Dons alimentaires facilités avec Solaal
35 ans d’existence en France. Un anniversaire que les Banques alimentaires viennent de rappeler avec leur tour de France en camion-cuisine en 35 étapes. Dernière étape le 1er octobre à Auray (56). Pour cuisiner : un chef étoilé, des bénéficiaires et les produits de la station horticole de Kerplouz. Pour aider ces agriculteurs qui ont du cœur, l’association Solaal s’active. Rencontres, dans la perspective de la journée mondiale de l’alimentation du 16 octobre prochain.

Auray, place de la Pompe, 14h30. Le camion-cuisine des Banques alimentaires est garé. C’est la 35e et dernière étape bretonne de ce tour de France en 217 jours. 122 ateliers cuisine y auront été concoctés. L’espace intérieur est réduit, le cœur, lui est immense. "Pour couper les tomates, c’est plus facile comme ça". Et le jeune chef récemment étoilé, Anthony Jehanno, de Terre et Mer, d’emprunter à Gisèle, bénéficiaire de la Banque alimentaire, son grand couteau et de débiter, précis, une tomate ananas rebondie. Le camion-cuisine devient un lieu de partage de recettes simples et de coups de main, "pour créer du lien et de l’échange, c’est important pour les bénéficiaires", insistent les bénévoles de l’association qui, outre les dons, organisent également ces ateliers culinaires.
13 000 bénéficiaires
"Des produits de cette qualité là, il faut avouer, c’est rare", note en aparté Marc Paradis, bénévole de l’association qui répète souvent, "on n’est pas des poubelles !". Ce monsieur chiffres de la Banque alimentaire du Morbihan connaît sur le bout des doigts le nombre des bénéficiaires et l’évolution de leur portrait social, accidentés de la vie, plongés dans la galère des fins de mois qui débute au 8 du mois avec sa cohorte d’assiettes vides... "13 000, c’est stable, mais il y plus de jeunes et de personnes âgées et les familles monoparentales !". Il est lui aussi à pied d’œuvre. Et Gisèle de reprendre son coutelas pour s’attaquer à une généreuse cœur de bœuf puis à une noire de Crimée quand sa voisine "aux petits oignons", pleure elle, mais "de rire"… "Et toi, tu cuisines un peu Jean", lance à son voisin, Marc, lui aussi d’épluchage. "Oui, quand j’ai ma fille mais c’est rare. Ça, je pourrai lui refaire", se projette ce papa, bénéficiaire de la Banque alimentaire, effilant des escalopes de dinde. Au menu de cette dernière étape de ce tour de France particulier, salade de colin, compotée d’aubergines aux petits oignons, curry de volaille à la tomate ananas et crumble… Et tout ceci sera ensuite partagé dans l’échange et la convivialité, entre bénéficiaires, bénévoles, restaurateur, donateurs et membres du CCAS qui accueillent cette dernière étape sur la commune.
Nous sommes des facilitateurs entre le producteur et l'association. On prévoit toute la logistique.

Valoriser ses invendus
Donner est une l’histoire ancienne à la station expérimentale de Kerplouz. "Ça fait au moins quinze ans que nous le faisons", confirme Maët Le Lan à la tête de cette ferme maraîchère de la chambre régionale d’agriculture dédiée à la recherche et au développement pour les producteurs de légumes bretons. Et si la station écoule désormais en grande partie sa production auprès d’un magasin de producteurs de Baden, valorisation économique oblige, elle donne aussi ses invendus et beaux rebuts bio aux Restos du cœur, à la Banque alimentaire. "Ce sont les frères du lycée de Kerplouz qui organisent le ramassage et la distribution", détaille Christophe Girard, technicien de la station. Une organisation exceptionnelle dans ce paysage des invendus. C’est la raison d’être de l’association nationale Solaal créée en 2013 par les agriculteurs donateurs. Elle veut se faire connaître. Son rôle ? "Aider les producteurs à réaliser leurs dons de produits", résume Julien Ligneau, chargé de mission Alimentation des chambres d’agriculture de Bretagne. Quatre producteurs et trois entreprises ont fait appel en 2019 à l’association pour 95 tonnes de denrées données.
Faciliter et organiser la logistique
Julien Ligneau est le relais de Solaal en Bretagne, dans le cadre aussi de sa mission liée à la relocalisation des achats alimentaires. "On travaille sur toute la restauration publique mais aussi les restaurants commerciaux, les industries agroalimentaires pour qu’ils redirigent leurs achats vers nos producteurs", détaille-t-il du travail de la commission Alimentation (que préside par Laurent Kerlir). Il en va de même quant il s’agit de lutter contre le gaspillage et de relocaliser les dons. "Nous sommes des facilitateurs, une interface entre le producteur qui voudrait donner - cinq l’ont fait l’an passé par notre intermédiaire, des gros volumes - et l’association d’aide alimentaire de son choix parmi les douze qui sont agréées. On prévoit toute la logistique". Une aide précieuse et gratuite, nécessaire, "car les agriculteurs n’ont pas de temps". Et pour faciliter le don alimentaire, l’association a mis sur pied une application simple, téléchargeable, utilisable depuis smartphone ou ordinateur de manière à simplifier au maximum la démarche pour donner et être solidaire des plus démunis en évitant le gaspillage. Quant à la défiscalisation (60 % du coût du don dans la limite de 5 pour 1 000 du chiffre d’affaires) ? "Oui, c’est possible, un tiers des donateurs y pensent mais ce n’est pas leur motivation première. Tout producteur donnerait quoiqu’il arrive". Alors quand les agriculteurs ont du cœur, un réflexe : Solaal pour les y aider.
Solaal en pratique : Pour plus de renseignements : Julien Ligneau, 06 30 15 18 16 ou julien.ligneau@bretagne.chambagri.fr, dons@solaal.org, www.solaal.org

Banques alimentaires, 35 ans déjà
En 1984, un collectif d’associations se regroupe contre la précarité alimentaire. Trente cinq ans plus tard, 4 milliards de repas ont été distribués sur le territoire national à partir de denrées collectées grâce aux dons. Une aide apportée à 2 millions de personnes en France où 113 000 t sont récoltées, triées et distribuées tous les ans.
En Morbihan, ce sont 120 bénévoles (et un salarié) qui, avec leurs partenaires, luttent contre la précarité alimentaire et le gaspillage pour redistribuer les denrées collectées via 42 CCAS desservant 151 communes, 8 épi-
ceries sociales et solidaires et 24 associations. Le prix de revente aux partenaires (dont les CCAS) de ces denrées collectées est de 0,21 euro pour une valeur réelle de 3,5 euros par kilogramme. Le budget annuel de la Banque alimentaire du Morbihan est de 240 000 euros dont le quart consacré au paiement du loyer du local Vannetais. L’appel là aussi au don est lancé, "on cherche un local", appuie les membres de la banque alimentaire.
Banque alimentaire du Morbihan : 02 97 47 09 04, banque.alimentaire.56@wanadoo.fr
L'appli
L'application, accessible depuis smartphone ou ordinateur, permet de valoriser les invendus plus facilement et à tout moment :
Copiez l’URL : https ://dons.solaal.org et télécharger,
Ajoutez la page à l’écran d’accueil,
Connectez-vous et renseignez la proposition.
Un récapitulatif est envoyé pour chaque don avec son impact en équivalents-repas et un historique des dons pour le calcul de la réduction d’impôt.
