Mon entreprise agricole adaptée au changement climatique
C’est une certitude avec laquelle nous composons chaque année un peu plus…, notre climat change ! Se lancer dans l’agriculture aujourd’hui, c’est envisager une carrière au cours de laquelle il faudra progressivement évoluer avec le changement climatique, à moins de migrer régulièrement plus au Nord ! À quoi allons-nous être confrontés et comment procéder ? Explications

Étape 1
Connaître les évolutions réellement en cours dans ma zone géographique
Il s’agit d’observer l’évolution des variables climatiques : les températures, déjà + 1,7°C en moyenne annuelle en Bretagne dans les terres entre 1960 et 2018 (1) et (3), une augmentation du nombre de jours estivaux (+ 4,6 jours, tous les 10 ans depuis 1960, où la température atteint ou dépasse 25°C à Rennes), une diminution du nombre de jours de gel (- 2,6 jours tous les 10 ans à Rostrenen depuis 1960), plus d’évapotranspiration, des records de températures maximales… La connaissance approfondie de son climat permet de mieux caractériser les évolutions en cours (2).
Comme ressource, on peut aussi s’appuyer sur l’observatoire du changement climatique (ORACLE) lancé en 2019 par la chambre d’agriculture.
Étape 2
Découvrir les perspectives d’évolution du climat et la vitesse d’évolution pour les 10, 20 ou 30 ans à venir
La "machine climatique" étant lancée, on a peu d’incertitudes sur les prolongations des tendances actuelles du climat. Effectivement, quels que soient les efforts réalisés pour le futur pour réduire nos émissions, à court terme, nous subissons les conséquences des gaz à effet de serre qui ont déjà été émis dans le passé.
Les scientifiques ont modélisé ces évolutions climatiques. Nous travaillons à la traduction de ces évolutions en termes agricoles : impact sur les risques d’échaudage des blés, sur la précocité des récoltes, sur les rendements, sur les pressions sanitaires, etc.
À nouveau les ressources sont accessibles dans les publications de l’observatoire ORACLE.
Étape 3
Étudier les conséquences à attendre sur ses cultures et son élevage, pour mieux anticiper
Il s’agit d’identifier les facteurs de vulnérabilité de son exploitation :
- Quelle est ma ressource en eau ?
- Comment se comporte mon troupeau en cas de coup de chaleur ?
- Y-a-t-il suffisamment d’ombrage dans mes prairies ?
- Mes sols sont-ils séchants ?
- Mes cultures sont-elles encore adaptées ?
- Mon système fourrager est-il vulnérable ?
- Etc.
Un accompagnement pour réfléchir à la vulnérabilité au changement climatique peut être envisagé.
Étape 4
Faire un plan díadaptation "court terme" pour faire face aux aléas climatiques
Le changement climatique, en plus de l’élévation des températures, se traduit aussi par une variabilité climatique accrue. Face à cette variabilité, il faut chercher à réduire la vulnérabilité. Plusieurs pistes pour réduire cette vulnérabilité peuvent être explorées, comme la diversification des cultures, l’évolution des troupeaux, la constitution de stocks de fourrages, de réserves d’eau…
Les éleveurs laitiers peuvent participer à la démarche Climalait qui permet d’intégrer les données du changement climatique dans la gestion des fourrages (se renseigner auprès des conseillers lait de la chambre d’agriculture).
Étape 5
Réfléchir, à plus long terme, aux évolutions de son exploitation pour saisir les opportunités climatiques ou esquiver les contraintes
Le changement climatique est souvent vu, à juste titre, comme une menace. Dans certaines zones agro climatiques, il faudra sûrement abandonner les cultures les moins adaptées. Mais de nouvelles opportunités, en termes de filières, vont se dessiner. Ainsi notre équipe agronomie travaille sur le développement des filières de légumineuses locales. Mais des producteurs et des stations expérimentales essayent aussi de nouvelles cultures comme le sorgho, le soja, la vigne …
Se former sur les enjeux du changement climatique devient une nécessité, dès la formation initiale et aussi dans nos groupes de développement agricole.
Notre paysage demain sera assurément modifié par le changement climatique ! Y adapter son exploitation est une nécessité pour exister demain. Un double engagement, d’une part pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et stocker du carbone et d’autre part pour s’adapter aux changements inévitables.