Pour décaler la vente des animaux, il les sort à l’herbe
Éleveur de Limousines à Plourin-les-Morlaix (29), adhérent au label rouge, Didier Le Breton a eu peur que le confinement ne perturbe les circuits commerciaux. Il a donc fait le choix de sortir à l'herbe une partie de ses animaux à l’engrais pour gagner en souplesse. Une stratégie qu’il adopte depuis quelques années déjà et qui lui donne entière satisfaction.

"Le confinement ? Ca n’a pas changé grand-chose à mon quotidien", analyse Didier Le Breton. Éleveur de vaches allaitantes à Plourin-les-Morlaix (29), il dispose d’un troupeau de 70 mères de race limousine et élève également 80 mâles et 70 génisses, sur 115 ha de SAU. "Pourtant, avec la sortie des bêtes à l’herbe et les semis de printemps, c’était une période chargée ! Mais tout s’est bien passé".
Anticiper
Ainsi, à condition d’anticiper un peu plus, en s’y prenant un jour ou deux à l’avance, les livraisons sur la ferme ont eu lieu en temps et en heure. "Et au départ, les échanges avec le technicien se faisaient plutôt par téléphone". Néanmoins, "c’était un peu bizarre", reconnaît l’éleveur dont les parcelles sont situées de part et d’autre du bourg de Plourin-les-Morlaix, qu’il doit traverser pour aller surveiller ses animaux. "J’étais seul sur les routes…".
Pas de stock sur pied
Le label rouge, auquel Didier Le Breton adhère "depuis au moins 15 ou 20 ans", résume bien sa façon d’envisager le métier, "avec des animaux de qualité et un prix plus ou moins garanti". S’il écoule ses mâles en filière classique, via le groupement Coopel bovi, ses génisses de plus de 2 ans et ses vaches de moins de 7 ans prennent le chemin de Blason prestige, le label de la race limousine.
Le confinement ayant dans un premier temps plus ou moins paralysé l’économie, il craint pour ses débouchés. "La demande a un peu diminué, puis elle s’est redressée, affirme l’éleveur, qui est également administrateur du label rouge. Si les GMS ont bien souvent fermé leur rayon traditionnel, les bouchers, eux, se sont adaptés à ce nouveau contexte, en proposant livraisons de commande, drive... et ont vu arriver une nouvelle clientèle. "Et la grille de prix a pu être maintenue, la baisse d’activité des uns ayant été compensée par l’augmentation de la demande des autres". Et aujourd’hui, "il n’y a plus de stock d’animaux en ferme".
Une viande de qualité
"Mais au départ, on ne savait pas combien de temps allait durer le confinement, ni comment allait évoluer la consommation". Pour anticiper d’éventuels problèmes, Didier Le Breton a donc fait le choix de sortir en prairie une partie de ses animaux destinés au label. "Elles engraissent ainsi moins vite. Et ça me donne plus de souplesse". Une stratégie adoptée depuis quelques années déjà et qu’il entend bien poursuivre. "Quand les bêtes ne partent pas, il y a un double manque à gagner : elles continuent à s’alimenter et font du gras, qui sera déprécié à l’abattage. Dehors, elles "viennent" moins vite, ce qui me donne le temps de voir venir. Et avec l’herbe de qualité que nous avions au printemps, la viande est de qualité supérieure".