateur, Patrick Quéré l’écrit sur son étal… et se fait aussitôt épingler par la répression des fraudes, car il n’est pas passé par un organisme certificateur ! Car pour ça comme pour le reste, l’agriculteur est farouchement attaché à sa liberté. "C’est ce que je répète à tous les jeunes qui viennent visiter ma ferme avec leur école : gardez votre indépendance !" Pour autant, pas question d’inciter ses pairs à suivre son chemin. "Il n’y a pas de place pour tout le monde… Mais deux-trois magasins comme ça par canton, ce serait bien".

Découvrir la ferme

Les animaux étant à proximité du magasin, l’éleveur en profite pour inviter ses clients à entrer dans ses bâtiments. "Je n’ai rien à cacher", affirme-t-il, ravi de voir que les nounous de la commune voisine viennent régulièrement avec deux fourgons et une dizaine d’enfants, d’abord faire un petit tour à la ferme puis acheter leurs légumes. Une démarche que partagent nombre de parents de jeunes enfants. "Parfois, ils assistent même à la naissance d’un veau en direct".

Un autre métier

"Je n’ai jamais fait de pub ! Ce sont juste le bouche à oreille et un panneau, au bord de la route, qui m’ont amené mes clients". Située sur un axe passant, la ferme de la baie de Goulven bénéficie, durant l’été, de la clientèle touristique. Des restaurateurs et des écoles viennent aussi y chercher leurs légumes. "Je n’ai pas le temps de livrer". Avec une exception, durant le Covid, pour ses clients les plus fragiles. Car Patrick Quéré a toujours placé l’humain au coeur de son activité. Et clients et fournisseurs le lui rendent bien. "La vente directe, c’est un autre métier. Mais je n’en changerai pour rien au monde. Le contact m’apporte tant !"

 

 

Pratique

 

Kerbrat an Dour, à Goulven

Ouvert du lundi au vendredi, de 10h à 12h et de 16h à 19h

le samedi de 10h à 12h

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