La Cuma permet bien plus qu’acheter du matériel en commun !
Certes, l’objectif premier des Cuma reste l’achat en commun de matériel. Mais, au fil des ans, elles ont su se rendre indispensables aussi pour le lien social qu’elles tissent au sein d’un territoire. À Scaër (29), la Cuma du Minez a décidé d’aller encore plus loin en proposant à ses 26 adhérents une activité d’achat groupé de fuel, bâches ensilage, films et filets, produits d’hygiène de traite…

Créée en 1994, la Cuma du Minez, à Scaër, compte 26 adhérents. Embauchant un salarié, elle propose tracteur et matériels pour le travail du sol, le semis, l’épandage, la fenaison, le transport… "Et nous sommes toujours à l’affût de nouvelles idées", indique Pierre Sinquin, son président.
Piocherde bonnes idées
Pour ce faire, les adhérents n’hésitent pas, une fois par an, à partir à la rencontre d’une Cuma innovante. Et c’est ainsi qu’a démarré l’activité achat groupé. "On a commencé par du minéral vaches laitières, en précisant bien qu’on n’attendait pas qu’un prix mais aussi une composition bien précise". La livraison s’effectue en un seul lieu, charge à chaque adhérent de venir le chercher . "Et nous en sommes désormais à 25 tonnes tous les deux mois".
Le succès étant au rendez-vous, la Cuma a peu à peu étendu les achats groupés au GNR, bâches ensilage, films et filets, produits d’hygiène de traite, piquets de clôture en plastique ou en bois, pneus… "Si ça marche, c’est aussi parce qu’on la chance de compter parmi nous un véritable commercial", rajoute Pierre-Yves Fiche. Et c’est François qui se charge de mener les négociations. "Ce qui nous arrange bien, reconnaît avec soulagement le président. Depuis qu’on a mis ça en place, il y a beaucoup moins de commerciaux à passer sur nos exploitations. Et on gagne du temps".
La Cuma a peu à peu étendu les achats groupés au GNR, bâches ensilage, films et filets, produits d’hygiène de traite, piquets de clôture en plastique ou en bois, pneus…
Une fois par mois
Concrètement, les adhérents se retrouvent une fois par mois autour d’un casse-croûte. L’occasion d’échanger en toute convivialité, mais aussi de recenser les attentes et les besoins des uns et des autres. Ainsi, un des adhérents, britannique, leur a indiqué vouloir des abreuvoirs béton. "On n’a pas trouvé en France. Trois ans de rang, on en a fait venir d’Irlande. Certes, il sont un peu plus chers que les bacs en plastique. Mais pour la longévité, y’a pas photo !", s’exclame Pierre Sinquin.
Facturation à l'adhérent
"Les Cuma peuvent acheter et revendre à leurs adhérents jusqu’à l’équivalent de 5 % du chiffre d’affaires", affirme Alain Laurec, le directeur de la FDCuma du Finistère. Un choix que n’a pas fait la Cuma du Minez. "Si la commande est groupée, la facturation est réalisée par le fournisseur pour chaque adhérent, précise Pierre-Yves Fiche. Et nous leur garantissons qu’ils seront payés".
Quel que soit le produit, la Cuma commence toujours pas solliciter les fournisseurs locaux. "Mais certaines entreprises ont refusé de jouer le jeu. Pourtant, la règle est claire : à service identique, que le meilleur gagne !"
Si le nombre de produits proposés en achat groupé ne cesse de grimper, les adhérents ont néanmoins le souhait de ne pas se disperser. "On a essayé l’aliment vaches laitières, se souvient Pierre Sinquin. C’est compliqué". "Le plus simple, c’est le fioul, constate Pierre-Yves Fiche. Chacun communique ses besoins par SMS". "Et l’an dernier, on a gagné 30 €/1 000 l, calcule Pierre Sinquin. C’est loin d’être négligeable". Pour les achats d’engrais, le gain peut être plus variable. "L’an dernier, la différence s’est chiffrée à 100 €/t, et à 20 € seulement cette année".
Pour aller encore plus loin dans la négociation des films d’enrubannage, les achats devraient d’ici peu se faire avec les ETA voisines. "Comme la Cuma ne réalise pas tous les travaux, nous travaillons en bonne intelligence avec elles".
Des achats groupés d'ensileuses
"La FDCuma réalise aussi des achats groupés d’huile et de GNR, rappelle Alain Laurec. Et après avoir négocié un achat groupé d’ensileuses, la fédération des Cuma du Grand Ouest s’apprête à réitérer l’opération avec des télescopiques".
"Quand je vois les gains réalisés, je me dis qu’on se fait bien du gras sur notre dos", résume Roger Violant, administrateur de la FDCuma. Une réflexion qui a poussé quelques Cuma à embaucher un mécano, chargé de réaliser l’entretien des tracteurs des adhérents. "60 €/heure facturé par les concessions, ça commence à faire beaucoup".