Pour répondre à la demande, il vend des veaux légers
Producteur de viande bovine bio à Ploemeur (56), Brice Le Cunff travaille avec BVB, Bretagne viande bio. Et c’est pour répondre à une demande en forte croissance qu’il a anticipé la vente de veaux, 10 à 15 jours avant la date initialement prévue.

"Ici, l’exploitation est bio depuis 2000". Producteur de lait jusqu’en 2012, Brice Le Cunff s’est ensuite tourné vers la viande bovine et détient aujourd’hui 55 mères et la suite à Ploemeur (56), sur une SAU de 130 ha. Adhérent de BVB, Bretagne viande bio, dont il est administrateur et membre du directoire depuis trois ans, l’éleveur produit des bœufs et des veaux sous la mère, vend aussi une petite partie de sa production en direct. Et met un point d’honneur à viser l’autonomie sur son exploitation. "Il me manque juste un peu de paille".
Rattraper le retard
"J’ai reçu mes semences à l’heure". Malgré quelques inquiétudes, le confinement n’a finalement pas eu beaucoup d’impact sur son activité. "J’ai juste eu un peu de mal à récupérer des pièces pour réparer du matériel, mais j’ai fini par en avoir en drive".
Brice Le Cunff a mis à profit la période du confinement pour rattraper le retard dû à un hiver pluvieux. Clôtures, déchaumage, épandage de fumier, semis…, ont été menés à bien. "Et on est passés en peu de temps de noyés à sec", , s'inquiète l'éleveur, en jetant un œil sur ses prairies en ce chaud début juin.
Une prime pour inciter les laitiers
À BVB, aussi, la période a été chargée ! "Historiquement, nous travaillons peu avec la RHD, la restauration hors domicile", indique Brice Le Cunff. Et ce qui était un handicap, il y a peu, s’est révélé un formidable atout, une fois la majorité des restaurants fermés pour cause d’épidémie de coronavirus. "Dès la première semaine, la demande de steak haché a flambé". Et de la semaine 12 à la semaine 20, les abattages de vaches laitières ont progressé de 78 % ! "Pour inciter les éleveurs à sortir leurs animaux, nous avons mis en place une prime de 0,10 €/kg pendant 15 jours. Et le fait que Biolait ait demandé à ses adhérents de réduire la production laitière a mis plus de vaches sur le marché". Et les producteurs de lait "ont joué le jeu", permettant à BVB d’honorer toutes les commandes. "Certains magasins Biocoop ont vu leur clientèle progresser de 20 % en quelques jours seulement. Et les zones touristiques ont aussi bien fonctionné, nombre de Parisiens étant venus s’y confiner".
Des prix fixes à l'année
De leur côté, les races allaitantes ont vu progresser les abattages de près de 20 %. "On avait du stock pour répondre à la demande". Le veau a aussi connu une belle progression, en passant, en moyenne, de 12,5 à 17 animaux/semaine. Et c’est pour répondre à la demande que l’éleveur a vendu deux veaux légers. "J’ai avancé leur sortie de 10-15 jours".
Hormis pour une durée brève et uniquement pour les animaux laitiers, les éleveurs n’ont pas profité financièrement de cette embellie. "À BVB, nos prix sont fixes à l’année, avec des compléments de prix pour tenter de gommer les pics d’abattage, les sorties massives d’animaux à l’automne par exemple", détaille Brice Le Cunff. Une politique dictée par le souhait de travailler en partenariat avec le reste des maillons de la filière. Et l’administrateur à BVB d’en profiter pour souligner l’implication de tous au moment du Covid. "Éleveurs, transporteurs, abatteurs, industriels…, toute la chaîne a su répondre présent. Et a tenu !".