Ensilage du maïs, c’est parti et bien parti
Avec du maïs dosé à 28 % de MS le 23 août dernier, le Gaec laitier Le Bihan, à Noyal-Muzillac, au sud-est du département du Morbihan, a pris la décision d’ensiler vendredi dernier. Premier chantier de la saison pour la Cuma La liberté qui dispose de son ensileuse et de celle acquise par l’UD Cuma. Rencontre sur le tas !

Sourires. "On est chanceux cette année". Lieu-dit Lanarhan en Noyal-Muzillac, 26°C à 12h48. Dans une demi-heure, le chantier sera achevé et la dernière parcelle récoltée. Dominique Le Bihan s’active passant, avec sa pelle, du haut du tas d’ensilage aux bords, suivant le va et vient du tracteur de tassage qui lui-même cède sa place au balai de livraisons des quatre remorques de la Cuma qui s’enchaînent. "La récolte, c’est le fourrage de base pour l’année. Avec un troupeau comme ça, sans trop de surface, on n’a pas trop droit à l’erreur", pointe-t-il. Au tas, il est prêt à ralentir la cadence du tassage s’il l’estime nécessaire pour "garantir sa conservation" (lire encadré). C’est tout l’enjeu, car l’ensilage "ça sécurise la ration". Le top départ de la récolte n’est donc pas sans conséquence, pour cet éleveur, qui avec Marie-Thé, épouse et associée, et un salarié à mi-temps, font valoir cette ferme de 75 vaches laitières sur 72 hectares, dont 32 de maïs et 34 de prairies.
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"La pluie nous a sauvés"
Cette année, l’inquiétude n’est pas de mise au pied des silos. "Je me suis basé sur deux critères pour déterminer la date d’ensilage. J’ai fait doser le maïs, une variété précoce que j’ai semée le 17 avril dernier, par BCEL Ouest à Berric, il y a une semaine. J’étais alors à 28 points de matière sèche. J’ai croisé cela avec l’article dans Terra (n° 704, pages 20-21 ndlr) sur le point de situation des maïs. Vu la somme des températures qui conditionne le mûrissement, je me suis dit que ce serait pas mal d’ensiler aujourd’hui. Je dois être à 32-33 % de MS. C’est bien et le grain est bien rempli", apprécie l’éleveur qui s’estime, avec bon nombre de collègues morbihannais, "chanceux contrairement à beaucoup de départements. La pluie tombée il y a quinze jours, 70 mm par ici, nous a sauvés. On peut penser que cette année le stock sera bon", estime-t-il au regard du tas. "Peut-être 12-13 tonnes de matière sèche à l’hectare", avance-t-il, prudent. "Je crois que tu minimises, on sera plutôt à 15 ici", lui rétorque le président de la Cuma la Liberté, de Noyal-Muzillac qui compte soixante-dix adhérents dont vingt concernés par la récolte d’ensilage.
On peut penser que cette année, le stock sera bon.
Une moyenne de 120 à 140 euros/ha
Côté planning, "c’est plus tendu avec la météo qu’on a ces dernières années", reconnaît Benoît Nicol, président de la coop d’utilisation de matériel venu prendre la température de ce premier chantier de la saison. "On a réalisé 700 hectares l’an passé, 800 l’année d’avant pour un prix moyen de 114 euros à l’hectare, ensileuse, chauffeur et fuel compris. Avec la 2e ensileuse, ce sera un peu plus cher", prévoit le responsable.
Quatre chauffeurs "formés" se relaient cette année sur l’ensileuse achetée par la Cuma. Un matériel renouvelé tous les quatre ans, "c’est 45 000 euros d’annuité mais on ne perd pas de temps avec des pannes". Les chauffeurs interviennent également sur l’une des deux ensileuses achetées cette année par l’UD Cuma et mise à la disposition de la Cuma durant quinze jours . "Elle partira ensuite dans le nord-est du département à Séglien", décrit Benoît Nicol. Une manière d’optimiser le matériel grâce à l’hétérogénéité des périodes d’ensilage du département. "Et puis, s’il y a de la casse, on a une deuxième machine".
Un plan B non négligeable à une période où chacun souhaite être servi en même temps que ses voisins.
Matière sèche : la doser pour prévoir quand récolter
"Le chantier d’ensilage, ce n’est qu’une journée, mais elle conditionne la ration des laitières de toute l’année", rappelle Marine Futsch, responsable technique fourrage du contrôle laitier. Côté maïs, "on observe une grande diversité de situations", pointait en fin de semaine dernière Arvalis : "Les températures du mois d’août ont été proches de la normale. Avec le retour des pluies, on retrouve un fonctionnement plus normal des plantes. Les dates prévisionnelles de récolte sont légèrement en avance par rapport à la normale". De l’importance donc d’observer et de doser la matière sèche. Pour ce faire, depuis le 23 août à Berric (56) où, sur cinquante analyses, le taux de MS moyen était de 26 %, et jusqu’au 26 septembre au Tréhou (29), BCEL Ouest propose 32 rencontres dédiées à ce dosage pour ses adhérents. Objectif ? "Les aider à prévoir leur date d’ensilage", enchaîne Marine Futsch. Avec de trois plants représentatifs d’une parcelle, "pour autant de parcelles souhaitées", les éleveurs peuvent connaître le taux de matière sèche de leur maïs et prévoir un calendrier de récolte optimum à 32 points de MS. "La maturité avance plus vite que ce que l’on connaissait historiquement, et avec des températures un peu hautes, ça change très vite", met-elle en garde la jeune femme. Est-Morbihan et sud Ille-et-Vilaine, et leurs zones séchantes et précoces, ont donc ouvert le bal avec les premiers ensilages. "Avec la mesure de matière sèche, la date de semis, la précocité de la variété et le type de sol, on peut estimer la date de récolte, c’est plus facile pour prévoir avec l’ETA ou la Cuma, le calendrier du chantier". Trop humide (à 25 %) "on a des pertes de jus et des rendements au silo faibles". Trop sec et "le rendement est supérieur mais pas plus d’UFL (unité fourragère lait)".
Récolter au bon stade est une chose, reste derrière la confection du silo pour optimiser la récolte. "Il faut absolument chasser l’air par tassement pour que la fermentation anaérobie et donc la conservation soit optimum avec un pH de 4", rappelle Marine Futsch. Et pour ce faire, c’est le tasseur sur son tracteur qui donne le la et non l’ensileuse dont les débits de chantier augmentent. Autres recommandations ? "Étaler par couche de 20 cm, tasser à raison de 3 à 4 km/h avec un poids de tracteur de 400 kg/tonne de matière sèche entrant au silo et ne pas oublier d’adapter la taille de hachage au taux de MS et au matériel de reprise".
Toutes les dates des rencontres matière sèche sur www.bcel-ouest.fr/quelle-est-la-date-optimale-de-recolte-des-mais/