Point climatique et stratégies sortie d’hiver : des semis tardifs pour les céréales et des zones ennoyées surcertaines parcelles
La pluviométrie exceptionnelle que nous avons connue cet automne a fortement perturbé les semis de céréales d’hiver. Certaines parcelles ont été implantées tard, d’autres seront finalement implantées en variétés alternatives ou en orge de printemps dans les prochaines semaines.

Compte tenu du retard végétatif observé sur les parcelles (début tallage au mieux), les apports d’azote ne sont pour l’instant pas à l’ordre du jour. En effet, dans la majorité des cas, les désherbages n’ont pas été effectués à l’automne et la priorité est à présent de nettoyer les parcelles quand les conditions de portance le permettront. Sans cela, l’azote sera capté par l’adventice qui, devenue plus vigoureuse, sera ensuite plus difficile à détruire. Ponctuellement, un apport au tallage pourra ensuite se justifier en parcelle à faible passé organique et forte pluviométrie. Concernant les désherbages, il faudra cette année prendre en compte les distances de sécurité par rapport aux riverains pour les cultures implantées après le 1er janvier.
Pour la majorité des céréales d'hiver les désherbages n’ont pas été effectués à l’automne et la priorité est à présent de les nettoyer.
Fertilisation azotée des céréales de printemps
Pour les variétés de céréales alternatives et les orges de printemps, utilisez la grille céréales ou orge du Gren pour le calcul de la dose à apporter. Face à une variété semée à l’automne qui aura pu absorber quelques unités d’azote pendant l’hiver, les besoins sont majorés de 10 uN pour une variété semée au printemps à même objectif de rendement. Néanmoins, l’objectif de rendement sera souvent inférieur : de 10 % pour une orge de printemps à 30/40 % pour du blé tendre implanté en sortie d’hiver par rapport à un semis d’octobre (source Arvalis).
Pour des doses supérieures à 100 unités, un fractionnement en 2 apports est conseillé :
- 50 unités à la levée ou au semis sous forme organique (lisier, fumier de volaille),
- puis (dose totale - 50 unités) à début à plein tallage.
Pour une dose de moins de 100 unités : apport unique à 2-3 feuilles. Un complément azoté à 1 nœud (30 unités) peut être piloté.
Colza
C’est le moment de mesurer la biomasse sortie d’hiver sur vos colzas : celle-ci permet d’estimer l’azote déjà absorbé pendant l’hiver (65 uN/kg de poids vert au m2) et pourra faire varier fortement la dose d’azote à apporter au printemps. Certaines parcelles sont hétérogènes dans leur développement : les conditions sèches lors des semis ont conduit à des levées échelonnées dans le temps. Les outils de pilotage pourront vous aider à mieux caractériser cette variabilité et ajuster les apports azotés en conséquence.
Épandage des fumiers
Ils sont autorisés avant culture de printemps depuis le 15 janvier (hors protéagineux). Pour être bien valorisés, les fumiers de bovin ou de porc doivent être apportés suffisamment tôt avant les semis de maïs. Les apporter directement sur le couvert permet de bénéficier de la portance du sol. Un seul passage d’outils, de préférence à disques, permet d’enfouir simultanément le fumier et le couvert. L’enfouissement d’effluent ne nécessite pas un travail du sol à une profondeur supérieure à 10 cm.
Cipan : quelle date de destruction optimum pour les couverts ?
À compter du 2 février, il est possible administrativement de détruire les couverts. Mais a-t-on agronomiquement intérêt à le faire le plus vite possible ou a-t-on intérêt à attendre ? Laisser les couverts se développer en février (voire mars ?) peut présenter au moins trois intérêts :
- protéger le sol des pluies érosives plus longtemps (février voire début mars) ;
- augmenter la biomasse qui sera enfouie et ainsi augmenter le flux de carbone (mais aussi les éléments fertilisants) qui retournera au sol ;
- augmenter le nombre de jours disponibles en sol portant pour les épandages de fumiers de type I (dont les fumiers de bovins).
Remarque : en cas de valorisation des couverts (pâturage, Cive…), la date de destruction pourra être beaucoup plus tardive (fin avril voire début mai). Mais attention à l’impact sur la culture suivante !
Mais détruire le couvert le plus tôt possible peut aussi avoir des intérêts comme :
- permettre de semer rapidement une culture de printemps (blé/orge ou légume) ;
- débuter rapidement la minéralisation tôt en saison, ce qui permet à des éléments nutritifs comme l’azote en particulier d’être mis en solution rapidement et favoriser ainsi la culture suivante. Ce processus de dégradation est notamment lié au rapport C/N qui varie selon les espèces et augmente avec l’âge du végétal. La décomposition sera donc d’autant plus lente que le couvert est âgé ;
- faciliter la levée de certaines cultures délicates comme le tournesol ou le sorgho ;
- éviter toute concurrence à l’eau pour la culture qui suit. Ceci est d’autant plus important que la parcelle est peu profonde et est située au sud-est de la Bretagne.
En cas de couvert déjà développé début février, pas la peine d’attendre encore ! En effet, s’ils sont trop développés les résidus ne sont pas toujours faciles à gérer mécaniquement (bourrage, hauteur sous bâti insuffisante. Deux passages de déchaumeur sont parfois nécessaires). Dans tous les cas, il faut viser, comme pour du fumier de bovin, une destruction dans les deux mois précédent le semis de maïs pour que celui-ci puisse bénéficier des restitutions d’azote du couvert.
Reliquats sortie hiver : Prochainement dans Terra, publication des grilles de reliquats sortie hiver
- Céréales et colza : 28/02,
- Maïs : 13/03.
Pilotage de l’azote : Un nouveau service pour les agriculteurs bretons
Adapter au mieux ses apports d’azote au potentiel de l’année, est l’objectif que vous propose le service Mes Sat’Im@ges(1). Grâce à une nouvelle génération d’images satellitaires (Sentinel), cet outil cartographie la biomasse de vos colzas (entrée et sortie hiver) ainsi que l’azote absorbé en fin de cycle pour vos blés. Grâce à ces données, vous pouvez réajuster la dose prévue dans le plan de fumure en fonction du potentiel de vos parcelles afin d’optimiser rendement et protéines dans le respect de la réglementation. L’outil permet de moduler l’apport par zone, selon l’hétérogénéité de la parcelle. Fichiers de modulation fournis pour tout format de console si équipé. À partir de 8 €/ha (tarif de lancement) jusqu’au 15/02. Commandez en ligne sur www.bretagne.synagri.com/ca1/synagri.nsf/pages/mes-sat-images
(1) Lire Terra de la semaine dernière.
CONTACT : Pour plus d’informations, contactez le conseiller agro de votre antenne locale ou Louis-Marie Léopold, 06 30 98 08 10.