L'agriculture, meilleure alliée du développement durable
Géographe et professeur à la Sorbonne, Sylvie Brunel le clame haut et fort : non, les agriculteurs ne sont pas la source de tous les problèmes. Au contraire, ce sont eux qui détiennent bon nombre de solutions !

"Il faut réconcilier le monde agricole et la société". C'est par le biais des crises alimentaires que Sylvie Brunel, géographe, a été amenée à s'interroger sur la situation des agriculteurs français. "Pendant 30 ans, on leur a demandé de produire". Et les solutions d'hier se sont transformées en problèmes d'aujourd'hui. "Au nom des grandes peurs environnementales, les agriculteurs sont devenus des boucs émissaires".
Pourtant, et la géographe le constate lors de ses nombreuses interventions d'un bout à l'autre de la France, "depuis 20 ans, vous avez su répondre au défi de concilier production et environnement", via l'agriculture de précision, la réduction des intrants, la lutte biologique... "En permanence, vous réfléchissez, vous innovez".
Et, alors que l'alimentation n'a jamais été aussi saine, aussi régulière et aussi diversifiée, nombreux sont les agriculteurs qui jettent l'éponge, découragés d'être sans cesse montrés du doigt. "C'est un mauvais calcul, estime Sylvie Brunel. Si, demain, la France se prive de sa paysannerie, c'est 58% du territoire national qui sera laissé à l'abandon, sans parler des emplois dans l'agroalimentaire. Et nous deviendrons de plus en plus dépendants des importations, des fluctuations de prix...".
Mauvais calcul encore car, pour la géographe, ce sont bien les agriculteurs qui sont les meilleurs alliés du développement durable. "Préservation des paysages, capture de CO2, biodiversité, fourniture d'énergie... : ce sont eux qui ont les réponses". La solution ? "Parler d'une seule voix. Et faire savoir ce que vous faites". Car il y a un fossé entre la réalité du monde agricole et de ses pratiques et l'image qu'en a le grand public !
Chantal Pape










