Appel à projets micro-méthanisation : les conditions d'éligibilité
Depuis deux ans, le conseil régional de Bretagne et les conseils départementaux ont mis en place, dans le cadre du plan biogaz, un appel à projets micro-méthanisation destiné aux agriculteurs. Il vise notamment à faciliter l’émergence de solutions d’autoconsommation de biogaz à la ferme. Le prochain dépôt des dossiers est attendu pour le 21 juin, ce qui donne l’occasion de faire un point sur ce dispositif peu connu.



Cet appel à projets concerne des unités de méthanisation de petite dimension destinées à valoriser le biogaz dans une chaudière ou en bio-GNV. La technologie utilisée doit être éprouvée et la production maximale de biogaz doit être inférieure à 30 N m3/h. Toute valorisation par cogénération est par contre exclue. Il s’adresse donc à des éleveurs envisageant d’utiliser la production de biogaz pour faire des économies d’énergie et non pour vendre de l’énergie à un tarif préférentiel. Dans le contexte actuel, ce type de projet reste rare car il suppose que les investissements nécessaires restent en proportion des économies d’énergie fossile potentielles sur le site. Toutefois, en prenant en compte tous les avantages connexes, certains éleveurs peuvent y trouver une opportunité de modernisation de leur élevage.
Exemples concrets de micro-méthanisation
Les éleveurs de porcs avec maternité et post sevrage et les éleveurs de veaux peuvent ainsi être intéressés par le procédé de couverture de fosse avec récupération du biogaz produit à température ambiante. Leur besoin d’énergie est assez important et régulier dans l’année, que ce soit pour le chauffage des bâtiments pour les porcs ou la préparation de la buvée pour les veaux. Ils peuvent espérer par ce dispositif à la fois couvrir leur fosse et par conséquent, limiter les émissions gazeuses tout en préservant la valeur fertilisante de leur lisier, et récupérer du biogaz qu’ils peuvent brûler dans une chaudière. La rentabilité est à apprécier au cas par cas mais le procédé Nenufar équipe ainsi déjà une dizaine d’élevages en Bretagne et quatre dossiers de ce type ont été déposés lors de l’appel à projets de décembre 2018.
De même, les éleveurs avec un atelier de transformation laitière à la ferme ne savent souvent pas quoi faire de leur lactosérum. En le méthanisant dans un petit digesteur avec un complément d’effluent, ils peuvent transformer ces déchets en biogaz pour alimenter une chaudière permettant une réduction de leur consommation énergétique et un renforcement de l’autonomie de l’exploitation. La société Enerpro propose d’ores et déjà des unités de ce type et diversifie son offre avec des casiers pour effluents solides. Pour la production de bio-GNV, les conditions de rentabilité à cette échelle sont encore difficiles mais commencent à émerger en lien avec des unités de méthanisation existantes. Tous ces exemples peuvent répondre aux critères de l’appel à projets et bénéficier d’une aide substantielle à l’investissement.
Le montant de l'aide et les conditions de son attribution
L’aide dépend du type de projet et du taux de valorisation énergétique (1). Pour le cas le plus fréquent d’une valorisation en chaudière, elle est de 40 à 50 % avec un plafond d’investissement de 60 000 €. La pertinence des projets est appréciée à travers une grille d’évaluation portant sur cinq critères agro-écologiques : l’autonomie du projet en intrants méthanogènes, le degré de valorisation énergétique, la réduction des engrais minéraux et de la volatilisation de l’azote, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la performance économique. Chaque projet est noté sur 100 et les meilleurs sont retenus dans la limite des enveloppes financières disponibles. Les dossiers de demande sont à déposer auprès de l’association Aile avant le 21 juin 2019.