Doux frais - 5 offres de reprise partielle, un millier d'emplois menacés
Cinq offres sérieuses de reprise partielle de plusieurs sites du pôle frais du groupe Doux (1 700 salariés), ainsi qu'une sixième offre, irrecevable en l'état, ont été déposées le 10 août à la date limite fixée par la justice. Mais rien n'est réglé et 1 000 emplois se trouvent toujours menacés. Le tribunal de commerce de Quimper statuera le 5 septembre.

La coopérative céréalière beauceronne Axereal a fait une offre sur le site de Clémont dans le Cher (aliments pour volailles). Glon Sanders a déposé une offre conjointe de reprise de 3 sites industriels situés dans la région Centre : l'usine de fabrication d'aliments pour volailles de Clémont dans le Cher, le couvoir de poussins situé à Amilly dans le Loiret et l'abattoir de poulets basé à Boynes dans le Loiret également.
Cette offre a été faite conjointement avec Duc, autre acteur de la volaille française, indique un communiqué de Glon Sanders daté du 10 août. Duc a par ailleurs fait une offre sur Sérent (Morbihan). Le groupe LDC a précisé avoir déposé une offre de reprise totale de l'abattoir de Laval (Mayenne, 303 emplois). LDC propose par ailleurs la reprise partielle du site de Sérent, portant sur 55 des 175 salariés. Enfin, le groupe finistérien Tallec a fait une offre sur l'abattoir de Sérent.
Sofiprotéol toujours dans la course
En l'état, ces offres préserveraient entre 450 et 500 emplois, sans compter les 134 personnes reprises à l'abattoir de Pleucadeuc (Morbihan) dans le plan de continuation du groupe Doux, sur un total de 1 704 pour le pôle frais, selon Sophie Gautier, l'un des administrateurs judiciaires chargés du dossier Doux. Une sixième offre sur le site de Graincourt (Pas-de-Calais, 253 emplois), "pas recevable au sens juridique du terme en l'état" mais pouvant être améliorée, a été déposée pour le compte d'une société iranienne dont le nom n'a pas été précisé. "C'est une offre en germe qu'il faut creuser", a expliqué Sophie Gautier.
Le tribunal de commerce de Quimper, qui avait placé Doux frais en liquidation judiciaire le 1er août, devrait se prononcer sur les offres au cours de la première semaine de septembre. Pour les autres activités de Doux (export et produits élaborés), le tribunal a prolongé la période d'observation jusqu'au 30 novembre. "L'offre coordonnée par Sofiprotéol, qui correspond à une structuration de la filière sur le long terme, reste sur la table, avec l'optique d'un rendez-vous fixé par le tribunal en octobre", a déclaré dans Le Monde Philippe Tillous-Borde, conseiller du président de Sofiprotéol.
Réactions
Les syndicats de salariés ont immédiatement crié au "massacre" pour FO, et, pour la CGT, au grand "dépeçage" d'un groupe volailler qui compte au total plus de 4 000 salariés. "Les LDC, Duc et autres font (...) leur marché pour s'accaparer ce qui les intéresse dans leur recherche de profits immédiats", a estimé la CGT. Pour la déléguée centrale FO de Doux, Nadine Hourmant, "on ne prend pas en considération le volet social. Tout ce qui intéresse les repreneurs, ce sont les sites. Même parmi ceux qui sont repris il y aura des licenciements, des plans de sauvegarde de l'emploi", a-t-elle regretté. À Blancafort (Cher), l'absence d'offre a fait l'effet d'une douche froide...
Le groupe Doux a, pour sa part, salué les "fortes marques d'intérêt" pour les sites concernés, tout en espérant que "les offres pourront être améliorées dans les prochains jours, notamment sur le volet social", a commenté un porte-parole.
L'État s'implique
"La mobilisation des acteurs du secteur, des collectivités et du gouvernement a permis d'éviter le pire puisqu'il n'était pas sûr que des offres de reprise soient déposées", indique un communiqué du ministère de l'Agriculture daté du 11 août. "D'ici à l'audience qui déterminera l'avenir du pôle frais, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot continueront à tout mettre en œuvre pour améliorer les offres sur les sites repris et pour trouver une solution pour les sites menacés de fermeture". Ils affirment également demeurer "vigilants" sur les propositions du groupe Doux concernant "les pôles export" et "produits élaborés", "pour s'assurer que celles-ci permettent la pérennisation de l'activité et des emplois".
Source : Agra
Alliance Duc-Sofiprotéol ?
Selon Le Monde du 17 août, le groupe Duc aurait entamé des discussions en vue d'une alliance avec le conglomérat industriel Sofiprotéol, avec lequel il vient de déposer une offre conjointe pour la reprise de certains sites de Doux. "Si aucun accord n'est aujourd'hui formalisé, des discussions sont en cours entre l'entreprise bourguignonne Duc et le groupe financier et industriel de la filière oléagineuse, Sofiprotéol", affirme le quotidien, qui ne cite pas de sources. Après leur offre dans le dossier Doux, "les deux partenaires pourraient ne pas en rester là et analysent maintenant la possibilité de tisser des liens plus étroits", ajoute-t-il. Une source proche du dossier a démenti ces affirmations en assurant "qu'il n'y a absolument aucune discussion pour l'instant entre les deux opérateurs". Une porte-parole de Duc a indiqué pour sa part que le groupe "ne souhaite faire aucun commentaire". Également sollicité, Sofiprotéol n'a pas réagi dans l'immédiat.
Et l'association des éleveurs ?
L'association des éleveurs Doux continue de suivre le dossier, toujours en faveur du plan de continuation présenté par Charles Doux. La polémique avec le président Pierre-Yves Lozahic est donc close. Par ailleurs, les représentants de l'association devaient être reçus, à leur demande, mardi dernier, par l'administrateur judiciaire, à la suite des représentants de salariés. Le détail des dernières propositions de reprise devait leur être officiellement présenté
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